Loyers exorbitants, constructions insuffisantes dans le secteur social, casse des cités, vente des HLM, insalubrité, incendies, expulsions racistes… Un logement décent pour tous ! Mobilisation ! Réquisition !

Pour beaucoup de travailleurs, notamment pour les plus pauvres, les précaires, les immigrés, mais aussi, dans certaines agglomérations, pour les classes moyennes, le logement est un problème préoccupant voire dramatique.

Article paru dans l’Egalité n°115

Dans les années 50 à 70, un vaste secteur de logement social avait été construit, notamment dans les communes gérées par la gauche, pour loger la main d’œuvre dont avait alors besoin le patronat à proximité des usines. Il aurait fallu continuer pour répondre aux besoins de la population : construction de logements décents à la place des taudis, réhabilitation…

Mais cela ne cadre pas du tout avec la volonté des classes dirigeantes de faire passer dans le secteur marchand générateur de profits tout ce qui échappe encore à l’emprise des financiers. Alors, on fait sauter les obstacles à la spéculation foncière et immobilière et les loyers explosent dans le privé, mais aussi, par contagion, dans le public. On encourage la construction dans le privé et l’accession à la propriété. Grâce à la décentralisation Mitterand-Defferre de 1982, les maires délivrent les permis de construire ce qui permet à ceux qui ne veulent pas de pauvres dans leur commune de les exclure en toute légalité. La loi SRU (Jospin-Gayssot) de 2000 oblige bien chaque ville à avoir au moins 20% de logements sociaux sous peine d’amende. Mais, tout compte fait, Neuilly (3%), la ville de Sarkozy, préfère payer 152,45 euros par logement manquant que de défigurer par des HLM son image de ghetto de riches. Sous prétexte de  » rénovation urbaine  » et de  » mixité sociale « , on subventionne les villes qui acceptent de détruire au moins une partie de leurs cités. C’est le très démagogue Borloo qui se charge du boulot, 40000 logements rasés par an, avec la complicité plus ou moins honteuse, de maires de gauches, PCF y compris (voir Egalité n°114).

Doit-on parler d’inconséquences ou de double jeu quand, au nom des élus communistes des Hauts-de-Seine, le maire de Gennevilliers s’indigne du sort fait par la droite aux mals logés parisiens ! Lui qui vient de signer avec l’agence nationale pour la rénovation urbaine la démolition de plus de 300 logements sociaux !

Paris, ville sinistrée

Ceci dit, en matière de logement populaire, la droite parisienne, Chirac puis Tibéri, a effectivement laissé se développer une situation catastrophique dont les dramatiques incendies de ces derniers mois sont une conséquence logique (voir l’Egalité n°113). Mais si Delanoë a construit un peu plus qu’eux, s’il a transformé en logements sociaux beaucoup plus d’immeubles préemptés notamment pour y reloger des familles en grande difficulté, les crédits affectés à ces opérations ne sont pas à la hauteur des besoins immenses du prolétariat parisien. Alors les hôtels pour demandeurs d’asile flambent, les centres d’hébergement gérés par Emmaüs flambent, les squats de sans-papiers flambent. Et pour que tous ces immeubles dangereux ne flambent plus, notre brave ministre de l’Intérieur expulse !

Qu’il s’agisse d’un accident, comme sans doute rue du Roi doré, ou d’un acte crapuleux destiné à éliminer plus rapidement d’un quartier rénové le dernier immeuble dégradé qui s’y trouvait, comme on peut le craindre bd Vincent Auriol, est secondaire par rapport au scandale que constitue l’existence en France en 2005 de milliers d’immeubles insalubres et dangereux. Et le sort des « exclus » ne doit pas être dissocié de celui des autres victimes de la crise du logement.

Pour une manifestation nationale

De ce point de vue, on peut se réjouir de l’importante manifestation unitaire du 3 septembre qui a réuni des milliers d’habitants de ces logements à risques et des milliers d’autres franciliens sensibilisés à un titre ou à un autre par la question. Une large manifestation unitaire doit avoir lieu à la mi-octobre, mais il n’est pas sûr du tout que pour celle-ci figure parmi les mots d’ordre communs l’arrêt de la casse des cités.

Une telle manifestation devrait être organisée le même jour dans toutes les villes, pour rassembler tous ceux qui luttent pour des logements décents (militants des associations et partis politiques, mais aussi les habitants et les mal-logés eux-mêmes). Dès aujourd’hui, des collectifs doivent se créer dans les villes où il n’y en a pas encore. Le rôle des collectifs de défense des mal logés doit être plus que jamais l’organisation d’une lutte contre la politique de la bourgeoisie en matière de logement en unissant tous ceux qui la subissent : ceux qui risquent les expulsions, ceux qui n’ont pas de logement décent etc. Réquisitionnons les logements vides !

Par ailleurs, il faut être clair sur le slogan « application de la loi de réquisition ». La loi existe, elle devrait donc être appliquée au même titre que d’autres lois sociales. Mais on ne saurait attendre, même en exigeant que le gouvernement la mette en pratique. La situation est bien trop urgente. C’est en organisant un vaste mouvement de réquisitions qu’on obtiendra un logement décent pour tous. La réquisition a été utilisée par des organisations qui ont ainsi relogé des centaines de familles dont la plupart ont vu ensuite leur situation régularisée sur place ou ailleurs : le Comité des Mal-Logés à la fin des années 80, le DAL (Droit au Logement) ensuite, sur une plus grande échelle mais parfois dans des immeubles indignes qui posaient problème, et différents groupes locaux comme le Comité chômeurs salariés d’Alfortville. Quant aux rares réquisitions légales, effectuées par les pouvoirs publics en application de la fameuse loi, elles ont toujours suivi des réquisitions populaires dont il fallait enrayer à tout prix la multiplication.

Les questions des mal-logés, des expulsions, des démolitions sans véritable relogement sont liées et doivent faire parti des revendications dans les luttes actuelles. Ce qui est sûr et certain, c’est qu’on ne stoppera la politique du gouvernement et des requins de l’immobilier qu’en s’opposant à eux de front et qu’on ne réglera définitivement la crise du logement qu’en renversant le système qui enrichit sur notre dos financiers et promoteurs : le capitalisme.

Par Jacques Capet

  • Pour un logement décent pour tous !
  • Pour une manifestation nationale !
  • Non aux expulsions !
  • Pour des comités réellement démocratiques permettant aux mal logés, aux habitants menacés d’expulsion de mener eux-même leur lutte !
  • Pour la réquisition de tous les logements vides!
  • Pour la nationalisation des HLM, compagnies immobilières etc. !
  • Pour la construction de logements de qualité en fonction des besoins !