Le ministre des affaires étrangères (et du tourisme désormais, en gros le VRP de l’industrie du tourisme de luxe) a donc enfourché le cheval pour défendre… les grands groupes hôteliers.
La taxe de séjour, c’est ce qui permet que les touristes participent au financement des services publics dont ils bénéficient dans les communes qu’ils visitent. Il est évidemment impossible de demander un avis d’imposition pour indexer la taxe, il est donc logique que celle-ci s’applique en fonction du degré de standing.
Pour les hôtels 4 et 5 étoiles, elle est incroyablement faible : 1,50 euros, alors que le prix des chambres est de 385 € en moyenne pour un 5 étoiles à Paris et 185 euros pour les 4 étoiles en 2013. Quant aux palaces, dont les prix de chambres varient, par exemple pour le Fouquet’s, de 770 € à 10 500 € la taxe de séjour reste à 1,50 euros… La passer de 1,5 euros à 8 comme le proposent certains députés est donc tout sauf un grand sacrifice d’autant qu’ils n’ont même pas le courage de rendre cette augmentation obligatoire.
Les groupes hôteliers brandissent la répercussion sur l’emploi et sur la fréquentation. C’est évident que quand on paie une chambre 385 euros, on peine à la payer 393…
Quant à l’impact sur l’emploi, lorsque les hôteliers-restaurateurs ont obtenu la TVA à 5,5% au lieu de 19,6%, ils promettaient d’embaucher et de réduire les prix. On sait désormais qu’ils n’ont quasiment pas embauché et que les prix ont baissé de 2,1% en moyenne. Les restaurateurs ont donc empoché de 10 à 15% d’augmentation de leurs marges bénéficiaires. Et c’est bien cela dont Fabius vient de se faire le porte-étendard : les bénéfices des industriels du tourisme, en particuliers les grands groupes et les chaînes de luxe.
D’ailleurs, les pauvres hôteliers que Fabius accompagne sont des groupes comme Accor, qui possède une chaîne de plus de 1500 hôtels en France (et une quinzaine de marques : Sofitel, Mercure etc.) et qui le dit clairement par la voix de son PDG, S. Bazin : « le taux de la taxe, son montant, est insupportable sur les marges des entreprises aujourd’hui ». C’est bien sur les marges, donc les bénéfices que se pose le problème, et cela Fabius le sait bien mais ne le dit pas.
Mais qu’attendre d’autre du ministre le plus riche du gouvernement, avec un patrimoine de 5,2 millions d’euros, un salaire de ministre de plus de 100 000 euros annuels (et qui perçoit quand même son indemnité de conseiller municipal de plus de 6 000 euros, il n’y a pas de petits gains…) sans parler de tous les avantages et frais payés de sa vie de ministre, si ce n’est défendre sa classe, celle des riches et des profiteurs.
Alex Rouillard