Abstention élevée à près de 50 %, UMP et UDI en tête, FN au second tour dans plus de la moitié des cantons… Les élections, cette fois-ci départementales, ont encore une fois reflété, comme aux européeenes, la colère et le dégoût qui dominent parmi la population face à la politique de Valls et Hollande et face à la corruption des classes dirigeantes.
Les partis des récents gouvernements rament
La droite sort première du premier tour des élections départementales selon les résultats officiels. Plusieurs départements pourraient passer ou repasser à droite après la débâcle qu’elle avait subie en 2008 ou 2011 sous Sarkozy. A chaque élection départementale, une majorité des électeurs a sanctionné fort justement le gouvernement en place pour sa politique antisociale qu’il soit PS ou droite, et cela continue. C’est d’autant plus vrai que le PS avait concocté une loi pour supprimer les départements et qu’il a dû reculer. Donc on ne sait toujours pas trop à quoi serviront les assemblées fraîchement élues.
La droite a profité du ras-le-bol contre le PS en appuyant sur l’idée d’alternance. C’est assez logiquement que certains électeurs ont voté pour des candidats UMP, ne sachant pas trop quoi voter. A fortiori avec des programmes politiques qui ne se distinguent pas tellement entre le PS et l’UMP. Pour autant, si la droite arrive en tête ce n’est pas avec un soutien massif et elle ne gagne pas beaucoup en crédibilité. Les scandales dans l’Essone et les affaires de frais de campagne de Sarkozy sont toujours là… Ils n’ont réussi qu’à remobiliser leur camp, sans mordre aucunement sur des couches plus larges.
Le PS a beaucoup perdu. Seul il ne représente que 14% des votants. Le rejet de plus en plus massif de la politique de Hollande et Valls a pesé. Il parvient à se maintenir au dessus de 20% officiellement en ajoutant à son score ceux des divers gauche, y compris, de manière abusive des listes EELV- Front de gauche pourtant opposées à une partie de sa politique ..Il est clair aussi qu’il arrive à se maintenir un peu grâce à son implantation et le réseau local d’élus important, et ce, malgré le rejet de la politique locale et nationale du parti.
Le vote pour le Front national
Les scores du Front national étaient très attendus aussi. Ils sont la seconde force électorale ou les premiers si on sépare les voix de la droite entre UMP et UDI. Dans de nombreux cantons, marqués par le chômage et l’appauvrissement, comme dans le Nord, le FN a fait de très bons scores ce qui confirme une certaine implantation de celui-ci dans des régions. Il a un peu mordu sur l’abstention mais elle reste cependant élevée dans les quartiers et les cantons populaires. Et en présentant des candidats dans quasiment tous les cantons, ils ont aussi rempli un certain vide là.
Le FN a réussi à catalyser la colère chez les votants en menant une campagne d’équilibriste avec des déclarations sur les questions sociales assez floues comme « soutenir les familles et les parents isolés, restaurer le droit à la santé, maintenir le niveau des retraites » sans jamais dire comment et où prendraient-ils l’argent. Dans le même temps, ils ont conservé un programme classique comme la lutte contre la fraude fiscale, l’arrêt des subventions aux associations politisées, rétablir l’ordre dans les collèges…. Une bonne partie de leur campagne a porté sur le clientélisme des partis au pouvoir et sur la corruption avec une bonne dose de vieilles promesses sur la priorité aux français et comme d’autres à droite, contre les repas spécifiques dans les cantines pour des raisons confessionnelles…
En réalité le Front national a fait un gros score, mais il espérait mieux n’étant pas sûr de prendre plus de deux départements. Il a réussi à capter des déçus de Hollande. Cependant son programme ne remet pas en cause les racines profondes des problèmes et ne parvient donc pas à dépasser une certaine limite,
Le vote Front de gauche anti austérité
Face à la politique de Hollande-Valls, les listes du Front de gauche s’opposaient à la fois au gouvernement, à la droite et au FN. Elles ont fait des scores autour de 9% nationalement, et localement souvent entre 15 et 20 %. C’est un bon score et un vote clairement anti-austérité. Mais la campagne a manqué de combativité et de clarté. Et le caractère unitaire de la campagne n’a pas suffi à insuffler une dynamique suffisamment claire et forte pour que les jeunes, les travailleurs, les chômeurs ou les retraités utilisent plus massivement le vote pour ces candidats comme un moyen de construire une vraie opposition à la politique du PS. La rupture n’a pas été nette avec le PS, notamment en s’alliant avec EELV qui participe à la politique du gouvernement tout en cherchant à s’en démarquer mais sans jamais la combattre.
Les départements gèrent la petite enfance, l’aide aux personnes âgées les RSA…, c’est à dire beaucoup d’aspects de la vie quotidienne. Mais les professions de foi et les campagnes parlaient peu de ces choses concrètes comme la nécessité d’augmenter l’accueil et les places en crèche, la gratuité des transports, l’augmentation des salaires et des minimas sociaux et la nécessité de résister et lutter dès maintenant contre les licenciements, la casse des services publics pour obtenir satisfaction… Tout ceci a manqué alors que des milliers de travailleurs et leurs familles essaient de résister sur leurs lieux de travail et que des grèves sur les salaires sont régulières et que le gouvernement continue à faire des coupes dans la santé, la SNCF….. En cela, le vote Front de gauche a exprimé à gauche le rejet de la politique de Valls et Hollande et du Medef. L’enjeu est que ce rejet devienne plus ferme et déterminé dans la prochaine période.
Et cela commence par mobiliser le 9 avril, pour que ce jour à l’appel des syndicats CGT-SUD-FO-FSU soit le jour de la colère des travailleurs, des chômeurs, des jeunes, des retraités contre la politique de Valls, les lois Macron, les bas salaires, une journée de grève et de lutte !
Second tour et après ?
Le second tour ne sera pas décisif dans la situation politique. Cependant la question de limiter la poids du FN se pose. Dans cette situation, au second tour, en cas de duels Front de gauche- FN, nous soutenons et menons campagne pour le candidat du Front de gauche. Dans les cas de duels ou triangulaires impliquant le PS et le FN, nous ne ferons pas campagne pour un candidat d’un parti, le PS, qui mène une politique anti ouvrière mais nous appelons à voter pour lui face au FN. Dans les cas de duels UMP-FN, certains vont voter UMP par illusion que c’est une vraie différence, nous ne le pensons pas.
Au delà de ces élections, malgré ce que veulent bien dire les medias, la victoire de l’UMP-UDI et du FN est avant tout une victoire par forfait faute d’adversaire sérieux en face.
Le Front de gauche a fait une campagne indépendante du PS et a obtenu de bons scores. Il devrait tirer les leçons et cesser de considérer le PS comme un partenaire politique dans les assemblées départementales et ailleurs. Les gros scores du Front national sont un avertissement de plus pour tous ceux qui pensent que le FN peut pourrir la situation et freiner les possibilités de lutter tous ensemble. Il faut s’organiser dès maintenant pour lutter contre l’austérité, le racisme et défendre la nécessité d’une véritable force politique des travailleurs et des jeunes pour exprimer la colère et l’organiser.