- Halte aux attaques contre les droits démocratiques !
- Luttons contre la crise de la vie chère ! Erdoğan dégage !
- Luttons pour une alternative des travailleurs, une alternative socialiste !

Tract du Socialist Party (organisation sœur de la Gauche Révolutionnaire en Angleterre et Pays de Galles), publié le 25/03/2025 sur www.socialistworld.net
Le principal rival politique du président turc Recep Tayyip Erdoğan, Ekrem İmamoğlu, maire d’İstanbul, a été arrêté le 19 mars sur des accusations de corruption. Cette arrestation a eu lieu quelques jours avant que le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), ne présente İmamoğlu comme candidat aux prochaines élections présidentielles.
Bravant l’interdiction de manifester et les autres restrictions, les étudiants et les jeunes se sont organisés sur les campus universitaires et dans les rues, luttant héroïquement contre les violences policières. Les manifestations se sont rapidement propagées à de nombreuses villes de Turquie. Les plus importantes se déroulent à İstanbul et à Ankara.
Des membres de la Confédération des syndicats des travailleurs révolutionnaires (DISK) et de la Confédération des syndicats des employés du secteur public (KESK) ont également pris part aux manifestations.
Les jeunes et les travailleurs en ont assez des attaques constantes contre les droits démocratiques, de la corruption endémique, de la répression et de la dégradation du niveau de vie. Ils ne voient aucun avenir pour eux-mêmes.
Jusqu’à aujourd’hui, les étudiants, les lycéens et les jeunes en général ont été les moteurs du mouvement.
La récente attaque contre İmamoğlu fait suite à une série d’arrestations de syndicalistes, de militants de l’opposition, d’étudiants… même d’un astrologue !
Cependant, ces attaques contre les droits démocratiques ne découlent pas d’une position de force, mais de faiblesse. Le programme d’austérité mis en œuvre par le gouvernement, avec ses coupes brutales dans les dépenses publiques, a déclenché cette explosion et a accentué l’impopularité croissante d’Erdoğan.
La faible augmentation du salaire minimum national au début de l’année, alors que les super-riches engrangent des milliards, a montré de quel côté se range réellement Erdoğan. Certainement pas du côté des travailleurs.
Erdoğan tente d’intimider tous ses opposants et utilise tous les moyens à sa disposition, y compris la justice et la police, pour étouffer désespérément l’opposition et mettre fin aux manifestations de masse à travers la Turquie. Jusqu’à présent, des centaines de personnes ont été arrêtées lors des manifestations, et beaucoup ont été grièvement blessées par des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des matraques.
La plus grande crainte d’Erdoğan actuellement est que les manifestations se propagent aux lieux de travail et mobilisent de larges pans de la classe ouvrière, exigeant la fin des atteintes aux droits démocratiques et au niveau de vie.
« La plus grande crainte d’Erdoğan actuellement est que les manifestations se propagent aux lieux de travail et mobilisent largement la classe ouvrière »
Le CHP est-il une alternative à Erdoğan ?
La popularité d’İmamoğlu était déjà en hausse, car il était considéré comme le principal adversaire du régime de plus en plus autoritaire d’Erdoğan. Certaines des mesures sociales qu’il a mises en place à İstanbul, comme les « cantines urbaines » pour les personnes à faibles revenus, ont contribué à sa popularité croissante.
Le CHP organise actuellement des rassemblements pour défendre İmamoğlu, principalement devant l’hôtel de ville d’İstanbul. Mais comme l’ont souligné les jeunes présents à ces rassemblements, le mouvement ne se résume pas à l’arrestation d’İmamoğlu ; il s’agit aussi de répression, de dégradation du niveau de vie et d’absence d’avenir pour les jeunes.
En réalité, il y a une méfiance envers la direction du CHP, une crainte qu’ils puissent freiner le mouvement. Le mouvement est officiellement dirigé par le CHP, mais le véritable moteur des événements est la jeunesse, qui tente de forcer le CHP à adopter une position plus combative.
Le mouvement peut aller plus loin et ébranler les fondements du régime d’Erdoğan et du capitalisme même s’il parvient à lier les attaques contre les droits démocratiques aux questions économiques.
Ces manifestations sont les plus importantes depuis le mouvement du parc Gezi en 2013, lorsque des millions de personnes étaient descendues dans la rue pour sauver le parc Gezi de la démolition. Ce mouvement héroïque aurait pu aller plus loin si la classe ouvrière avait été à sa tête, avec ses propres organisations démocratiques de masse, dont un parti ouvrier de masse.
Mais depuis le mouvement de Gezi, le CHP se présente comme le seul espoir de se débarrasser d’Erdoğan. De toute évidence, cette approche n’a pas fonctionné et Erdoğan a pu mettre à bien de nouvelles attaques contre les droits démocratiques. Comme Erdoğan, le CHP n’a aucune réponse aux problèmes auxquels sont confrontés la classe ouvrière et les jeunes, car ils défendent eux aussi les intérêts des grandes entreprises.
Les travailleurs ont le rôle central à jouer
Il est urgent que tous les syndicats, militants pour le socialisme et organisations étudiantes construisent un front uni, proposant une alternative des travailleurs avec un programme clair.
Un programme socialiste pour les droits démocratiques, ainsi que pour l’emploi, le logement et les services pour tous, pourrait mobiliser des millions de travailleurs supplémentaires dans la rue, dans une lutte démocratique de masse contre le régime d’Erdoğan.
La formation de comités d’action démocratiquement organisés pour décider des prochaines étapes du mouvement constituerait une avancée cruciale. La pression des jeunes pour que les syndicats organisent une grève générale se fait déjà de plus en plus forte. Toute initiative visant à organiser le mouvement ouvrier et la classe ouvrière au sens large créerait une situation encore plus explosive et modifierait le rapport de force en faveur de la classe ouvrière.
Un tel front uni de travailleurs, issu de cette lutte et doté d’un programme politique, pourrait contraindre Erdoğan à démissionner et proposer une alternative socialiste ; lutter pour placer les banques et autres géants de l’économie comme le textile et la sidérurgie sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière, planifier la société dans notre intérêt et garantir un avenir décent à tous.