Droit de retrait contesté à la SNCF et aux enseignants de Rouen : face aux luttes des salariés dénonçant des défaillances majeures en matière de sécurité industrielle ou technologique, l’État se pose en soutien des patrons et exige le retour à la « normale », prétextant un « air normal » à Rouen. Article publié dans l’Egalité 198
Fumée toxique, air « normal » et enfumage étatique
Préfecture et gouvernement ont minimisé les conséquences, retardé la révélation de données majeures et multiplié les déclarations sans chiffres précis. C’est qu’il ne faut pas perturber l’activité économique. C’est une explication plausible au retard si important de l’alerte à la population : cinq heures ! alors que c’est pourtant inscrit dans le protocole en cas d’accident sur site Seveso. C’est ce qui explique aussi les perquisitions si tardives – plus de dix jours après l’incendie ! – des lieux incriminés.
Le droit au service des capitalistes
En fait, rien n’a avancé sans la mobilisation et les manifestations de rue. Il a fallu batailler dans de nombreuses écoles et collèges pour imposer le droit de retrait alors qu’aucun espace n’était dépollué, que les odeurs nauséabondes provoquaient malaises et vomissements. Il a même fallu déclencher des grèves pour faire respecter nos droits.
Déjà, les patrons de deux usines jouent la dilution des responsabilités et derrière Lubrizol se cache tout un dispositif de sous-traitance : 27 sous-traitants et prestataires du secteur du nettoyage industriel et non spécialisé dans la manipulation de produits chimiques dangereux. Alors qui va payer ? Et qui va faire payer ? Qui va imposer et assurer le suivi médical de toute une agglomération ?
Pour le contrôle ouvrier !
Pour faire payer les capitalistes et nous préserver des catastrophes causées par leur dictature du profit, l’exemple d’AZF à Toulouse en 2001 nous montre que la solution n’est pas dans les démarches individuelles en justice. Seule une lutte d’ampleur organisée à l’intérieur d’un collectif, à travers une action construite par l’union des habitants, des syndicats, des associations et des salariés des entreprises, peut obtenir satisfaction de nos revendications en matière de sécurité, de santé et peut se faire le porteur d’un « plus jamais ça ! ». C’est à travers le contrôle ouvrier de ces usines que l’enjeu central de nos vies remplacera celui de leurs profits.
Nous exigeons:
- Droit de retrait pour les travailleurs qui se sentent menacés
- Commission d’enquête indépendante ayant accès à toutes les données et toutes les informations
- Contrôle par les travailleurs et leurs syndicats de toutes les entreprises dangereuses de l’agglomération
- Embauche du nombre de travailleurs qui leur semble nécessaire pour assurer la sécurité des sites
- Warren Buffet, propriétaire de Lubrizol et 3ème fortune mondiale, doit payer. S’il refuse de le faire, que les usines de son groupe soient nationalisées sous le contrôle des travailleurs et de la population.
Par Geneviève Favre