L’économie capitaliste en crise profonde

La pandémie de 2020 a eu l’effet d’une récession mondiale, suivie logiquement d’une reprise lorsque les mesures sanitaires ont été levées. La reprise a été de courte durée, ralentie dès que les achats qui avaient été reportés ont été effectués. Les difficultés liées à la reconstitution des chaînes d’approvisionnement ont été aussi un frein, créant des pénuries et entraînant une inflation sur certains produits.

Par Matthias Louis. Article publié dans L’Egalité n°220

La guerre n’est responsable que de l’inflation de certains produits. Cette dernière est surtout due aux marges des grandes entreprises ! Qui se gavent pour rattraper les pertes causées par la covid et anticipent une nouvelle vague de crise. C’est pourquoi la lutte contre l’inflation par les banques centrales, qui ont augmenté les taux pour les emprunts, n’a eu que peu d’effet, hormis d’augmenter les intérêts des dettes.

La dette mondiale a dépassé les 300 000 milliards soit 300 % du PIB mondial ! Une dette irremboursable. La diminution de l’inflation progressive que l’on voit aujourd’hui est surtout synonyme de la baisse de l’activité économique…

2024 : faible croissance mondiale et encore de l’inflation

Selon les prévisions du FMI, la croissance mondiale va ralentir, passant de 3,0 % en 2023 et 2,7 % en 2024, soit bien moins que la moyenne de 3,8 % (2000–2019). Seul trois pays (l’Inde, l’Arabie Saoudite et la Russie) devraient avoir +2,5 %. Les États-Unis, le Japon et le Brésil devraient stagner. La Chine devrait être freinée par la faiblesse de la demande intérieure et les tensions dans l’immobilier, tombant à 4,6 % en 2024. Les pays émergents devraient reculer légèrement, autour de 4,0 % en 2024. Dans la Zone euro, aucun pays ne voit son activité économique progresser. Les PIB de l’Allemagne, de la France et de l’ensemble de la Zone Euro devraient encore reculer nettement au quatrième trimestre 2023, confirmant le retour officiel de la récession.

Les gouvernements vont être tentés d’aller vers une politique plus austéritaire mais feront face à leur faiblesse politique, au niveau de vie qui s’est considérablement réduit et qui fait baisser la consommation. L’inflation (hors énergie et alimentation) devrait diminuer progressivement à 5,8 % en 2024, et elle ne devrait pas retrouver les 2 % avant 2025 dans la plupart des pays. Ces prévisions restent optimistes car il y a de plus en plus d’instabilité sur les prix avec la multiplication des conflits. Les conflits en cours ont déjà fait doubler les restrictions d’échange de produits de base, ralentissant l’économie mondiale.

Le FMI considère déjà deux blocs, entre ceux qui ont voté pour ou contre l’intervention militaire de la Russie en Ukraine. Il base principalement ses estimations là-dessus, mais les alliances sont beaucoup plus complexes que deux blocs, et bien plus volatiles en fonction des intérêts de chaque pays. Les capitalistes de chaque État sont prêts à se livrer une guerre sans merci, qu’ils chercheront à faire payer aux populations du monde entier… dans ce contexte de lutte de classes intensifié, des révoltes de masse sont à l’ordre du jour.