Journée internationale de lutte pour le droit femmes – Les luttes des femmes en temps de Covid, de guerre et de crise capitaliste

Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) adresse ses salutations les plus sincères aux femmes travailleuses et pauvres de tous les pays à l’occasion de la journée internationale de lutte pour le droit des femmes.

Cette journée spéciale dans le calendrier des socialistes, établie par les pionniers de notre mouvement, survient à un moment de crises croissantes à l’échelle mondiale. L’échec catastrophique du capitalisme à contrôler la pandémie mortelle de Covid a été suivi d’une inflation galopante qui frappe le plus durement les travailleurs et les pauvres. Et maintenant, l’horreur absolue de la guerre dévastatrice en Ukraine !

Le jeudi 2 mars, Lyudmila, une enseignante de 45 ans, s’est entretenue par téléphone avec le CIO. Elle se trouvait dans une cave à Kharkiv – la deuxième ville d’Ukraine – assiégée par les forces russes. Elle implorait de l’aide et décrivait les conditions cauchemardesques auxquelles elle et ses parents âgés étaient confrontés. Dans le sous-sol qu’ils partagent avec 27 autres personnes, il n’y a pas de toilettes et quelques chiffons pour se laver. Ils étaient terrifiés et ne savaient pas s’ils allaient survivre un jour de plus.

Le lendemain matin, 3 mars, Lyudmila a envoyé un SMS : « … Les obus pleuvent constamment sur nous. Nous sommes tous encore assis dans le sous-sol, sans regarder dehors. C’est vraiment terrifiant ! Des milliers de personnes à la gare. Tous essaient de s’enfuir. Mais vous devez d’abord vous rendre à la gare, avec des tirs constants. Dans les magasins, il n’y a déjà plus rien. Des bénévoles apportent du pain. Les pharmacies n’ont plus de médicaments pour les gens qui ont des problèmes cardiaques. C’est effrayant même de mettre son visage dans la rue. Il faut un cessez-le-feu et la fin de la guerre. Il doit sûrement y avoir encore des leviers d’influence qui peuvent être actionnés contre cette folie. Arrêtez ça, je vous en supplie ! Des gens pacifiques meurent pour rien ! Immense gratitude à vous pour avoir pensé à nous ! »

Le capitalisme, c’est la guerre

Bien sûr, en tant que militants socialistes, nous déplorons cette guerre. Nous demandons qu’elle prenne fin immédiatement et que toutes les forces russes soient retirées. Nous n’apportons aucun soutien aux machines de guerre et aux alliances militaires construites par les gouvernements capitalistes. Tout en s’insurgeant contre les oligarques russes, aucun de ces gouvernements n’a bougé contre les très riches capitalistes de leur propre pays.

Ce cauchemar survient à un moment où, dans le monde entier, la vie de millions de personnes a été dévastée par la pandémie de Covid. Les travailleurs et les agriculteurs pauvres ont connu des difficultés croissantes. La vie des femmes est devenue insupportable. Pourtant, les dix hommes les plus riches du monde ont doublé leur immense fortune. Ils doivent chaque dollar de leur richesse au travail des ouvriers, sur la terre et dans les usines.

Nous voulons mettre fin à la guerre et à l’exploitation. Nous luttons pour organiser les travailleurs en syndicats et en partis qui en finiront avec la propriété privée des banques et des grandes entreprises – dans nos propres pays et à l’échelle internationale. Nous sommes pour la propriété publique et la planification démocratique, gérée et contrôlée par des représentants élus.

Comme toujours, pendant les guerres, comme lors des catastrophes naturelles et des famines, ce sont les femmes avec leurs enfants qui sont les plus vulnérables et constituent la majorité des réfugiés. Mais les femmes sont aussi dans les rues des villes assiégées d’Ukraine, se préparant à combattre, les armes à la main. Elles ont été vues en train d’appeler les soldats russes – dont beaucoup sont de simples conscrits – à se ranger de leur côté.

