La nature dégradée par l’homme ou par le mode de production capitaliste?

Depuis plusieurs années, on assiste à une multiplication des alarmes sur la dégradation de l’environnement. A grand renfort d’annonces, les sommets (coûteux) rassemblent des milliers de spécialistes, les chefs d’Etat… le tout à grand renfort d’avions spéciaux et polluants. En France, on a eu droit à un «Grenelle» de l’environnement. Aux Etats-Unis, l’administration Obama nous a servi la thèse des «emplois verts» pour dynamiser la croissance. C’était avant la catastrophe pétrolière du Golfe du Mexique. Depuis, c’est une autre musique.

Une «urgence» récente ?

Toute une série de «spécialistes», de journalistes, de politiciens, etc. se sont donc transformés en grands défenseurs de la nature, poussant sans cesse des cris d’alarme: la planète est en danger, le réchauffement climatique menace l’espèce humaine etc.

L’écologie est devenu un excellent moyen d’arriver aux affaires politiques ou économiques. Ce recyclage est d’autant plus massif que pour les capitalistes, il y a là de nouveaux marchés. Et pour beaucoup, s’ériger en grand défenseur de la nature est un job très bien payé: émissions de télévision, sponsors, réceptions officielles…

Ce qu’il y a de pratique dans ce phénomène, c’est l’accusation de l’Homme en lui-même. Soit il est présenté comme une sorte de corps étranger à la nature, soit il est désigné comme responsable de tout cela, quelle que soit la position qu’il occupe dans la société. Cette approche populiste satisfait évidemment gouvernements et grands patrons qui se trouvent ainsi à égalité de responsabilités avec le simple travailleur.

Et là où le phénomène est encore plus pratique, c’est que seule la forme du mode de production est critiquée, et jamais le fond. Une aubaine pour les capitalistes qui peuvent ainsi faire de toutes ces préoccupations un nouveau marché sans jamais changer la structure fondamentale de l’économie.

Pourtant, face aux conséquences probables pour une partie de la population de la dégradation de l’environnement, une taxe ou des normes gouvernementales ne vont pas changer les choses. Le système capitaliste est basé sur l’exploitation en but de faire du profit: exploitation des travailleurs, et également exploitation des ressources naturelles au moindre coût possible pour les rendre les plus rentables possibles. Déjà, dans les années 1840, le cofondateur du marxisme, Friedich Engels décrivait comment l’industrie textile détruisait la santé des travailleurs et l’environnement.

Mythes et réalité

La Terre est en mouvement. Dans l’espace mais aussi dans sa structure. La nature se modifie sans cesse et évolue. La question est celle du rythme. A l’échelle de l’existence de l’espèce humaine, il y a un semblant d’équilibre. A l’échelle d’espèce ayant des millions d’années d’existence, il y a une transformation. Certaines espèces ont disparu, d’autres sont apparues. Mais les modifications, et notamment celle de l’atmosphère, ne se sont jamais faites à un tel rythme. Et c’est là que réside la principale inquiétude, largement fondée, de toutes les personnes, militantes ou pas, qui se préoccupent réellement de la dégradation de l’environnement et/ou en subissent les conséquences.

Il n’est pas facile, au milieu du fouillis de déclarations alarmantes et de fausses analyses scientifiques destinées à justifier telle ou telle mesure, d’établir les « preuves » du réchauffement climatique.

Ce qui est sûr, c’est par exemple que la concentration en CO2 dans l’atmosphère est en augmentation constante et rapide : de plus de 30% depuis la moitié du 19ème siècle. Ceci a été établi par l’analyse des glaces de l’antarctique qui emprisonnent à chaque époque donnée un échantillon de l’atmosphère terrestre. Cette hausse est due certainement dans une large mesure à l’activité industrielle sans cependant pouvoir dire dans quelle proportion ni établir l’impact de cela sur le réchauffement de l’atmosphère. Il y a effectivement une hausse de la température moyenne sur terre depuis un siècle et demi (d’environ 0,8°) mais ce phénomène n’a pas été constant et ce n’est que depuis les années 70 que cette hausse s’est accélérée de manière constante.

Néanmoins, certains facteurs ne dépendent pas de l’activité humaine; ainsi le 20ème siècle a également connu une hausse de l’activité éruptive du soleil.

