Brésil : Les « bolsonaristes » prennent d’assaut le Congrès – Pour des contre-mobilisations de masse ! Construisons une alternative socialiste !

Quelques jours seulement après que Luiz Inácio Lula da Silva a prêté serment en tant que nouveau président du Brésil, après sa courte victoire sur le président sortant d’extrême droite, Jair Bolsonaro, le Brésil est plongé dans une crise politique et sociale persistante.

Invasion du Congrès national par les soutiens de Bolsonaro le 8 janvier 2023

Article paru le 9 janvier sur socialistworld.net

Des milliers de partisans de Bolsonaro ont défilé à Brasilia, la capitale, et ont pris d’assaut le Congrès, le Palais présidentiel et la Cour suprême. Pendant un certain temps, ils ont pris le contrôle de ces centres de pouvoir, bien que sans plan ni objectif clair. Après quelques heures, ils ont été expulsés de ces institutions.

Cette évolution significative est un indicateur des luttes qui nous attendent au Brésil. La défaite électorale de Bolsonaro, comme l’a averti le CIO (le Comité pour une Internationale Ouvrière, l’organisation internationale de la GR), ne signifie ni sa fin ni celle des puissantes forces d’extrême droite, y compris des éléments fascistes, qui encadrent son mouvement.

Lula a remporté l’élection par la plus petite des marges. La droite est le plus grand bloc du Congrès. Vingt et un des vingt-sept gouverneurs sont aux mains de la droite. Ce n’est que dans le nord-est que Lula a remporté une nette victoire majoritaire. Bolsonaro, bien qu’il ait quitté le pays et réside actuellement en Floride, comme son copain Donald Trump, n’a jamais concédé sa défaite aux élections. Ses partisans ont instauré des barrages routiers après les élections dans tout le pays. Des campements de partisans de Bolsonaro ont été installés à l’extérieur des casernes militaires exigeant que l’armée intervienne et mène à bien un coup d’État militaire ; une demande répétée par ceux qui ont pris d’assaut les bâtiments gouvernementaux.

Ces événements spectaculaires sont une anticipation des bouleversements à venir sous le gouvernement de Lula. La lutte contre l’extrême droite au Brésil est loin d’être terminée. La famille de Bolsonaro est connue sous le nom de « familícia » en raison de sa proximité avec les milices de Rio de Janeiro. Ce sont des gangs armés qui entretiennent depuis longtemps des liens de plus en plus étroits avec la police et les forces armées – forgés en grande partie autour de la vente de drogue. Sous Bolsonaro, les milices ont été renforcées. Il a également encouragé la formation de CAC (« groupes de tireurs et de chasseurs collectifs ») et leur a facilité la vente d’armes – aux groupes de « tireurs d’élite, chasseurs et collectionneurs ». Environ 700 000 sont organisés dans de tels groupes – plus que dans les forces armées (360 000) ou la police (406 000). La plupart sont des partisans de Bolsonaro.

Lula, détesté par les partisans de Bolsonaro, a formé une coalition du PT (parti des travailleurs), des partis de gauche et des sections de la classe dirigeante et des partis bourgeois. Son gouvernement est divisé et diversifié. Cependant, malgré la promesse de certaines réformes, il est attaché à rester dans le cadre du capitalisme. Lula s’est engagé à « se concentrer sur l’attraction des investissements étrangers », en particulier les investissements directs.

Suscitant l’opposition de la classe dirigeante, il a fait valoir que son gouvernement utiliserait Petrobras, la compagnie pétrolière d’État, et la banque nationale de développement comme moteurs de la croissance économique. Les clivages ne manqueront pas de s’ouvrir rapidement au sein du nouveau gouvernement. La droite peut bloquer ces mesures. Le PT reste méfiant et est entaché de scandales de corruption massifs.

Tentant de prouver sa fiabilité pour le capitalisme, Lula, en réponse à cette crise, a dénoncé les manifestants comme «fascistes» et les a menacés de poursuites. Dans le même temps, il a donné carte blanche aux militaires à Brasilia et appelé au calme. On ne peut pas faire confiance aux militaires, qui ont de nombreux liens avec Bolsonaro et la droite. Plutôt que de lancer un appel à des manifestations de masse et à la mobilisation de la classe ouvrière, les pauvres et la masse de la population Lula et le PT ont simplement appelé au calme ! Ils ne veulent pas que les masses descendent dans la rue.

Inégalités massives

Le Brésil est confronté à une inégalité et à une polarisation sociales massives. On estime que 33 millions de personnes sont confrontées à la faim et 125 millions à des degrés divers d’« insécurité » alimentaire. Contrairement au premier mandat de Lula, lorsqu’une flambée massive des prix des matières premières a eu lieu, il y avait une certaine marge pour introduire des réformes et faire des concessions. Cette option est beaucoup plus restreinte aujourd’hui dans le contexte d’un ralentissement économique mondial et d’une récession menaçant en 2023.

La nécessité de construire une alternative socialiste de masse est plus urgente que jamais. Malheureusement, le PSOL (Parti du socialisme et de la liberté) a voté par erreur pour permettre à ses membres de rejoindre le gouvernement Lula plutôt que de s’opposer à l’extrême droite et de construire une alternative socialiste ouvrière indépendante. Malheureusement, il va maintenant se retrouver piégé dans un gouvernement capitaliste. Cela menacera l’avenir de ce parti.

Des batailles explosives nous attendent au Brésil, comme ces événements l’ont déjà démontré. La nécessité de reconstruire une alternative socialiste de masse face à l’extrême droite est plus urgente que jamais. C’est la voie à suivre, pas de compromis et de construction d’alliances avec la classe dirigeante et le capitalisme.