Chili : des syndicalistes et des organisations de gauche appellent à un congrès des travailleurs pour faire face à la crise du covid-19

Manifestation fin octobre 2019 au Chili avec
plus d’un millions de travailleurs-ses

La déclaration suivante a été initiée communément par des personnalités syndicales et des organisations de gauche au Chili, dont des membres de Socialismo Revolucionario (organisation sœur de la Gauche Révolutionnaire au Chili). Elle a été publiée le 16 avril sur le site du CIO, socialisworld.net

Une fois de plus, les travailleurs et les peuples du monde sont menacés par une crise massive du capitalisme qui s’approfondit. Comme l’a affirmé le FMI il y a quelques jours seulement, les mesures restrictives prises par les États pour contrôler la propagation du Covid-19 ont plongé l’économie mondiale dans une terrible récession, qui a été annoncée par une vague de fermetures et de licenciements dans le monde entier.

Face aux dimensions de la crise sanitaire et économique, les employeurs du monde entier et leurs gouvernements n’ont pas été capables de proposer une véritable solution. Ils se sont limités à une série de mesures visant à sauvegarder leurs profits, en offrant aux millionnaires des prêts pour les sauver, sans autre perspective que celle de « surmonter la crise ». Il est très clair que la facture sera présentée à la classe ouvrière, pour nous mettre sur le dos tout le poids de cette crise. Cela exigera, de manière systématique, que nous payions de notre vie, sans prévoir de mesures sanitaires efficaces pour empêcher la propagation du virus.

Il n’en va pas autrement au Chili. Il y a quelques jours seulement, le même Piñera [président chilien] a annoncé l’abrogation de la « loi de protection de l’emploi », ce qui est l’une des mesures les plus terribles et les plus violentes pour voler la classe ouvrière. En fait, le coronavirus a mis fin au débat, et maintenant la Directive sur le Travail permet à l’employeur de suspendre le paiement des salaires lorsqu’un état de quarantaine a été déclaré. La nouvelle loi nous menace non seulement du risque imminent qu’ils ne paient pas les salaires, mais ils disent que nous devons utiliser nos économies pendant que le virus se propage.

En outre, ils n’ont pas réussi à décréter une quarantaine systématique et efficace pour protéger la santé des travailleurs. En même temps, ils ont commencé à licencier des travailleurs dans différents secteurs, laissant les familles des travailleurs totalement sans défense.

Face à cette situation critique, notre réponse n’est pas d’attendre. Dans différentes parties du monde, les travailleurs tentent de protéger leurs vies, en n’effectuant pas de travail non essentiel, tout en faisant le nécessaire notamment pour garantir l’approvisionnement en nourriture. Dans cette situation, il y a des milliers de travailleurs dans les transports, le commerce, les mines, le secteur forestier et d’autres, qui ont revendiqué des conditions de santé décentes au travail, dénonçant chaque cas d’injustice que nous avons vu.

Il est crucial pour les travailleurs chiliens non seulement de maintenir cette résistance face aux actions criminelles de l’État et des employeurs, mais il faut aller plus loin. Nous devons, pas à pas, construire les outils nécessaires pour faire face à la crise capitaliste qui se manifeste aujourd’hui par une terrible crise économique et une crise du régime et de la santé. Il est nécessaire d’aller plus loin et de nous organiser en contournant la passivité et le manque d’action des dirigeants syndicaux. Ils ont conclu un pacte avec ce gouvernement illégitime qui ne survit que depuis le 18 octobre 2019 grâce à de vicieuses violations des droits de l’homme et à la trahison des partis de centre gauche.

Plus de licenciements, de réduction des salaires ou d’exposition inutile au virus et pas d’augmentation des prix ! Les grandes entreprises capitalistes doivent garantir les salaires des travailleurs, et l’État doit subventionner les petites et moyennes entreprises. Nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs de toute entreprise qui ferme et du système de santé privatisé. Quarantaine totale pour les travailleurs ! Maintien de tous les services de base et de la distribution de nourriture. Réduction de la semaine de travail pour augmenter les embauches, sans perte de salaire. Pour des kits de santé à prix fixés.

Ce sont les revendications que les travailleurs ont mises sur la table et nous devons organiser une lutte pour les gagner. Dans nos syndicats, nous devons virer les dirigeants qui ont conclu un pacte avec le gouvernement et les employeurs. Là où ils n’existent pas, nous devons former des Comités d’Urgence des travailleurs sur les lieux de travail. Nous devons former des Comités Alimentaires dans quartiers des travailleurs, pour assurer l’approvisionnement en nourriture, et des comités de chômeurs pour lutter pour des emplois avec des salaires et des conditions décentes. Nous devons rassembler tout cela en convoquant un congrès de tous les travailleurs, au niveau national, pour organiser une lutte pour ce programme.

Nous, la classe ouvrière, sommes la seule force qui puisse sortir l’humanité et le monde de la débâcle dans laquelle les patrons, leur système économique et leurs gouvernements nous ont plongés. Ce n’est qu’en nous organisant de manière indépendante, dans les organisations que nous avons citées, et en planifiant une grève générale, que nous pourrons prendre les mesures nécessaires pour affronter cette crise et assurer l’avenir de notre classe, de nos familles, de la planète et de l’humanité.
Arile Encina, présidente du Syndicat Maestranza in San Marco (syndicat de l’éducation)

Cynthia Burgos, présidente de l’AFIPES (Association des fonctionnaires de la pêche)

Horacio Díaz, Fédération syndicale de l’ingénierie

Ricardo Vasquez, secrétaire du syndicat Starbucks

Vilma Álvarez, présidente du Syndicat Jumbo Portal La Dehesa

Courant syndical ouvrier

Assemblée locale de San Miguel Unité territoriale 1

Celso Calfullan, rédacteur en chef de Werken Rojo

Gustavo Burgos, Groupe du 1er mai

José Miguel, docteur en médecine des droits de l’homme dans la région de Valpariso

Parti révolutionnaire des travailleurs – Presse Ouvrière

Socialismo Revolucionario