Serbie : 800 000 personnes manifestent contre le gouvernement Vučić !

La plus grande manifestation de l’histoire de la Serbie a eu lieu le 15 mars à Belgrade, la capitale. Jusqu’à 800 000 personnes y ont participé, pour une population totale de moins de sept millions d’habitants ! Ce fut l’aboutissement de quatre mois et demi de manifestations, grandes et petites, dans presque toutes les villes et villages du pays. Des marches et des blocages d’étudiants et d’agriculteurs, ainsi qu’une grève des enseignants, ont eu lieu suite à l’effondrement du toit de la gare de Novi Sad et à l’indignation générale face à la corruption, soupçonnée d’être à l’origine de la mauvaise qualité des infrastructures du pays.

Par Mira Glavardanov. Article publié le 26 mars 2025 sur www.socialistworld.net
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La manifestation de Belgrade du 15 mars a été considérée par beaucoup comme le « jour J ». Les gens disaient : « Cette fois, on ne rentre pas chez soi avant que ce soit terminé », et cette fois, « n’emmenez pas vos enfants ni vos animaux de compagnie ». Mais la manifestation a pris fin avant la tombée de la nuit et le président détesté Aleksandar Vučić est toujours debout. Une attaque a eu lieu lors de la manifestation pacifique, pendant les 15 minutes de silence (en mémoire des 15 victimes décédées sous le toit effondré de la gare). La police a utilisé un canon sonique pour semer la terreur parmi les manifestants, commettant ainsi un acte terroriste contre son propre peuple.

Pendant les jours précédant le 15, des milliers d’étudiants venus de toute la Serbie ont marché jusqu’à Belgrade à pied, accompagnés de milliers d’autres qui organisaient les transports vers la capitale. Mais le régime a eu recours à des stratagèmes prévisibles pour empêcher les gens d’atteindre Belgrade : autocars et trains annulés, nombreuses routes bloquées pour « travaux », bouchons immenses aux péages… Sans ces obstacles, la manifestation aurait été encore plus massive.

Depuis plusieurs jours, Vučić mettait en garde contre les violences qui pourraient éclater pendant la manifestation, provoquées par les étudiants, malgré le fait que toutes les manifestations précédentes avaient été pacifiques. Les seules violences qui se sont produites ont été causées par les voyous à la solde de Vučić. Il avait installé quelques centaines de ses « loyalistes » dans le centre de Belgrade, près du Parlement. Cette « ville-camp » était encerclée de tracteurs, qui avaient été acheminés par camion à Belgrade. Aucun n’avait de plaques d’immatriculation. Les campeurs s’appelaient eux-mêmes « les étudiants qui veulent étudier », comme pour protester contre le blocus des universités. Mais il était clair pour tous qu’à part quelques-uns, aucun n’était étudiant. Il s’agissait d’un groupe disparate de voyous, connus des habitants des petites villes d’où ils venaient. Ils comptaient également parmi eux de nombreux pauvres, en marge de la société, qui acceptaient nourriture et argent gratuits en échange de leur simple présence.rde contre les violences qui pourraient éclater pendant la manifestation, provoquées par les étudiants, malgré le fait que toutes les manifestations précédentes avaient été pacifiques. Les seules violences qui se sont produites ont été causées par les voyous à la solde de Vučić. Il avait installé quelques centaines de ses « loyalistes » dans le centre de Belgrade, près du Parlement. Cette « ville-camp » était encerclée de tracteurs, qui avaient été acheminés par camion à Belgrade. Aucun n’avait de plaques d’immatriculation. Les campeurs s’appelaient eux-mêmes « les étudiants qui veulent étudier », comme pour protester contre le blocus des universités. Mais il était clair pour tous qu’à part quelques-uns, aucun n’était étudiant. Il s’agissait d’un groupe disparate de voyous, connus des habitants des petites villes d’où ils venaient. Ils comptaient également parmi eux de nombreux pauvres, en marge de la société, qui acceptaient nourriture et argent gratuits en échange de leur simple présence.

Violence d’État

Beaucoup ont deviné que Vučić « prédisait » sa propre violence, qu’il utiliserait ensuite comme prétexte pour imposer la loi martiale et se maintenir au pouvoir. Vučić sait pertinemment que son régime est ébranlé. Mais parce que son régime mafieux est imprégné de sang et de corruption, il sait aussi que seule l’immunité conférée par un poste au gouvernement l’empêche d’être poursuivi. Des spéculations courent sur sa possible tentative de fuite ; on sait que ses enfants sont à l’étranger et que certains anciens ministres ont « disparu » avant de réapparaître soudainement dans des villas de luxe en Italie, par exemple. Vučić affirme qu’il ne partira jamais, qu’il « défendra la Serbie » jusqu’à la mort, associant apparemment la « Serbie » à son régime.