On a également une accélération de la hausse du niveau des mers depuis le début des années 70. La hausse du niveau des mers est un phénomène normal pour la période interglaciaire dans laquelle nous nous trouvons, mais l’accélération soudaine de ces deux dernières décennies peut très bien elle aussi être liée à un réchauffement atmosphérique.

Enfin, toute une série de phénomènes (hausse de la gravité des ouragans, fonte des glaciers…) laissent penser également que l’atmosphère se modifie plus rapidement que dans les siècles précédents.

Des exemples plus éloquents encore

Même sans pouvoir trancher ce débat sur le rapport entre l’activité humaine et le réchauffement climatique, les exemples sont nombreux de l’incompatibilité du capitalisme avec la protection de l’environnement. Et contrairement à ce qui fait le fond de commerce des écologistes «officiels» ce ne sont pas des normes gouvernementales, des taxes ou des chartes qui obligeront les capitalistes à changer leur mode de production. A tel point que pour faire le maximum de profits dans un minimum de temps, ils peuvent eux même se placer dans une situation de perdre beaucoup. L’exemple récent le plus frappant et le plus révoltant est bien évidemment la catastrophe causée par British Petroleum dans le golfe du Mexique.

L’assouplissement de la législation de protection de l’environnement décidée par les Etats-Unis n’est pas la seule responsable. Ce qui est vraiment à l’origine de la pire marée noire de l’histoire, menaçant des centaines de km de côtes, la faune, la flore, l’activité de milliers de travailleurs… c’est cette course au profit qui a fait que BP a foré à des profondeurs où aucune technologie ne peut pour le moment réparer un accident comme l’explosion du conduit de forage.

BP avait en plus minimisé la sécurité (vannes de secours non installées, refus d’arrêter le pompage alors que des éléments, comme une hausse de la pression dans le conduit, indiquaient qu’une explosion allait se produire). On sait depuis aussi que BP a menti sur la quantité exacte de pétrole qui s’échappe chaque jour du puits, qui semble être de plus de 40 000 barils par jour (soit plus de 6 millions de litres de pétrole). Le coût dépasse largement les 2 milliards d’euros pour BP et bien plus pour les fonds publics. BP fait de l’agitation médiatique en permanence sachant qu’en fait ils n’ont pas de vraie solution (sauf peut être un deuxième forage qui ne sera possible qu’au mois d’août, 4 mois après le début de la catastrophe et en pleine saison des ouragans) et qu’il est possible que le pétrole continue de s’échapper pendant encore longtemps.

Comble du cynisme, une très modeste tentative d’imposer une suspension des forages en mer pour 6 mois a été refusée par la justice états-unienne à la demande de 32 compagnies pétrolières.

Pas de solution à la question environnementale dans le cadre du capitalisme

Le capitalisme ne s’intéresse aux questions que s’il existe un marché et un moyen de faire des profits. Les éoliennes, les panneaux solaires… ne sont pas fabriqués pour préserver l’environnement mais parce que c’est un marché, qui plus est subventionné par l’argent public. Ces sources d’énergie officiellement plus «vertes» ne règlent pas d’ailleurs le problème de fond.

Les capitalistes ne laisseront jamais des normes environnementales rogner sur leurs profits sauf sous la pression de mobilisation de masse des travailleurs et de la population. D’ailleurs, c’est avant tout les travailleurs sur leur lieu de travail qui subissent les premiers effets de la pollution : depuis l’amiante jusqu’aux poussières et aux gaz toxiques.

Et les normes ne suffiraient pas. Les capitalistes essaient de les remettre en cause de mille et une manière, légales ou non, quitte à transférer les parties les plus polluantes dans d’autres pays, tout comme ils essaient de remettre en cause toute législation sociale entravant leurs profits.

Ce n’est que si les travailleurs prennent le contrôle de l’économie, en l’organisant pour la satisfaction des besoins de tous, que pourra réellement être réorganisée la production de manière à préserver l’environnement. Seul le socialisme, par la nationalisation des principaux moyens de production, de transport et de distribution sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs et de la population, pourra ainsi en finir avec cette course aux profits qui détruit les vies et le cadre de vie des travailleurs et des couches populaires.

Il y a urgence, car avec la crise et l’intensification de la concurrence entre les capitalistes, le paramètre environnemental va être toujours plus ignoré pour permettre un taux de profit satisfaisant. Et les écologistes «officiels» pourront continuer d’en faire leur fond de commerce mais la catastrophe continuera.

Article par ALEX ROUILLARD