Les femmes en Russie souffriront également – les mères, les tantes et les sœurs des conscrits qui ont été envoyés en Ukraine. Elles redoutent de ne plus jamais les revoir vivants. De nombreuses femmes – jeunes et moins jeunes – se joignent aux manifestations de masse organisées dans toute la Russie contre la guerre menée par Poutine et demandent de plus en plus souvent sa démission. Tous les ménages de la classe ouvrière sont touchés par la flambée des prix et les pénuries de nourriture et de carburant.

Finlande

Les militants révolutionnaires de la Finlande ont rejoint les manifestations contre la guerre de Poutine. On craint une attaque de l’autre côté de la frontière commune et une augmentation du soutien à l’idée de rejoindre l’alliance militaire capitaliste, l’OTAN.

Un correspondant du CIO en Finlande écrit : « La presse du monde entier a salué les partis gouvernementaux finlandais pour avoir tous été dirigés par des femmes. Mais 2021 a montré une fois de plus comment ces dirigeants sont avant tout des serviteurs loyaux de la classe dirigeante. Le pourcentage de femmes cadres a peut-être augmenté, mais l’écart de rémunération entre les sexes est resté globalement stable.

« Au cours des confinements continus et des restrictions de l’activité publique, le harcèlement des femmes et la violence à leur égard ont à nouveau augmenté. Les pertes d’emploi ont également touché les femmes le plus durement, en particulier les femmes immigrées.

« Le gouvernement du Premier ministre Sanna Marin s’est empressé de débattre de l’entrée de la Finlande dans l’alliance militaire, l’OTAN, tout en reportant d’une année supplémentaire des questions bénéficiant d’un fort soutien populaire. Il y avait la proposition d’élargir la définition du viol (dans le but de défendre plus de femmes contre la violence des hommes) et la réforme promise concernant les droits des personnes transgenres.

« Avec l’augmentation des dépenses militaires, l’apparente guerre du capitalisme finlandais contre les femmes va ouvrir un nouveau front. Si le gouvernement donne suite à un rapport interpartis datant de 2021, le rôle des femmes dans les forces armées finlandaises, essentiellement composées de conscrits, devrait augmenter considérablement. »

Camarades du Sindh Worker’s Alliance [Alliance ouvrière du Sindh], lors de la manifestation du 8 mars 2022

Asie

Alors que les manifestations dans les rues contre la guerre en Ukraine se multiplient à travers le monde, la tradition des femmes de la classe ouvrière célébrant leur journée de solidarité internationale et manifestant le 8 mars n’a pas été totalement perdue.

Les forces qui entourent le CIO au Pakistan sont engagées dans la syndicalisation des travailleuses de la santé et des travailleuses domestiques ou « femmes de chambre ». Elles organisent une marche pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes – une initiative indépendante, de la part du CIO Sindh (région du Pakistan) – avec des drapeaux du CIO en tête de cortège. Les revendications ont été élaborées lors d’une réunion le 5 mars des principales camarades féminines qui ont discuté des nombreux problèmes affectant les femmes travailleuses et pauvres et ont élaboré les revendications à présenter lors de la manifestation.

Le CIO au Sri Lanka a toujours considéré le 8 mars comme une date importante dans le calendrier du mouvement ouvrier. Mais ici, comme ailleurs, de lourdes restrictions sur l’activité publique ont sévèrement limité les activités de campagne.

Srinath Perera, du United Socialist Party (Parti Socialiste Uni, CIO au Sri Lanka), écrit : « Les femmes du Sri Lanka sont la section de la société la plus gravement touchée ces derniers temps par l’impact de la pandémie de Covid 19. Celles qui sont employées à l’étranger au Moyen-Orient, celles qui travaillent dans le secteur des plantations et les ouvrières de l’industrie de l’habillement, qui soutiennent toutes l’économie du pays dans un sens très réel, ont été abandonnées par l’inaction et l’apathie du régime et laissées à l’exploitation d’employeurs sans scrupules.