Le 15 mars, quelques heures après l’immense rassemblement, à la douzième minute de la veillée, un son étrange et très fort a pénétré la foule. Les manifestants ont décrit ce bruit comme celui d’une voiture qui les percutait ou d’un avion qui s’écrasait sur eux. Les gens se sont instinctivement précipités sur le côté pour laisser passer « ce quelque chose ». Certains ont été blessés et de nombreuses personnes ont dû être soignées pour des maux de tête, des nausées ou une perte d’audition. Un homme a été victime d’une crise cardiaque et est décédé par la suite. Le régime a nié l’utilisation d’un canon sonique, affirmant d’abord ne pas en posséder. Le ministre responsable de la Police a ensuite affirmé qu’ils en avaient, mais ne les avaient jamais utilisés. Quelques jours plus tard, un policier a affirmé que plusieurs appareils soniques étaient stationnés à différents endroits de Belgrade ce jour-là. Des personnels médicaux hospitaliers ont été vus en train de prendre des notes sur les patients rapportant des symptômes correspondants. Manifestement, l’ordre a été donné de réprimer toute discussion sur le canon sonique.
De nombreuses spéculations, dont certaines très crédibles, circulent sur les intentions de Vučić ce jour-là. On pense qu’il voulait provoquer une bousculade, et que ses hommes de main, cachés dans le « camp », s’en serviraient pour attaquer les manifestants à coups de pierres (vues placées dans les rues adjacentes, prêtes à être jetées). La police interviendrait et une violence extrême éclaterait, créant un scénario pour l’imposition de la loi martiale.

Mais ce n’est pas ce qui s’est passé. Les gens se sont réfugiés vers les bâtiments plutôt que le long de la rue, où les voyous auraient pu les attaquer. Les organisateurs étudiants ont également rapidement appelé à la fin de la manifestation. Le service d’ordre avait été organisé scrupuleusement, et a joué un rôle important dans la défense contre les violences policières, qui risquent fort de s’intensifier lors des prochaines manifestations.

Vučić s’est vanté d’avoir « vaincu la révolution de couleur », laissant entendre que tout le mouvement était orchestré par des puissances extérieures hostiles à son régime. Mais c’est absurde. Ce n’est pas une révolution de couleur, et il ne l’a pas vaincue. Au contraire, le mouvement semble plus déterminé à présent.

Vučić sait qu’il ne s’agit pas d’une révolution de couleur. Ce terme désigne les soulèvements soutenus par l’occident, contre des dirigeants qui n’agissent pas dans leurs intérêts. Vučić sert volontiers les intérêts occidentaux, mais aussi ceux de la Russie, de la Chine ou de tout autre pays désireux d’exploiter les ressources serbes, qui profitent également aux capitalistes serbes et aux politiciens corrompus. Vučić dénonce une révolution de couleur auprès de Poutine, tandis qu’auprès des dirigeants occidentaux, il dit que des forces pro-russes sont responsables du soulèvement.

Les manifestations n’ont pas cessé. Les étudiants organisent une autre grande manifestation pour le 4 avril. Mais on sent que quelque chose a changé et que l’ambiance est plus vive. Grâce à leurs marches à travers les villes et les villages ces derniers mois, les étudiants avaient réussi à mobiliser la population. Aujourd’hui, un autre événement majeur est en cours. Inspirés par le succès des « plénums » (assemblées) étudiants, les étudiants ont appelé la population à s’organiser sur un modèle similaire. Depuis le « 15 », de nombreuses assemblées locales ont eu lieu dans tout le pays. Les assemblées ont leurs propres revendications, comme la démission des principaux conseillers locaux, invariablement issus du parti au pouvoir. Les assemblées incluent souvent un moment « jet d’œufs », au cours duquel les coupes de cheveux et les costumes coûteux des conseillers corrompus et détestés sont ruinés.

« Jets d’œufs »

Des fissures dans l’État commencent à se créer. À Niš, dans le sud de la Serbie, après un tel « lancer d’œufs », plusieurs personnes ont été arrêtées. Elles ont cependant été rapidement relâchées, les autorités refusant de les poursuivre. Vučić menace désormais de licenciement les policiers et tous les autres policiers qui ne « défendent pas l’État », accentuant ainsi la répression et les violences policières. Vučić se comporte comme un animal blessé qui sait que son heure est venue et qui, désespéré, se déchaîne. Un ancien policier a écrit une lettre ouverte aux policiers, leur demandant de ne pas avoir peur de cet « individu très apeuré » qui les oblige à protéger des criminels tout en molestant le peuple dont ils font eux-même partie.

