Brésil: Lula emprisonné pour empêcher sa candidature

P7 Lula manifL’emprisonnement de l’ancien président Lula, accusé de corruption, décidé par le juge Sergio Moro le 5 avril, représente une nouvelle attaque sur les libertés démocratiques dans un contexte de déclin politique, économique et social grave pour la classe ouvrière et le peuple brésilien.

Article publié dans l’Egalité 189

Ce n’est pas la seule attaque, mais elle a sa propre symbolique. Nous ne vivons pas dans une situation de normalité démocratique lorsqu’on empêche un candidat à la présidence, avec près de 40% des intentions de vote, de se présenter aux élections et qu’on le condamne à la prison dans un procès plein d’irrégularités et de processus de manipulations juridiques et médiatiques.

Le décret d’arrestation de Lula a été le plus rapide de tous les emprisonnements effectués dans le champ de l’opération Lava Jato. Le processus accéléré de la TRF-4 (Cour Régionale Fédérale de la 4ème région) et du STF lui-même (Cour Fédérale Suprême) reflète une motivation politique liée au calendrier électoral. La prison renforce les garanties d’inéligibilité de Lula et envoie un message symbolique, satisfaisant une base sociale réactionnaire principalement parmi les secteurs des classes moyennes.

LSR, notre organisation soeur au Brésil, a dès le début dénoncé l’attaque contre les libertés démocratiques. Pendant que les corrompus notoires comme Aécio Neves et Michel Temer jouissent d’une liberté totale, pour Lula la prison a déjà été décrétée ! Notre position, cependant,ne peut en aucun cas être confondue avec le soutien au projet politique représenté par Lula et le PT (parti des travailleurs). Nous expliquons toujours que les options politiques adoptées par le PT au gouvernement ont contribué à créer les conditions de leur propre défaite et de l’offensive de la droite et de la bourgeoisie contre les droits syndicaux, sociaux et démocratiques.

Finalement, c’est le PT qui a fusionné avec une grande partie de la caste politique néolibérale et réactionnaire. C’est le PT du gouvernement qui a établi de fausses relations avec les entrepreneurs des travaux publics, l’agro-industrie, les sociétés minières et les banques. Dilma Rousseff et le ministre Joaquim Levy ont initié les attaques contre les travailleurs que le coup d’État de Michel Temer a approfondi.

Il est évident, cependant, que devant l’imminence de l’emprisonnement de Lula, le rôle de la gauche est d’unir ses forces contre cette attaque. L’initiative de la résistance à San Bernardo do Campo et dans tout le pays contre cette décision judiciaire injuste est légitime.

Nous devons faire partie de cette résistance,sans abandonner notre indépendance, notre position critique et notre projet politique socialiste et de classe. L’expérience de la lutte contre cette atteinte aux droits démocratiques doit servir à ce que des milliers de militants des mouvements sociaux et des millions de travailleurs tirent les leçons de l’impossibilité de conciliation entre les classes et de la nécessité d’ouvrir une offensive de combat dans les rues, dans les centres de travail et d’étude, à la campagne et dans la ville.

Par P.E Martin