Un grand nombre de travailleuses à l’étranger, principalement des femmes de ménage de familles riches, ont souvent été sommairement licenciées par leurs patrons sous couvert de la pandémie. De nombreuses vidéos ont été diffusées sur les chaînes de télévision montrant beaucoup de ces femmes pleurant et suppliant le gouvernement sri-lankais de les ramener au Sri Lanka sans délai. Ces femmes ayant été expulsées par leurs employeurs, elles n’avaient pas d’abri convenable ni même assez d’argent pour subvenir à leurs besoins essentiels. Certaines d’entre elles ont été contraintes de mendier dans les rues et même de se prostituer. Le régime du président Gotabhaya Rajapaksha a mis beaucoup de temps à obtenir leur rapatriement et n’a été incité à agir qu’en raison de la colère croissante de l’opinion publique.

Les travailleuses des plantations et de l’industrie de l’habillement ont également été exploitées par les patrons. Dans les plantations, elles ont été obligées de travailler au plus fort de la pandémie sans bénéficier d’aucun service de santé et sans que des précautions soient prises. Les travailleuses de l’habillement ont également été contraintes de venir travailler et les installations sanitaires qui leur étaient fournies étaient minimales. C’est à partir d’elles que la deuxième vague de Covid 19 s’est réellement propagée.

Comme partout ailleurs dans le monde, les femmes ont généralement dû supporter une grande partie des charges supplémentaires liées au ménage pendant l’épidémie. Les hommes et les enfants étant restés à la maison, les femmes ont dû assumer un surcroît de travail en matière de cuisine, de lavage, de nettoyage et de soins aux enfants. Dans le même temps, les nerfs étant à vif, les rapports de police indiquent qu’elles ont dû supporter des niveaux accrus de violence domestique de la part de leurs maris et partenaires.

En Inde, comme l’écrit Rashme Madhavan, « la condition des femmes qui travaillent a toujours été pénible. Ce vaste pays, avec ses vestiges de régime féodal, a toujours essayé de maintenir les femmes dans leurs tâches traditionnelles. Elles doivent travailler plus dur que leurs homologues masculins, simplement pour conserver ce qu’elles ont – un emploi, une position. »

La pandémie de Covid a eu ses pires effets sur les conditions de travail dans le monde entier. Comme la New Socialist Alternative (Nouvelle Alternative Socialiste, section indienne du CIO) en a discuté à maintes reprises, le régime de Modi a profité de l’occasion pour apporter des changements draconiens au code du travail. Il a sans aucun doute poussé les travailleuses dans une condition sous-humaine. Une grande partie de l’énorme population de travailleurs en Inde n’est pas organisée et les femmes de ces secteurs ont payé le prix de la mauvaise gestion du gouvernement et de la cupidité capitaliste.

L’aggravation des conditions de travail, la crise économique, l’inflation, les réductions de salaire, etc. ont eu pour conséquence de priver les enfants de services éducatifs – la majorité d’entre eux étant des filles. Une étude récente montre que, tout au long de la pandémie, la majorité des adolescentes des bidonvilles urbains ont été privées des services de santé et d’éducation de base. « Beaucoup n’ont pas les moyens d’assister aux cours en ligne, et celles qui bénéficiaient du programme de repas de midi souffrent désormais de malnutrition ».

Une autre attaque contre les femmes a été l’interdiction du port du hijab dans les salles de classe au Karnataka. La position de l’administration des collèges a créé une controverse. Les terroristes « safran » (hindous pro-gouvernementaux) ont saisi cette occasion pour attaquer les femmes de la communauté musulmane. Nous avons toujours soutenu le droit des femmes à choisir leurs propres vêtements. Mais il s’agit également d’une attaque contre le droit à l’éducation des femmes musulmanes.

La société capitaliste et l’autoritarisme religieux détruisent la vie des femmes de toutes les générations. Elles se sont montrées capables de batailles héroïques pour leurs droits dans le passé et le feront à nouveau.

Les droits des femmes

Une partie fondamentale du programme de toutes les sections du Comité pour une Internationale Ouvrière a été le droit de toutes les femmes de choisir si et quand elles veulent avoir des enfants.

