L’inflation bat des records en Turquie avec +36,08 % sur un an, dont 13,6 % sur le seul mois de décembre, selon les chiffres dévoilés début janvier par l’Office national des statistiques (Tüik). La Turquie connaît donc l’inflation la plus élevée depuis 2002, l’année de l’arrivée de l’AKP au pouvoir.
Article paru (en version courte) dans l’Egalité n°208, par Nazim
Ce record s’explique par la politique de crédit très bon marché poursuivie par le Président Erdogan depuis plusieurs années déjà. Ces crédits, endettant gravement les couches les plus précaires, contribuent d’autre part à baisser le pouvoir d’achat de la population par l’inflation et la dévaluation de la monnaie. En effet, la livre turque a perdu 45 % face au dollar et à l’euro depuis le début de l’année, ce qui renchérit les importations qui coûtent cher à la population.
Des files d’attente sont apparues ces derniers mois devant des boulangeries distribuant du pain subventionné par les municipalités d’opposition à Istanbul et Ankara.
Face à ce désastre économique, Erdogan dilapide les réserves du pays, en assurant notamment certains comptes épargnes contre le risque de dévaluation. Mais cette mesure n’a pu suspendre la chute de la livre turque que quelques jours.
D’un autre côté, un racisme terrible sévit sur l’ensemble de la population. Les mouvements violents et racistes à l’encontre des travailleurs syriens et kurdes sont vivement encouragés et soutenus par les partis mafio-politiques que sont l’AKP et le MHP et leurs adhérents. Les travailleurs syriens voient leurs commerces détruit, leurs enfants tués par la police, tout ça en vivant dans des conditions d’extrême précarité.
Les partis d’opposition, quant à eux, se voient systématiquement réprimés par le gouvernement AKP. Récemment, le tueur de la militante HDP Deniz Poyraz (sauvagement assassinés dans les locaux du HDP) a été relâché puis remis en garde à vue suite à la vague d’indignation sur les réseaux sociaux.
La Turquie est une bombe à retardement. La situation peut être renversée du jour au lendemain. Mais pour que cette colère qui existe dans la population, chez les travailleurs comme les étudiants, les femmes, les populations opprimées, se transforme en une lutte organisée, les partis politiques et mouvements de gauche doivent militer auprès de ces couches-là : sur les lieux de travail, lycées, facultés, dans les quartiers populaires… afin d’organiser la lutte et de renverser le régime d’Erdogan.
Les principaux partis d’opposition et partis de gauche du pays (TIP, HDP, TKP..) doivent se saisir de la situation d’exploitation et de précarité extrême de la population afin de lutter contre la dictature d’Erdogan. Si la situation perdure jusqu’à la campagne présidentielle en 2023, il faut que la lutte soit menée sur la base économique ; les bas salaires et la baisse du niveau de vie, afin notamment de regrouper les travailleurs, aujourd’hui divisés, sur la question fondamentale des salaires et conditions de travail.
Seule une lutte organisée et unie, unissant les travailleurs/étudiants dans leur ensemble sans distinction de religion, d’origine, de couleur pourra permettre de faire un pas de plus vers le socialisme et de renverser le capitalisme et ses pantins de dictateurs.