Un projet éducatif différent
Le lycée autogéré de Paris est installé dans le 15ème arrondissement depuis 1982. C’était un projet de lycée particulier, non secteurisé, à tout petit effectif, et public. Le principe de ce lycée était d’être géré par les professeurs et les élèves ensemble, sans CPE ou proviseur. En autogestion, c’est-à-dire en gestion collective du lycée par l’ensemble des personnes le fréquentant, y compris sur des questions d’éducation ou de budget.
Les changements
En février, le directeur académique est venu annoncer la fin des principes fondateurs du lycée, avec de nouvelles précisions en mai. Les élèves ne pourront plus choisir eux-mêmes leurs projets, les professeurs ne peuvent plus choisir qui sera professeurs à leurs côtés (fin de la cooptation), il y aura maintenant une autorité de la proviseure du lycée d’à côté, Jean Lurçat. Et les élèves parisiens seront prioritaires pour s’inscrire ce qui met fin à la possibilité pour les jeunes de venir dans ce lycée spécial s’ils viennent d’ailleurs. Il s’appellera désormais le LIP, lycée innovant parisien.
Pourquoi ce lycée tombe ?
Depuis quelques mois le lycée est déchiré en interne, suite à un débat car un des professeurs était accusé d’être gênant et trop tactile avec les élèves. Ce genre de choses se traitaient normalement en interne dans ce lycée. Là, des professeurs en ont parlé au rectorat. Une enquête a été faite mais son objectif n’a pas été seulement de faire la lumière sur cette affaire et de la régler ! Les questions étaient beaucoup portées sur la pédagogie générale, les opinions personnelles des professeurs… Le rectorat a, pour réunir suffisamment de témoignages, convoqué une 50aine d’élèves.
Au final, il y a eu des suspensions et conseils de discipline pour 5 professeurs, accusés d’avoir des cours non-neutres politiquement, d’avoir des discours anti-bac, d’avoir des cours militants… Oui, lorsqu’on parle de telles accusations, il faut traiter ça sérieusement. Mais on voit que là, ce n’était un prétexte pour le rectorat pour s’intéresser de plus près à tout le lycée.
Des attaques contre l’éducation en général
Cela fait des années que le rectorat tente de démanteler ce lycée et c’était là l’occasion parfaite. Il n’y a que 25 professeurs, et déjà le rectorat avait essayé d’en retirer 5 en 2011, une lutte qui a continué plus de 6 ans après. Ce n’est pas le premier lycée à se faire ainsi attaquer, et ce n’est finalement pas spécifique au LAP ou autres lycées expérimentaux. En effet, l’éducation se fait démanteler, tous les professeurs des lycées publics voient leurs conditions d’enseignement se dégrader un peu plus chaque année, chaque réforme empire la situation. Les élèves en paient le prix.
Le LAP offrait un espace où il restait de la liberté. Même si la gestion n’était pas parfaite, au moins il offrait à 280 élèves la possibilité d’expérimenter autre chose, le sens du collectif, de créer des projets. Cependant ça restait un espace très fermé, et accessible à un tout petit nombre de personne.
Sous le capitalisme, l’éducation n’est pas faite pour permettre aux élèves d’expérimenter, de découvrir ce qui leur plaît, mais pour préparer la nouvelle force de travail, et reproduire leur classe sociale. Les enfants qui ont les moyens fréquenteront les bonnes écoles et auront les moyens de faire de longues études, tandis que la majorité des enfants issus de milieux populaires, enfants d’ouvriers etc, iront rapidement au travail.
L’éducation pourrait avoir un rôle émancipateur. On apprendrait à l école les bases pour être un adulte capable d’analyser le monde qui l’entoure. Mais pour jouer pleinement ce rôle, il ne faudrait plus que la possibilité de s’éduquer dépende de sa classe sociale et de son âge. Car apprendre, ça doit être accessible à tous ! Pour cela, changer la société est nécessaire, puisque l’éducation que l’on a actuellement dépend des besoins des capitalistes.
A la gauche révolutionnaire, nous nous battons pour que nous puissions tous collectivement décider de quelle éducation nous voulons, des moyens mis en œuvre, que les élèves et professeurs puissent discuter ensemble de ce qu’il faudrait. Cela pourra réellement être mis en place, et de façon durable, dans une société débarrassée de l’exploitation dans laquelle les moyens de production sont gérés collectivement, dans laquelle les moyens de production sont gérés collectivement, non plus pour faire des profits mais pour répondre aux besoins, et où les capitalistes n’existeront plus en tant que classe. Car tant que ces derniers dicteront leurs besoins quant aux forces de travail à exploiter, l’éducation ne sera toujours qu’un moyen pour s’assurer d’avoir la main d’œuvre nécessaire à disposition.
Lu M