Les enseignants sont en grève depuis des mois. Le régime a suspendu leurs salaires ces deux derniers mois. Ils survivent grâce aux dons des travailleurs de Serbie et de la diaspora. Le syndicat des enseignants appelle d’autres syndicats à le rejoindre, mais malheureusement, cela fait cruellement défaut jusqu’alors. Les travailleurs craignent pour leur emploi ; nombre d’entre eux ont été licenciés simplement pour avoir exprimé leur solidarité avec les étudiants. Ces derniers ont également appelé les travailleurs et les syndicats à les soutenir dès le début. Il est significatif de noter que le 25 mars, cinq centrales syndicales ont annoncé avoir rencontré les étudiants pour leur apporter leur soutien officiel. Une courte déclaration indique également que c’est la première fois que les syndicats agiront ensemble pour changer les lois anti-ouvrières sur l’emploi et la grève. Ceci pourrait être déterminant pour l’avenir du mouvement, surtout si cela se traduit par un soutien actif à la grève des enseignants.

La solidarité dont le mouvement bénéficie depuis les pays voisins, trente ans après une guerre acharnée entre eux, est également significative. Mais cela aussi est dépassé à présent. À Zagreb, en Croatie, des étudiants ont également commencé à organiser des rassemblements, mécontents des frais de scolarité. Tragiquement, le soir même de la manifestation de Belgrade, une boîte de nuit illégale a brûlé en Macédoine du Nord, tuant cinquante-neuf jeunes. La solidarité a afflué en Macédoine du Nord de l’ensemble des Balkans. Les étudiants et les travailleurs de Macédoine du Nord ont immédiatement organisé des rassemblements, exigeant des démissions, des poursuites judiciaires et la fin de la corruption. Cela n’aurait peut-être pas eu lieu aussi rapidement si ce modèle n’avait pas déjà existé en Serbie. Le regain de solidarité entre étudiants et travailleurs des Balkans pourrait s’avérer décisif dans les prochains jours de tensions géopolitiques dans la région, en Europe et dans le monde. Les étudiants serbes n’ont reçu le soutien d’aucun État ou gouvernement capitaliste, et ce n’est pas étonnant. Vučić a effectué une nouvelle visite amicale à Bruxelles, promettant sans doute une fois de plus l’accès aux réserves de lithium de Serbie. L’UE a perdu toute crédibilité auprès de la population en Serbie.

Le fils de Trump avait également rendu visite à Vučić à Belgrade la semaine précédente. Il a confirmé le soutien des États-Unis au régime et a sans doute évoqué la construction d’un « hôtel Trump » en plein cœur de Belgrade. La Russie soutient également Vučić.

Le mouvement serbe n’a d’autres amis à l’étranger que les travailleurs. En effet, en rejetant le gouvernement corrompu et comprador [intermédiaire des intérêts capitalistes étrangers pour l’exploitation des ressources – ndt] du pays, les manifestations de masse rejettent également ses sales deals avec les puissances impérialistes. En éloignant le mouvement de l’opposition officielle, majoritairement pro-UE, et de certains partis nationalistes, le mouvement rejette à la fois le libéralisme et le nationalisme. Les étudiants ont dès le début soutenu le mouvement anti-mines de lithium, qui est par essence un mouvement anti-impérialiste, et les deux sont désormais étroitement liés.

Aucune puissance impérialiste ne peut sauver Vučić de son propre peuple. Ils auraient déjà soutenu un leader de l’opposition « ami » ayant une chance de gagner contre Vučić si un tel leader avait existé. Mais l’opposition officielle n’a pas de soutien. Les étudiants qui manifestent n’ont pas de dirigeants susceptibles d’être corrompus. Les impérialistes sont donc coincés avec Vučić.

« Assemblées populaires »

Le mouvement en Serbie s’est considérablement développé et de plus en plus de personnes agissent concrètement. Les « assemblées populaires » pourraient commencer à former des institutions parallèles, préparant le « jour d’après ». Elles devraient appeler les travailleurs à s’organiser sur leur lieu de travail de la même manière, en formant des « conseils ouvriers » ou des « comités d’action ouvriers », qui court-circuiteraient certains dirigeants syndicaux corrompus et encore attachés au régime. Les « conseils ouvriers » existaient déjà dans tous les lieux de travail de l’ex-Yougoslavie ; c’est un concept qui n’est pas étranger notamment à de nombreux travailleurs plus âgés. Cette fois, ils doivent être entièrement gérés de la base au sommet et non étouffés par la bureaucratie. Un contrôle démocratique des conseils ouvriers par les travailleurs eux-mêmes garantirait la représentation authentique des revendications des travailleurs, avec un droit de révocation immédiate des élus si nécessaire. De telles organisations, s’articulant à l’échelle locale, régionale et nationale, et s’alliant étroitement aux organisations étudiantes, seraient la base d’une puissante alternative au régime.

