Comment combattre le gouvernement Chirac-Raffarin ?

« La rentrée sera chaude » ou « A la rentrée, on sera vigilants et intraitables… ». Que de phrases et de mots prononcés depuis juin 2002 par les directions syndicales et par les tenants de feu « la Gauche Plurielle » pour annoncer que les luttes repartiront avec un gouvernement de droite à la tête du pays.

Article paru dans l’Egalité n°97

Mais la réalité est tout autre en ce début de rentrée. Ce ne sont certainement pas les raisons qui manquent pour se mobiliser contre le gouvernement Raffarin aujourd’hui dans plusieurs secteurs essentiels privés et publics de l’économie. Annonce de la privatisation d’Air France, ouverture du capital d’EDF GDF, réduction du nombre de fonctionnaires et aggravation des conditions de travail avec les 35h version Fillon ! Il en va de même dans le domaine des licenciements où les fermetures de sites et les dégraissages ne cessent d’être mis en place par le MEDEF. Alors pourquoi et comment combattre ce gouvernement et le patronat ?

Raffarin : A tâtons !

Le gouvernement joue finement, mais avance pas à pas vers les objectifs de politique de plus en plus libérales en s’appuyant sur les avancées social-libérales effectuées par le gouvernement de la gauche Plurielle. Raffarin a ainsi augmenté les prix de l’électricité mais a aussitôt reculé face au tollé qui s’était alors développé en Juillet 2002. Il en va de même sur les annonces soi-disant contradictoires concernant les baisses de postes dans l’Education Nationale.
Les annonces brutales sont des tests afin d’évaluer le degré de combativité des secteurs-clé à attaquer pour le patronat et le gouvernement. Le lourd héritage de la Gauche Plurielle au gouvernement et de l’absence de mobilisations contre les attaques que Jospin a menées au gouvernement a assoupi les directions des syndicats mais a fait grandir le mécontentement populaire contre les politiciens. En cela, la marge de manœuvre de Chirac et Raffarin est réduite. Ceci explique le refus de Chirac d’annoncer une hausse de 70% du salaire des ministres alors que le SMIC était réévalué au minimum…Tout faux pas pourrait être fatal comme cela l’avait été pour Juppé et consorts en 1995.

Objectif : maintenir les divisions de la « France d’en-bas »

Au regard du traitement de la lutte engagée par les sans-papiers de Saint Denis (93) et au niveau national, les tactiques sont très différentes de celle du gouvernement de droite précédent. Sarkozy, contrairement à Debré enfonçant les portes de l’Eglise Saint Bernard, propose une réouverture de certains dossiers évitant que la lutte des sans-papiers puisse s’unifier voire canaliser un certain mécontentement. Il en va de même sur le « dossier » des retraites planifié en mai 2003 qui pourrait unir les salariés !

Syndicats : vers une réponse à la hauteur des attaques ?

Dès à présent, les dossiers chauds inquiètent les salariés, les chômeurs et les jeunes. Des luttes se créent contre la fermeture du site d’une entreprise, pour le maintien d’une classe dans une école, pour des salaires décents dans les entreprises de travail précaire comme le télémarketing et la restauration rapide ou l’hôtellerie.
La représentante de la CGT, lors des discussions sur les 35h version Fillon, dénonce la politique combinée du gouvernement et du patronat. Mais elle reste à la table de discussions. Pour quoi faire ? Le rapport de forces ne se construira pas là. Marc Blondel annonce pour FO des appels à la grève possibles pour les fonctionnaires mais déclare aussi qu’il aurait refusé une « hausse de 10% de nos salaires » si on le lui avait proposé : ce ne serait pas responsable et raisonnable !
Face à des luttes potentielles, les directions des syndicats comme la CGT sont attentistes et en campagne pour les élections professionnelles. Accoutumés à 5 années de collaboration de leurs dirigeants avec la Gauche Plurielle, les syndicats sont affaiblis au sein du monde salarié qui a de moins en moins confiance en eux.Car ils acceptent, tous, de négocier sur les fonds de pension et la retraite par capitalisation.
Pourtant l’arrogance patronale a de quoi énerver ; ainsi Denis Gautier-Sauvagnac, délégué du MEDEF ose dire « Augmenter le SMIC de 17% en trois ans, c’est très sympathique pour les salariés, sauf si au bout du compte leur emploi se trouve en Hongrie ! » Les syndicats doivent quitter les tables de négociations dès à présent et appeler à la préparation indépendante de la riposte par les salariés syndiqués et non syndiqués.

Pour s’en sortir, ne comptons que sur nos luttes !

Mais, la stratégie gouvernementale n’est valable qu’un temps. Raffarin l’a confié lui-même : « la croissance de 3% n’est pas pour cette année ». La crise va continuer de toucher la France et la fragilité gouvernementale avec. Les possibilités existent pour que les travailleurs, les chômeurs et les jeunes inversent la vapeur. La difficulté principale est, à la fois, de ne plus ne rien attendre des dirigeants de la Gauche plurielle mais aussi de reconstruire les forces désagrégées des travailleurs.
Aujourd’hui, plusieurs entreprises encore publiques sur le papier sont en pleine crise et menacées de restructuration ou de privatisation. C’est le cas de France Telecom qui n’a de public que le nom ou bien le cas d’Air France et d’EDF GDF. Dans les trois secteurs, les salariés sont en alerte mais hésitent encore sur les modalités à adopter pour combattre leur privatisation. Acheter des parts du capital ou rejeter totalement la privatisation, soutenir un directeur plutôt qu’un autre. Face aux attaques, il est nécessaire de s’organiser nous-mêmes et d’imposer par nos mobilisations le contrôle des salariés sur ce qui se passe dans leur entreprise.

Solidarité avec les salariés licenciés !
Non aux licenciements ! Que les entreprises soient déficitaires ou non, les luttes doivent s’unifier contre les licenciements !
Les syndicats doivent stopper les négociations et préparer les mobilisations !
Non aux privatisations des services publics ! Extension des services publics !
Grève interprofessionnelle de 24h préparée par des assemblées générales dans chaque entreprise et secteur !

Par Leïla Messaoudi