Cela ne signifie pas seulement le droit à une contraception, à un avortement et à un traitement de la fertilité gratuits et sûrs. C’est-à-dire des salaires adéquats – égaux pour les femmes et les hommes, des services sociaux et de santé gratuits, et une éducation gratuite pour tous à tout âge. Cela signifie aussi qu’un programme de construction de logements en masse n’est possible que par la nationalisation, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs, des entreprises de construction et des terrains.

Un article paru dans The Socialist – l’hebdomadaire du Socialist Party England & Wales (Parti Socialiste d’Angleterre et du Pays de Galles, CIO) – à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour le droit des femmes, explique plus en détail comment les femmes sont particulièrement touchées par les réductions des dépenses des gouvernements locaux et nationaux et comment lutter contre ces réductions [https://www.socialistparty.org.uk/articles/92033/02-03-2022/international-womens-day-build-a-working-class-political-alternative-to-inequality-oppression-and-austerity/ article en anglais].

Angelika Teweleit de Sozialistische Organisation Solidaritaet (SOL, le CIO en Allemagne) décrit comment le confinement a fait reculer la position des femmes qui travaillent.

Une étude du WSI (un institut socio-économique) montre qu’en janvier 2022, une femme sur cinq ayant des enfants a réduit son temps de travail afin de s’en occuper. Ce n’est qu’en 2020, au plus fort du premier confinement, qu’elles avaient été aussi nombreuses – malgré l’ouverture des écoles et des jardins d’enfants. Cela s’expliquait par le nombre élevé d’infections.

Soixante pour cent des femmes ont également déclaré qu’elles assument la charge principale des travaux ménagers et de l’éducation des enfants. L’étude indique que ce chiffre est beaucoup plus élevé qu’avant la pandémie. Elle ne donne pas de chiffre exact, mais elle indique qu’au début de la pandémie, les pères étaient plus nombreux à réduire leur temps de travail pour rester à la maison. Aujourd’hui, ce sont principalement les femmes, probablement en raison de l’écart de revenus d’environ 20 %.

Selon le journal Süddeutsche Zeitung, « les anciens modèles de rôle que l’on croyait dépassés reviennent en force ». Alors que les travailleurs, hommes et femmes, déclarent que les conditions de travail et de vie se sont détériorées, le nombre de femmes affirmant cela est le plus élevé.

En général, le nombre de travailleurs qui s’inquiètent de leur situation financière est en augmentation. Il y a une forte inflation des prix de l’énergie, mais aussi, de plus en plus, des prix des denrées alimentaires (on s’attend à une augmentation de 7 % au cours des prochains mois). Cela signifie que les personnes à faibles revenus sont les plus touchées. Les femmes seront encore plus durement touchées. En Allemagne, 43 % des parents isolés sont déjà menacés de pauvreté réelle et 88 % d’entre eux sont des femmes. Mais pour les femmes qui vivent en couple, la question de l’indépendance économique devient encore plus problématique, surtout dans le contexte de la hausse constante des loyers des appartements.

Sur une note positive, le magazine Spiegel rapporte un sondage réalisé auprès de jeunes, âgés de 16 à 29 ans, qui perdent la foi en une économie sociale de marché : 58 % d’entre eux déclarent qu’une économie sociale de marché ne fonctionne pas ou n’est « pas réelle ». Parmi eux, deux tiers sont des jeunes femmes. Moins de la moitié de cette tranche d’âge pense que le capitalisme est un bon système, dont seulement 39% des jeunes femmes sont de cet avis.

La Journée internationale des femmes travailleuses a été lancée par des femmes socialistes en Allemagne au début du siècle dernier. Ce 8 mars, des grèves d’avertissement spéciales seront organisées dans tout le pays pour les travailleuses des crèches et des services sociaux, afin de réclamer des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail. Les femmes représentent 80 % de cette main-d’œuvre ; dans les jardins d’enfants, ce pourcentage atteint 95 %, selon leur syndicat « ver.di ». Elles se joindront aux manifestations organisées pour ce mardi 8 mars.

Une autre menace de grève a été annoncée dans un certain nombre d’hôpitaux dans leur lutte pour de meilleures conditions de travail. Celles-ci étaient mauvaises avant la pandémie mais se sont complètement détériorées aujourd’hui.

