Femmes migrantes : les terribles obstacles

Des femmes migrantes débarquant sur l'île de Kos en Grèce en août 2015 Photo ANGELOS TZORTZINIS
Des femmes migrantes débarquant sur l’île de Kos en Grèce en août
Photo ANGELOS TZORTZINIS

Venues d’Afghanistan, Syrie, Irak, Libye, Nigeria,… la route des migrants est semée de terreur. Des milliers d’enfants seuls ont disparu en proie à tous les dangers : violences et réseaux de prostitutions. Et les femmes migrantes rencontrent de terribles obstacles.

Souvent seuls les hommes quittaient le pays. Maintenant 48% des migrants sont des femmes. Beaucoup partent seules ou avec leurs enfants. Certaines fuient la guerre, d’autres des vies horribles comme en Érythrée ou au Soudan où viols, mariages forcés, sont leur lot. Les voyages sont périlleux pour tous et toutes. Mais les femmes, surtout si elles sont seules et avec peu d’argent sont plus en danger devant accepter parfois une relation sexuelle avec un passeur qui leur promet l’arrivée en Europe, sans assurance de protection pour autant.

Après de longues journées de voyage et l’arrivée dans un camp, le répit n’est pas forcément là, particulièrement pour les femmes qui vivent dans l’insécurité totale. La «jungle de Calais» en est un terrifiant exemple. La violence est importante. Les 250 femmes recensées présentes vivent cachées pour se protéger. Elles sont en proie aux viols, aux violences, à la prostitution. Etre enceinte leur offre parfois un répit…

L’entraide collective

Dans cette vie pleine de barbarie, il incombe toujours aux femmes de maintenir la vie de famille quand elles ont des enfants et de s’occuper de la nourriture. C’est de cela que naît l’entraide avec les associations mais aussi des femmes entre elles.

Un centre plus sécurisé a été ouvert il y a un an à Calais (centre Jules Ferry) mais très éloigné, notamment du départ des bateaux. Leur seul but est d’aller en Angleterre retrouver leur mari ou des membres de la famille. Elles n’ont rien à perdre! Ne pas perdre une chance de pouvoir s’en aller de la France qui n’offre aucune perspective et où le racisme entretenu par l’Etat est grand. Alors le soir elles retournent vers le camp et tentent le passage. Là, elles sont maintenant victimes de violences policières (ils les bombardent de gaz lacrymos et les frappent sans vergogne). Elles recommenceront un autre soir. Rien est prévu pour un accueil décent et en nombre pour les migrants et notamment les femmes arrivées seules.

Les droits des femmes ne sont pas négociables !

Les femmes migrantes sont parmi les moins bien protégées. La loi en France contraint ainsi une femme étrangère à dépendre de son époux pour rester légalement sur le territoire. Elles ne peuvent pas le quitter même en cas de violences conjugales sinon elles perdent leurs papiers. Quant au violences conjugales qui les ont fait parfois fuir leur pays d’origine, elles sont également très rarement reconnues, les préfectures exigeant des preuves qui sont souvent impossible à produire.

Ce sont les conditions de vie de toutes les femmes migrantes illégales et légales qui sont aberrantes.

La lutte pour l’accueil décent de toutes et tous est une priorité ainsi que le droit individuel de résider légalement sur le territoire français en tant que femme, indépendamment d’un éventuel mari.

Par Marie-José Douet