Droit à l’avortement, la lutte pour le droit de choisir continue !

Ce vendredi 24 juin, la cour Suprême des États-Unis a mis fin à l’arrêt Roe v. Wade prononcé en 1973, qui permettait aux américaines le droit à l’avortement.

La Cour suprême est la plus haute institution des États-Unis. Ses neuf membres, le sont à vie. Ils ont été nommés pour trois d’entre eux par Donald Trump, et d’autres par d’autres présidents. La majorité sont des conservateurs.

Pourquoi cette attaque aux États-Unis ?

Vu le pouvoir des conservateurs et l’impact qu’a laissé Trump, ce n’était pas surprenant qu’une telle mesure pour le contrôle du corps des femmes fasse son apparition un jour.

Lorsque l’arrêt Roe v. Wade avait été prononcé quelques 50 ans plus tôt, il n’y a pas eu de grosses luttes de la population pour inscrire ce droit dans la constitution et le Parti démocrate n’a rien fait pour en faire un droit inattaquable.

Depuis des années, les américaines payent (cher) leurs contraceptions. La plupart n’avait déjà pas accès à des hôpitaux permettant de pratiquer l’IVG, obtenir des soins, des échographies, des contraceptions … Selon Amnesty, six États américains ne disposent que d’une seule clinique pratiquant des IVG. Vingt-sept grandes villes des États-Unis et une grande partie de l’Amérique rurale sont des « déserts » en termes de possibilité d’interrompre une grossesse : la plupart des habitantes vivent à plus de 160 kilomètres d’un tel service.

Permettre le choix, avec un vrai service public de santé

Cette mesure contre le droit à l’avortement ne s’accompagne même pas de mesures permettant aux femmes d’élever leurs enfants dans de bonnes conditions. Ainsi, on empêche tout choix. En réalité, les lois ne permettent pas l’accessibilité aux moyens de contraception pour toutes, ni aux pilules du lendemain. D’ailleurs, la loi du marché a encore montré son cynisme : suite à la suppression de l’arrêt Roe versus Wade, le coût des pilules du lendemain vient d’exploser à 50$ la pilule… !

Avoir le choix avait permis à de nombreuses femmes de terminer leurs études, d’améliorer leurs niveaux de vie, de planifier et d’équilibrer leurs familles et leurs carrières.

Nous réaffirmons : les femmes doivent pouvoir choisir. L’avortement doit être un droit libre et gratuit pour toutes, et ce sans justificatif. Et la gratuité doit être mise en place pour tous les moyens contraceptifs. D’ailleurs, seul un service de santé public, gratuit et accessible à tous et toutes peut garantir ce droit. Les cliniques privées et laboratoires pharmaceutiques n’ont pas à faire du fric sur nos vies ! Il devrait y avoir plus généralement des centres publics de suivi pour les familles et les femmes partout, à l’image de grands plannings familiaux.

Le droit à l’avortement doit l’être pour toutes, mineures sans autorisation parentale et femmes immigrées. Et dans les rares cas d’hommes trans, ils ne devraient pas non plus avoir à se justifier. C’est aussi nécessaire d’avoir accès à un soutien psychologique si besoin et gratuitement.

Cette question est une affaire de santé publique. Car des femmes avortent, qu’on les y autorise ou non, depuis toujours. Quand elles n’ont pas le droit, elles le font simplement dans des conditions plus difficiles, éprouvantes moralement et physiquement, avec des conditions sanitaires mettant en jeu leur vie ou risquant des poursuites judiciaires et des condamnations.

45% des avortements du monde sont non sécurisés, et chaque année on attribue 4,7 % à 13,2 % des décès maternels à ces avortements non sécurisés, selon l’OMS. Parce qu’un avortement illégal c’est un acte médical qui se fait dans des conditions terribles. En France l’on voit les symboles des aiguilles à tricoter ou des cintres lorsqu’on parle d’avortement : car c’est une réalité, les femmes utilisaient ces objets pour permettre de décrocher l’embryon de leur utérus…

« Pro-vie », surtout anti vie des femmes.

Le débat n’est pas non plus pour la vie des enfants : si c’était le cas, les « pro-vies » (anti-avortement) proposeraient d’avoir des crèches, des maternités plus proches, gratuitement, plus de service d’aide à l’enfance. En réalité, ils sont pour le contrôle des femmes à qui ses taches incombent pour eux. Et que dire de ces pro-vies qui sont farouchement pour la peine de mort ?

La lutte pour le droit de choisir : une lutte pour une autre société !

En résumé, nous sommes pour le droit de décider d’avoir ou non un enfant, et quand on le souhaite. Le choix doit être libre et n’a pas à être lié aux pressions extérieures. Pour le droit des femmes à disposer de leurs corps, pour la santé publique et pour des conditions de vie décentes, nous devons nous mobiliser ensemble pour ce droit fondamental !

Mais tant que nous vivrons dans une société capitaliste, où aucun droit n’est jamais complètement garanti, nous ne serons jamais entièrement certaines de conserver les droits que nous arrachons. Tous et toutes ensemble, nous devrons lutter pour une société plus juste, où nous déciderons ensemble de la gestion de l’économie, des services, dans une organisation collective et démocratique, sans discriminations. Ce n’est que dans une société socialiste que nous pourrons réellement nous débarrasser des oppressions et de l’exploitation avec la propriété privée des moyens de production, qui est le fondement du système capitaliste.

Par Lu M