SOL soutiendra ces grèves, en soulignant la nécessité d’une lutte généralisée. Nous appelons à des investissements massifs dans l’éducation, dans le système de santé, et plus généralement dans le secteur public. Nous plaidons pour le dépassement du capitalisme, seul moyen d’offrir aux femmes qui travaillent ce dont elles ont besoin pour mener une vie décente et accéder à l’indépendance économique. C’est une condition préalable pour vivre une vie sans discrimination ni répression. C’est également le seul moyen d’assurer un avenir adéquat à la prochaine génération.

France

Virginie Pregny de la Gauche Révolutionnaire rappelle que Macron a déclaré que la lutte contre les inégalités de genre serait « une grande cause » de son quinquennat. Cependant, toute sa politique pro-business a signifié exactement le contraire pour toutes les travailleuses.

Alors que le gouvernement parle de la violence à l’égard des femmes et des inégalités entre les sexes (et a organisé un débat national sur la question), les budgets consacrés aux refuges, aux soins de santé, à la justice et à l’éducation ont tous été réduits. Dans leur plan de réduction des droits des travailleurs, ils ont supprimé les comités de santé et de sécurité au travail où les syndicats pouvaient se plaindre de tous les problèmes liés aux conditions de travail et aux risques psychosociaux. Les budgets alloués à l’inspection du travail ont également été réduits. Il est désormais plus difficile de dénoncer le harcèlement et les agressions sexistes sur le lieu de travail.

La pandémie a montré combien la société compte sur les travailleuses. Dans les secteurs de la santé, de l’aide sociale et de l’éducation, les femmes sont majoritaires, mais leurs salaires et leurs conditions de travail n’ont pas été améliorés sous le gouvernement Macron, bien au contraire.

Ce sont les travailleuses qui ont été à l’avant-garde des luttes au cours de la dernière période, car elles occupent principalement des emplois précaires et mal rémunérés. Les grèves audacieuses des travailleurs et travailleuses dans les écoles qui accompagnent les élèves handicapés ont mis en lumière leurs salaires et conditions de travail scandaleux. Elles travaillent pour la plupart à temps partiel et gagnent en moyenne 760 euros par mois.

Cette année, les principaux syndicats ont appelé tous les travailleurs à participer à une « grève féministe » le 8 mars pour obtenir la satisfaction de nos revendications en matière de salaires, de services publics, de soins de santé gratuits, etc. Cela donne à cette journée un aspect plus militant. Lutter pour la satisfaction des revendications salariales des travailleuses sert à construire l’unité de notre classe sociale – des travailleurs, contre les exploiteurs.

Amérique du Nord et du Sud

Claire Bayler, du Independant Socialist Group (Groupe Socialiste Indépendant, CIO aux États-Unis), écrit : « En cette Journée internationale de lutte pour le droit des femmes – le 8 mars 2022 – Trump est sorti et Biden est entré [à la Maison Blanche, NdT] ! Mais les conditions de vie des femmes aux États-Unis se sont vraiment effondrées au cours des deux dernières années. Trois millions et demi d’entre elles ont été contraintes de quitter leur emploi pendant la pandémie parce qu’elles s’occupaient d’enfants à la maison ou de membres de la famille malades. L’interdiction de l’avortement au Texas indique une nouvelle vague d’attaques contre les droits des femmes. »

« Aucune des revendications du mouvement des femmes – la fin de la violence sexiste, le droit de choisir, la fin de l’écart salarial, ou des services de garde d’enfants abordables, etc. – ne sera gagnée sans un mouvement de masse bien organisé qui retourne dans la rue. »

De grandes batailles pour les droits des femmes ont eu lieu ces derniers temps en Amérique latine. Cette année a vu une avancée majeure pour le droit à l’avortement en Colombie et des luttes similaires sur tout le continent. Pamela Meza, de Socialismo Revolucionario (Socialisme révolutionnaire, CIO au Chili), écrit sur les problèmes particuliers de violence et de discrimination à l’égard des travailleuses.

