Les dernières élections ont été marquées par une défaite cuisante du parti de droite conservatrice traditionnel de la bourgeoisie : « les Républicains ». Totalement discrédité par des années de politique anti-sociale et les scandales dans lesquels ses figures sont englués, LR reste surtout écartelé entre deux pôles : le centre ultra-libéral de Macron, représentant les intérêts des grands capitalistes en particulier des secteurs financiers, et l’extrême-droite ultra-réactionnaire du RN (et Reconquête), représentant les intérêts de la petite-bourgeoise déclassée ou en voie de l’être et les capitalistes des secteurs en recul.
De ce fait, LR n’a rien à proposer de plus que ce que met en œuvre Macron en termes d’attaques contre la classe ouvrière et les couches populaires. Au Parlement, les élu-es LR ne peuvent qu’être un appoint auxiliaire de la minorité macroniste, au même titre que les élu-es RN, permettant de faire passer les attaques sans s’en démarquer.
LR tente de se démarquer en faisant de la surenchère sécuritaire et raciste en se plaçant sur le terrain occupé par le RN, alors que le gouvernement n’est pas en reste de ce point de vue là aussi. C’est la ligne de Ciotti, soutenu par Retailleau, qui a actuellement le contrôle du parti et qui impulse cette orientation. Mais ce courant majoritaire est contesté par une aile plus « Macron-compatible » ou prétendument gaulliste-sociale autour d’Aurélien Pradié.
C’est l’absence complète d’espace politique pour ce parti bourgeois qui causent ces tensions et déterminent le cours de ce parti. Celles-ci peuvent se renforcer si, à l’occasion des futures élections, LR continue sa chute libre politique et sa marginalisation, pouvant aboutir à des départs et des scissions plus profondes encore, voire à des absorptions de certains courants au sein d’autres partis. La satellisation de ce parti bourgeois suit le même cours que celui du PS, avec lequel il avait dominé la vie politique française depuis les années 1970.
Par Yann Venier, article paru dans l’Égalité n° 217