Les conséquences dramatiques des essais nucléaires en polynésie

P2 radiationsColonisée par les gouvernants français à la fin du XIXe siècle comme la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie est devenue une collectivité d’outre mer de la France. Elle est composée de 118 îles dont 76 habitées dans le Pacifique sud (Tahiti est la plus peuplée), et dotée d’une certaine autonomie avec sa propre assemblée et une présidence. Entre autonomistes et indépendantistes au pouvoir à tour de rôle, alternant affaires de corruption, prison et pouvoir, la situation est complexe dans ce pays où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, où les prix des denrées de base sont deux fois plus élevés qu’en France. La population (24 % de chômage) n’en peut plus et de nombreuses luttes sur les conditions de travail sur les docks notamment, sur les retraites, les hôpitaux… se déroulent sans qu’on en sache un mot.

Article publié dans l’Egalité 192

L’État français a utilisé la polynésie pour des essais nucléaire

Après l’indépendance de l’Algérie, de Gaulle, pour rester dans la course, décide de se servir d’atolls dans l’archipel pour les essais nucléaires. De 1966 à 1996, 193 tirs ont été faits sur les atolls de Mururoa et Fangataufa. Silence radio jusqu’en 86 sur ces essais et leurs effets, car les hôpitaux étaient sous l’emprise directe des médecins militaires. En 1996 Chirac les arrête après un dernier essai. Les langues vont se délier un peu : augmentation des cancers de la thyroïde, mais pas que. Il faudra attendre 2010 pour qu’une loi d’indemnisation des victimes très restrictive soit promulguée : 18 cancers reconnus contre une trentaine aux USA, les militaires en priorité. Quelques centaines d’indemnisations
sur des milliers de dossiers déposés.

Une catastrophe humaine et environnementale

Il est impossible de le nier. Les effets criminels des essais sont là : 600 nouveaux cancers par an, des enfants malformés à la naissance. La ministre des Outre-mer dit « assumer l’héritage » : bien sombre héritage ! Vont-ils enfin indemniser toutes les victimes, pas seulement les vétérans (beaucoup sont morts, on est en 2018 !) ? Vont-ils assumer aussi la catastrophe environnementale liée à ces essais ? Mururoa et Fantagataufa sont perdues pour des milliers d’années. Mururoa risque d’être engloutie, car il y a des fissures dues aux explosions. Les retombées radioactives sont aussi sur des îles habitées. La Polynésie est un paradis empoisonné par l’État français capitaliste qui a tué des milliers de personnes et détruit la planète.

Par Marie José Douet