Des actions de masse visant à paralyser la société, y compris une grève générale, pourraient trouver un écho puissant à l’heure actuelle. Les organisations étudiantes, les assemblées locales et les syndicats prêts à agir, comme les enseignants, pourraient ouvrir la voie en appelant à des grèves pour isoler totalement le gouvernement et exiger sa démission. Cela poserait la question de savoir qui doit diriger la société et au nom de qui. Un gouvernement véritablement fondé sur les aspirations du mouvement de masse et de la population dans son ensemble serait anti-corruption, anti-privatisation, anti-impérialiste, anti-pauvreté et favorable aux travailleurs, aux étudiants et aux pauvres.

Le mouvement a déjà dépassé les contraintes de la « démocratie parlementaire » capitaliste. Mais la conscience qu’ont les étudiants et les travailleurs de leur propre pouvoir, leurs idées sur la nature de la société future sont logiquement à la traîne. Les « assemblées populaires », les « conseils ouvriers » et les organisations et réseaux étudiants peuvent tous offrir une expérience précieuse et constituer le matériau pour construire cette société.

Aboutir à une démocratie parlementaire capitaliste reviendrait à laisser les rênes au capital, étranger ou national, car c’est bien cela le capitalisme. Réussir à changer le régime et le système de manière durable et fondamentale exige une approche de classe indépendante et des idées et un programme pour le socialisme. Donc défendre des politiques servant les intérêts des travailleurs et des étudiants, pour répondre aux besoins en matière de logement, pour des emplois stables et de qualité, une éducation gratuite pour tous, la Santé accessible. Cela nécessiterait d’annuler toutes les privatisations et de mettre en place un système socialiste, basé sur les besoins de la population plutôt que sur les profits du grand capital. Les manifestations de masse, qui ont tenu ces derniers mois, avec leurs nouvelles organisations de base, véritablement démocratiques, représentant les besoins de la population, rendent possible la construction d’une alternative politique socialiste forte face aux politiques pro-capitalistes corrompues qui ne profitent qu’aux riches. Il est important que le mouvement s’oriente consciemment dans cette direction, afin de consolider les efforts et les résultats obtenus jusqu’à présent. Cela apporterait une perspective claire et éliminerait le risque que le mouvement de masse se fatigue et se désoriente, ce que le régime, ou plus probablement maintenant d’autres forces capitalistes, utiliserait pour prendre l’initiative.

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Najveći protest u srpskoj istoriji desio se 15. marta u Beogradu. Gornja procena je 800.000 ljudi; celokupno stanovništvo Srbije broji ispod sedam miliona. Bila je to kulminacija četiri i po meseca velikih i malih protesta u gotovo svim gradovima, mestima i selima širom zemlje. Organizovani su studentski i poljoprivredni marševi i blokade i štrajkovi prosvetara, povodom urušene nadstrešnice na železničkoj stanici u Novom Sadu i sveokupne ogorčenosti na korupciju za koju se veruje da je odgovorna za bedno i nesigurno stanje infrastrukture.

Mnogi su isčekivali beogradski protest 15. marta kao „dan D“. Ljudi su govorili, ovog puta ne idemo kući dok se ne završi, i ovaj put nemojte voditi svoju decu ili kućne ljubimce sa sobom. Ali protest se završio pre nego što je pala noć a omraženi predsednik Vučić je i dalje tu. Došlo je do napada na mirne demonstracije, tokom 15 minuta ćutnje (za 15 žrtava pod nadstrešnicom), nekom vrstom zvučnog topa koji je proširio paniku među demonstrantima, čime je izvršen teroristički akt nad sopstvenim narodom.
Danima pre 15. marta hiljade studenata iz cele Srbije pešačilo je do Beograda, zajedno sa hiljadama običnih ljudi koji su organizovali prevoz do glavnog grada. Ali režim je preduzeo sada predvidljive trikove da spreči narod da stignu do Beograda: autobusi i vozovi su ukinuti, mnogi putevi su blokirani „radovima na putu“, a velike kolone automobila držane su na naplatnim stanicama. Bez ovih opstrukcija protest bi bio još veći.

