Le 17 janvier 1975, la promulgation de la loi autorisant l’avortement a changé la vie de milliers de femmes. Elles pouvaient dorénavant choisir de mener ou non à terme une grossesse et recourir à une IVG et la pratiquer n’était plus passible de la prison. Elles n’étaient plus obligées de recourir à des avortements clandestins, dangereux pour leur santé. Une injustice sociale était également réparée, les femmes des milieux aisés pouvaient souvent recourir à des IVG dans des cliniques privées, ou à l’étranger.
Quelques années après la grande grève ouvrière de mai 68 et ses acquis pour les travailleurs, et les luttes pour les droits des femmes du début des années 70, ce fut un vrai pas en avant pour les femmes. Les mobilisations ont continué et permis en 1982 le remboursement des IVG. Le droit à la contraception et à l’avortement était acté. Mais il reste très fragile.
Qu’en est-il 40 ans après ?
Certes, sur le papier le droit à l’avortement libre et gratuit (pour celles qui ont une mutuelle) existe mais les attaques pour le remettre en cause ont été nombreuses : de la part de commandos contre les centres IVG mais pas seulement. Les différents gouvernements n’ont de cesse, dès qu’ils le peuvent, de rogner sur ce droit démocratique. Au nom de la rentabilité, la loi Bachelot « hôpital patients santé » a entraîné la fermeture de nombreuses maternités et donc de centres IVG y attenant. Plus de 170 centres ont fermé dans des structures privées ou publiques. En zone rurale, certaines doivent faire plus de 150 km pour accéder à un centre et il est difficile d’avoir un rendez-vous qui permette de respecter les délais légaux (12 semaines).
Hollande avait dans sa campagne promis un centre IVG par hôpital. Il n’en est rien et les fermetures continuent. Les plannings familiaux si importants pour toutes les femmes, lieux d’écoute, d’examens, de soins gratuits… n’ont pas cessé de voir leurs budgets réduits. Nombre ont fermé. En fait le droit à l’IVG est fortement remis en cause !
Sous le capitalisme les droits démocratiques ne sont jamais acquis définitivement. Et la lutte est toujours nécessaire. Ce fut le cas en Espagne l’année dernière où seules les immenses manifestations pour garder le droit à l’IVG ont permis le recul du gouvernement.
Il est important de toujours défendre le droit à l’avortement libre et gratuit pour toutes les femmes y compris les mineures, les étrangères, les femmes sans papiers, et de revendiquer un centre IVG dédié par hôpital avec le choix de la méthode, le maintien et le développement des services publics. De même, nous revendiquons la gratuité complète des moyens de contraception.
Pour célébrer les 40 ans de la loi Veil et pour la défense des droits des femmes:
Manifestation samedi 17 janvier à 14h30 à Paris, place de la Bastille.
Marie-José Douet