Les élections régionales 2015 auront lieu les 6 et 13 décembre prochains. Si elles se situent dans un contexte très spécifique – celui de la fusion des régions imposées par la réforme des collectivités territoriales –, du point de vue d’une réponse ouvrière aux politiques patronales et gouvernementales, ce sera selon toute vraisemblance encore un rendez-vous raté.
Une « nouvelle alternance habituelle »
Comme aux précédentes élections, les départementales de cette année et les européennes de 2014, le PS devrait payer à juste titre d’une part la politique du gouvernement Hollande-Valls- Macron en faveur des banquiers, des actionnaires et des patrons, et d’autre part la déclinaison des politiques d’austérité au niveau des territoires.
Un sondage de Harris Interactive du printemps les crédite de 18% d’intention de vote. Dans ces conditions, il est à prévoir que le PS perde la majorité dans les régions et leur présidence. L’explosion d’Europe-Ecologie-Les Verts, jusqu’à maintenant supplétif permanent du PS, risque de n’être pas d’un grand secours pour le PS, surtout si De Rugy et Placé forment une coalition électorale avec les petits partis de centristes se prétendant écologistes.
Malgré ses divisions, ses problèmes judiciaires et une absence d’adhésion profonde à sa politique, Les Républicains (LR) devraient arriver en tête et accentuer encore les politiques antisociales menées en région. Le même sondage le crédite de 25% des intentions de vote. Cependant, il est clair que ce sera loin d’un raz de marée LR et que ce parti sera dans l’obligation de passer des alliances pour obtenir les présidences.
Selon le sondage avec ses alliés «traditionnels » (Modem, UDI, Debout la France), la droite ne dépasse pas les 50%. Le FN avec ses 22% d’intention de vote, qui pourrait peu ou prou se confirmer malgré l’évincement de Jean-Marie Le Pen dans le cadre de la stratégie de pouvoir du parti, pourrait jouer le rôle de juge de paix. En plus d’une certaine proximité idéologique, des alliances avec le FN pourrait être une nécessité pour LR.
Nous nous retrouvons donc une nouvelle fois dans une situation d’alternance entre les deux principaux partis bourgeois. Mais la crise de représentation politique de la bourgeoisie qui se développe depuis plusieurs années semble s’accentuer, car aucun parti bourgeois n’obtient une adhésion électorale suffisante pour se détacher du lot.
Vers des listes en opposition à Valls-Hollande, Sarko et Le Pen ?
Si cette mauvaise valse à trois temps, entre le PS et les ex-UMP et le FN, peut continuer c’est aussi qu’à la gauche du PS, rien ne bouge. Le Front de Gauche n’a pas de programme cohérent,ce qui renforce les divisions en son sein.
Sa stratégie reste incompréhensible pour les travailleurs. Un coup, une critique virulente de Hollande et du PS, la semaine d’après un accord électoral avec les mêmes au prétexte que la droite serait pire, ce qui reste à prouver pour des millions de personnes… Les divisions entre les composantes de cette coalition, les zigzags politiques en particulier de Mélenchon (qui disait il y a 6 mois encore que le FdG ne servait plus à rien) fait que le FdG n’apparaît pas comme une opposition crédible à Valls et au Medef., tout comme le fait que cette coalition d’organisations ne pousse pas à ce que les luttes affrontent l’ensemble de la politique de Valls (bien que nombre de militants du FDG se retrouvent dans les luttes sociales et ouvrières).
Ses principales composantes restent de fait en attente du PS, ou de la gauche du PS (les prétendus frondeurs), et de ses alliés comme EELV. C’est toujours la même rengaine : ce serait pire si le PS n’était pas avec le FdG dans les Régions. Une rengaine pour justifier de rester lié à lui au lieu de s’adresser directement à celles et ceux qui veulent lutter contre les politiques d’austérité qu’elles viennent du PS ou de la droite.
Pourtant, le Front de gauche avait acquis une certaine audience, et il pourrait encore construire une vraie force politique d’opposition à Valls- Sarko-Le Pen si ses dirigeants le voulaient vraiment. Ces élections devraient être un moment pour poser les bases d’une telle force face aux capitalistes et aux partis qui les représentent.
C’est cette nécessité que nous continuerons à défendre, contre le FN, les listes de droite et celles du PS.
Par Yann Venier