Depuis quelques années maintenant, le FN veut se présenter comme «changé», il ne serait plus un parti d’extrême-droite raciste et réactionnaire mais un parti de droite «populaire», voire même aux côtés des «travailleurs ». L’image de sa présidente Marine Le Pen est sans cesse brossée dans les médias comme en rupture avec son père, n’hésitant pas
à exclure tel ou tel membre pour un propos qui passerait mal. Qu’en est-il réellement ? Et pourquoi le FN rencontre-t-il un certain succès électoral ?
Les raisons d’un succès
Le FN est apparu au début des années 80, au moment où le gouvernement PS-PCF mettait en place des politiques d’austérité que demandaient les capitalistes. Le PS ayant largement continué dans cette voie, le FN a conservé l’espace ainsi laissé dans les milieux populaires à grand coup de mensonges : la famille Le Pen ultra riche à millions qui partagerait les préoccupations des plus modestes. C’est en fait une posture politicienne, un moyen de se faire élire.
Le Fn défendrait les travailleurs ? non !
Au prix de quelques changements de revendications, notamment sur les retraites, le FN se veut être le porte voix des travailleurs et de leur famille, il n’en est rien en réalité. Dans son programme, le FN reprend désormais à son compte la revendication de la retraite à 60 ans, et il défend une augmentation du SMIC. Il n’y a pas si longtemps, le FN était pour un report de l’âge de départ à 67 ans et contre le principe même d’un salaire minimum garanti. D’ailleurs, il ne défend pas les revendications des travailleurs. Il réclame une uniformisation des régimes ce qui revient à soutenir l’ensemble des politiques de casse des retraites de ces 20 dernières années qui ont vu la grande majorité des retraités perdre leur
niveau de vie.
Le Fn ne serait plussexiste ?
Marine Le Pen n’arrête pas de déclarer qu’elle ne reviendrait pas sur la loi sur le droità l’avortement. Mais elle est contre le remboursement de l’IVG sauf dans les cas «thérapeutiques », ce qui revient à ce que seules les
femmes de milieux aisés puissent recourir à l’IVG. Au contraire du programme du FN à l’époque de son père, Marine Le Pen ne déclare plus qu’une femme doit être incitée à rester à la maison mais c’est par la force de la situation,une majorité de femmes voulant travailler, il paraît difficile d’aller à contre-courant sans en payer un prix électoral.
Un tournant électoraliste
Ayant atteint une sorte de maximum électoral avec la qualification au 2ème tour de la présidentielle
de 2002 de Le Pen père, les mauvais scores ont suivi. La nouvelle direction qui accompagne Marine Le Pen a opéré un tournant opportuniste, allant même jusqu’à adopter des formules ou des revendications que la gauche avait abandonnées. Ainsi, lors des dernières réformes sur les retraites ou sur l’organisation du travail, Le Pen a-t-elle dénoncé la «collusion entre certains syndicats et le patronat pour s’entendre sur le dos des travailleurs», une formule qui bien évidemment comporte
une certaine dose de vérité. La soudaine hostilité aux «grands groupes capitalistes» du Front
National est due à la crise économique : une majorité de la population voit que ces grands
groupes nous surexploitent et accumulent une masse de profit. Le FN accompagne cette
humeur mais ne cherche nullement à s’attaquer à la cause, le capitalisme et sa loi du profit.
Le Fn reste un parti raciste et anti-ouvrier
Malgré sa posture anti-système, le FN n’entend nullement s’attaquer aux capitalistes. Il reste résolument nationaliste et raciste, c’est à dire qu’il cherche à opposer les travailleurs entre eux, au seul bénéfice du système capitaliste. Si les médias peinent à qualifier la politique prônée par le FN de raciste, c’est que le discours «républicain» a banalisé un certain nombre d’idées racistes, souvent sous couvert de «laïcité». Laquelle est devenue le moyen pour le FN de recycler son racisme anti-maghrébin en racisme anti-musulman, pas très éloigné en cela des Valls et autres Coppé. Et sur certains sujets, le FN ne dit plus que ce sont les «grands groupes capitalistes» qui sont responsables de la misère sociale. Par exemple, il dit : «La crise du logement que subissent actuellement les Français résulte de trois causes principales. La première d’entre elles réside dans l’explosion de l’immigration». Des immeubles vétustes, des sociétés HLM privatisées ces dernières années, la spéculation immobilière qui fait grimper les prix en flèche… cela reste secondaire ! S’il y a une crise du logement, c’est la faute de simples travailleurs, étrangers bien évidemment. Les Le Pen qui vivent dans un château à Saint Cloud, riches à millions, n’ont que faire du mal logement, ce qui les intéresse, c’est d’utiliser la crise du logement pour déverser leur propagande raciste. Sur ce terrain, comme sur beaucoup d’autres, le FN sort la carte raciste dès que ses positions en faveur des patrons et des capitalistes se verraient trop. Le FN a adapté certaines formulations aux
changements de la société et à la crise du système capitaliste. Son programme économique ne marque aucune rupture avec ce système ni avec les politiques des gouvernements successifs qui n’ont agit que pour satisfaire les profits d’une infime minorité.