« Malgré les progrès des droits des femmes au travail, la discrimination, les mauvais traitements et l’inégalité persistent. Les contrats à durée déterminée sont plus fréquents pour les femmes que pour les hommes et il existe toujours un écart de rémunération important en défaveur des femmes.

« Les contrats précaires (à durée déterminée) sont bien sûr associés à l’instabilité de l’emploi et à la peur du licenciement, ce qui augmente la tolérance à l’injustice et aux mauvais traitements et réduit la capacité à faire face. En outre, un pourcentage important de travailleuses sont chefs de famille et, sans l’existence d’une organisation syndicale forte pouvant les défendre, la peur de perdre leur emploi fait qu’elles tolèrent elles-mêmes les mauvais traitements plus que les hommes. »

« Il est urgent et nécessaire que les femmes travailleuses s’organisent pour défendre nos droits. Si les dirigeants syndicaux ne s’engagent pas réellement à affronter les employeurs lorsque cela est nécessaire, ils doivent être révoqués par la base et remplacés par de nouveaux dirigeants honnêtes et combatifs. »

« Il faut soutenir les femmes qui travaillent et ont des enfants en mettant en place des crèches et des garderies dans toutes les entreprises et en accordant un soutien financier spécial aux femmes ayant des enfants. Une véritable lutte pour l’égalité des salaires à travail égal est nécessaire, ainsi que la parité hommes-femmes. »

« Notre tâche est de lutter pour une société plus juste, une société socialiste. »

Irlande

« En Irlande, en janvier de cette année », écrit Carah Daniel de Militant Left (CIO Irlande) : « Le meurtre d’une institutrice de 23 ans, Ashling Murphy, a provoqué une onde de choc dans tout le pays. Il a suscité une énorme colère sur la question de la violence envers les femmes. Des veillées ont eu lieu dans les villes et villages du pays immédiatement après, et des dizaines de milliers de personnes y ont participé. »

« Bien que la colère soit claire, elle ne s’est pas encore manifestée par un mouvement de protestation organisé contre la violence envers les femmes, mais elle continue de bouillonner sous la surface. »

« En général, les femmes de la classe ouvrière irlandaise restent économiquement désavantagées dans tous les domaines. Les parents isolés, qui sont principalement des femmes, et leurs enfants, représentent actuellement plus de la moitié des familles sans abri. Les frais de garde d’enfants en Irlande sont parmi les plus élevés d’Europe. Malgré les victoires des droits reproductifs au nord et au sud, les femmes se heurtent toujours à des services sous-financés et inaccessibles. »

« Dans le Nord, nous avons assisté à un certain nombre de grèves menées par une main-d’œuvre essentiellement féminine. Les employés de la crèche de l’université Queens de Belfast ont entamé une grève prolongée lors de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes l’année dernière, qui s’est soldée par une victoire. Les agents sociaux de l’éducation poursuivent leur action de grève pour obtenir la parité salariale avec les autres travailleurs. »

« Dans le Sud, le conflit chez Debenhams a pris fin en avril dernier. Il s’agissait d’une main-d’œuvre à prédominance féminine qui a pris part à une grève pendant plus d’un an dans tout le pays, luttant pour une indemnité de licenciement équitable. Bien qu’elle n’ait pas réussi à obtenir le résultat souhaité, elle a montré la détermination et la volonté de se battre qui sont caractéristiques des luttes des femmes. Ces exemples montrent les débuts du militantisme chez les travailleuses qui sont prédominantes dans les emplois mal payés et précaires. »

Sous le capitalisme, dans le monde entier, les femmes ont tant d’histoires de discrimination et d’oppression, mais aussi de lutte et de victoire. Le CIO continuera à publier d’autres rapports sur les luttes actuelles des travailleuses, d’aussi loin que le Nigeria et l’Écosse. Rejoignez-nous dans la lutte pour mettre fin à toute exploitation et pour construire un monde socialiste et pacifique !

Par Clare Doyle, déclaration paru sur le site de notre internationale le 7 mars 2022