Système carcéral, un malaise profond

70 818 détenus en prison au 1er octobre 2019, avec près de 800 mineurs. Une surpopulation carcérale atteignant les 116% et allant dans certains établissements à plus de 200%. Des conditions de détentions étant inhumaines selon plusieurs enquêtes, l’hygiène étant insupportable aux corps puisque les épidémies s’enchaînent à cause de la promiscuité. Le taux de sida est 14 fois supérieur en prison qu’en dehors, les soins n’étant cependant pas adaptées et les droits de l’homme étant oubliés pour la rentabilité d’une institution qui n’a pas pour objectif de réinsérer mais seulement de punir, ce qui se traduit par le nombre de suicides, 7 fois supérieur au taux français.

Une stratégie d’incarcération de masse

Pourtant cette stratégie d’emprisonnement à tout prix, ayant déjà le désavantage de provoquer ou d’intensifier des troubles mentaux chez près de la moitié des détenus, n’est pas efficace puisque la récidive d’un délinquant se situe à 60% si la peine s’est faite entièrement en prison et tombe à 39% en cas de liberté conditionnelle. Le budget alloué aux prisons n’est pas utilisé pour réinsérer puisque moins de 2% de ce budget est alloué au SPIP (service pénitentiaire d’insertion et de probation), le restant étant surtout utilisé pour la création de nouvelles places de prison et pour le coût d’emprisonnement qui s’élève à 100 euros par jour par prisonnier, la prison est donc une institution coûtant extrêmement cher aux contribuables.

Le crise du covid et les prisons

L’épidémie de covid a tendu encore plus une situation qui l’était déjà. Les conditions de détention (suppression des parloirs, avec une maigre substitution par téléphone; les promenades très limitées ou supprimées dans certains secteurs et donc un temps plus long à l’intérieur de sa cellule, où il y a souvent 3 ou 4 détenus) a posé de graves tensions entre les surveillants pénitenciers et les détenus, ces derniers ne pouvant bénéficier de gants, masques, gel hydroalcoolique. Sur le nombre de détenus, les magistrats durant le confinement ont substitué aux peines de prison des peines de travail d’intérêt général. Ça aurait permis de baisser le nombre de détenus, mais ça ne durera certainement pas après le confinement. Ça risque d’augmenter à nouveau.

Au profit des capitalistes

Cependant le système capitaliste ne cherche pas à limiter le nombre de détenus, au contraire ! L’arrivée du privé dans ce système carcéral a mené à la recherche du rendement et du profit sur le dos de tous. Les boîtes privées gèrent de plus en plus de choses en France, où le système carcéral est libéralisé pour tendre vers un modèle à l’américaine, capitaliste à fond. Il existe même des clauses dans certains contrat qui stipule que si la prison n’est pas assez remplie, l’état doit verser une compensation à l’entreprise !

Les prisons, associés à la justice et la police, est une composante importante de la lutte des classes ; comment expliquer la large indulgence à l’égard de la fraude et de l’optimisation fiscale qui coûtent aux services publics des centaines de millions d’euros, qui pourraient servir à l’amélioration des soins à l’hôpital ou à l’éducation, alors même que l’on met en prison une personne ayant simplement volé des pâtes et du riz pour se nourrir ou encore en condamnant l’aide aux migrants même lorsque des vies sont en danger.

La recherche de la non-récidive par la réinsertion

Derrière ces absurdités pénales, il faut chercher à limiter les délits, cela passe d’abord par comprendre les facteurs économiques et sociaux qui mènent à la délinquance et chercher casser ces mécanismes. La réinsertion économique (avoir un travail en sortie de prison) est une des solutions au problème carcéral mais ne résout pas les causes qui mènent aux délits.

Près de 40% des prisonniers sont emprisonné pour des » petits délits », 22% vols et 19% stupéfiants. Évidemment on n’est pas pour le vol ou le trafic mais la pauvreté pousse vers ce type de choses pour tenter de s’en sortir. S’attaquer aux trafics sans s’attaquer aux causes de la pauvreté (c’est-à-dire la société de classe), c’est donner des coups d’épée dans l’eau.

La prison n’a qu’un avenir sombre et douloureux sous le capitalisme. Si nous ne pouvons pas être certain de la fin totale du système carcéral rapidement, le socialisme permettra d’y enlever ceux qui n’ont rien à y faire et de traiter efficacement les détenus ayant besoin de soins médicaux ou psychologiques.

Ugo Gelé