150 ans de la Commune de Paris (1/4) : L’entrée dans les révolutions du monde moderne

La Révolution française de 1789 à 1796 avait balayé le monde féodal. Effrayée par ce qu’elle avait mis en mouvement, une grande partie de la bourgeoisie chercha dès lors une forme de régime autoritaire, d’abord autour de l’aventurier Bonaparte puis auprès de la vieille classe aristocratique. Mais avec la Révolution, la France était entrée à toute vitesse dans le capitalisme qui, en se développant, en multipliant les usines et les ateliers, développait l’ennemi mortel de la bourgeoisie : la classe ouvrière. Tout le 19ème siècle est marqué par une succession de révolutions où la classe ouvrière prend de plus en plus un rôle majeur.

À peine Marx et Engels ont-ils fini de rédiger le Manifeste du Parti communiste qu’au début 1848, une vague de révolutions secoue l’Europe, de la Pologne à la France en passant par l’Allemagne. Mais dans ces révolutions, la bourgeoisie garde le contrôle, aidée par les illusions propagées par certains socialistes, tel Louis Blanc, qui participent au gouvernement bourgeois. L’utopie d’une « République sociale » qui serait gouvernée par la classe qui lui est la plus hostile, la bourgeoise, sera noyée dans le sang de la répression d’avril à juin 1848, et l’assaut final contre les insurgés qui résistèrent héroïquement face aux troupes du général Cavaignac.

De 10 000 à 15 000 morts, pour une terrible leçon que Marx et Engels avaient déjà développée dans le Manifeste : la classe ouvrière doit se forger son propre parti face à ses exploiteurs et oppresseurs. 

Le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte

Mais la bourgeoisie libérale avait elle-même scellé son destin en écrasant les ouvriers. La grande bourgeoisie d’affaire souhaitait l’ordre et surtout un gouvernement entièrement prêt à faire une politique pour les grands financiers et industriels. Le coup d’État du 2 décembre 1851 sera la victoire du Parti de l’Ordre face à une résistance complètement désordonnée d’un camp républicain qui avait pensé se jouer de Louis-Napoléon.

Un an après, ce sera la fondation de l’Empire, et une politique d’expansion coloniale, de développement de grands groupes d’affaires. Le pouvoir napoléonien établissait un régime autoritaire et répressif, accumulant contre lui une haine croissante tant des ouvriers que des démocrates. Mais ces derniers craignaient encore plus le peuple révolutionnaire.

Finalement, ce sont les propres contradictions du régime, mêlant aventures coloniales et politique guerrière en Europe, bien au-delà de ses capacités, qui vont amener sa chute. Une ultime guerre contre la Prusse se transformera en déroute et ouvrira la voie à une nouvelle insurrection qui proclamera la République le 4 septembre 1870.

Paris insurgée

La bourgeoisie préférait une monarchie constitutionnelle mais le peuple parisien ne lui laissa pas le choix. À nouveau, Marx conseilla aux prolétaires de se méfier de cette bourgeoisie et de constituer leur propre parti. Car celle-ci complotait, en lien avec l’occupant militaire prussien, et laissait Paris assiégée et sans défense. En mars, à l’instigation de son représentant, Thiers, elle voulut même priver les habitants du quartier de Montmartre de leurs canons de défense. C’en était trop. Le 18 mars, ouvriers, artisans, boutiquiers, se révoltèrent, firent exécuter les officiers supérieurs qui les empêchaient de conserver leurs canons, recevant le soutien des soldats de base. Thiers refusa de donner raison aux résistants parisiens, cherchant l’épreuve de force. La révolution communarde avait commencé.

Les canons du peuple parisien sur la butte Montmartre, le 18 mars 1871

Le 26 mars, des élections municipales sont organisées par le comité central de la Garde Nationale, pour ensuite former un gouvernement de la Commune de Paris. Malgré la famine, il y aura 229 000 votants, avec un scrutin démocratique de liste, à la proportionnelle, avec liberté de vote. 60 élus au moins sur les 92 sièges appartiennent à des courants révolutionnaires, donc 15 membres de l’internationale des travailleurs, l’AIT. Le premier gouvernement des travailleurs de l’Histoire était né et sera salué par une immense manifestation sur le parvis de l’Hôtel de ville le 28 mars.

Par A.R., article paru dans l’Égalité n°204

Chronologie succincte des faits importants concernant la classe ouvrière : 

– 1847 –
Écriture du « Manifeste du Parti Communiste », par Marx et Engels
– 1848 –
Révolutions en Europe
– 1864 –
Création de la première Internationale, l’Association Internationale des Travailleurs (AIT)
– 4 septembre 1870 –
Proclamation de la IIIème République
– 18 mars 1871 –
Les parisiens se soulèvent pour protéger leurs canons, le gouvernement d’Adolphe Thiers fuit à Versailles
– 26 mars 1871 –
Élections municipales
– 28 mars 1871 –
Proclamation du conseil municipal nommé « Commune de Paris »
– 29 mars 1871 –
Création d’une commission exécutive, à la tête de 9 commissions
– 19 avril 1871 –
Présentation du programme de la Commune dans la « déclaration au peuple français »
– 1er mai 1871 –
La commission exécutive remplacée par le Comité de salut public malgré l’opposition des internationalistes
– 21-28 mai 1871 –
Semaine sanglante qui met fin à la Commune de Paris
– 30 mai 1871 –
« La guerre civile en France », par Karl Marx
– 1879 –
Le retour des déportés communards
– 1889 –
Création de la deuxième Internationale, l’internationale socialiste

Congrès de Bâle de l’AIT (1ère Internationale) en 1869, désormais majoritairement pour la propriété collective des moyens de production

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