Vučić je danima upozoravao na nasilje koje će izbiti tokom protesta, koje će navodno isprovocirati studenti, uprkos činjenici da su svi prethodni protesti bili mirni i da su jedino nasilje izazivali njegovi batinaši. Nekoliko stotina svojih „lojalista“ je ulogorio u parku blizu skupštine, popularno nazvan „ćacilend“. Park je tada opkoljen traktorima koji su kamionima dovezeni u Beograd. Ni kamioni ni traktori nisu imali registarske tablice.  Lojalisti su sebe nazivali „studentima koji žele da uče“, što se navodno odnosilo na blokade univerziteta. Ali svima je bilo jasno da, osim nekolicine, niko tamo nije bio student. Vučić je sakupio lokalne ološe i batinaše, poznate ljudima iz manjih mesta odakle su došli, ali i mnoge siromašne ljude sa margine društva koji su jedva dočekali besplatnu hranu i novčanu naknadu za ulogu „studenata“.

Mnogi su nagađali da Vučić „predviđa“ sopstveno nasilje, koje će onda iskoristiti kao izgovor za uvođenje vanrednog stanja, u cilju opstanka na vlasti. Vučić dobro zna da mu je režim poljuljan. Ali pošto je njegov mafijaški režim toliko natopljen krvlju i korupcijom, on takođe zna da samo imunitet koji pruža pozicija u vlasti sprečava optužbe protiv njega. Spekuliše se da bi mogao da pokuša da pobegne; zna se da su mu deca u inostranstvu i da su neki bivši ministri „nestali“, a onda se iznenada pojavili kao stanari luksuznih vila u Italiji, na primer. Vučić, međutim, poručuje da nikada neće otići, da će „braniti Srbiju” do smrti, očigledno identifikujući „Srbiju” sa svojim režimom.

15. marta, nekoliko sati posle velikog okupljanja i u 12. minutu tišine, u masu je prodro čudan i veoma glasan zvuk, koji su ljudi opisivali kao da u njih uleću automobili ili da se na njih urušava avion. Ljudi su instinktivno počeli da trče po strani, dozvoljavajući „tom nečemu“ da prođe. Neki su bili povređeni u toj jurnjavi, dok je mnogima kasnije bila potrebna medicinska pomoć zbog glavobolje, mučnine ili gubitka sluha. Jedan čovek je doživeo srčani udar i kasnije preminuo. Režim je negirao upotrebu zvučnog topa, prvo tvrdeći da ga ne poseduju. Onda je ministar policije rekao da ih imaju, ali da ih nikada nisu koristili. Nekoliko dana kasnije jedan policajac je tvrdio da je tog dana bilo nekoliko zvučnih uređaja na različitim lokacijama u Beogradu. Medicinsko osoblje u bolnicama je viđeno da vodi beleške o pacijentima koji se žale na simptome. Očigledno je bilo naređeno suzbijanje svakog razgovora o zvučnom topu.

Ima mnogo spekulacija o prirodi Vučićevih namera za taj dan, neke vrlo verodostojne. Smatra se da je hteo da izazove stampedo koji bi njegovi batinaši, sakriveni u „ćacilendu“, iskoristili da napadnu demonstrante kamenicama (koje su ležale spremne na ulicama), intervenisala bi policija, došlo bi do žestokog nasilja, što bi sve stvorilo scenario za uvođenje vanrednog stanja.

Ali to se nije dogodilo iz razloga što su ljudi trčali bočno prema zgradama, a ne duž ulice, i što su studentski redari brzo prekinuli protest. Redari su do sada uvek bili odlično organizovani u odbrani protiv policijskog nasilja, što će i ubuduće biti od velike važnosti jer je moguće da će to nasilje biti još pojačano.
Vučić se posle hvalio da je „pobedio obojenu revoluciju“ ali to je besmislica. Niti se radi o obojenoj revoluciji, niti ju je on pobedio. Ako ništa drugo, pokret i odlučnost se čine još jači nakon događaja.

Vučić naravno zna da ovo nije obojena revolucija. Tako se nazivaju pobune koje podržava zapad, protiv vladara koji ne deluju za zapadne interese, na primer u Ukrajini 2014. Vučić i te kako služi zapadnim interesima, ali i ruskim ili kineskim, ili bilo kome drugom ko pokazuje interesovanje za srpske resurse, što takođe koristi i srpskim kapitalistima i korumpiranim političarima. Vučić se Putinu žali na obojenu revoluciju, dok zapadnim liderima za ustanak krivi proruske snage.

Protesti nisu ni najmanje utihnuli. Studenti organizuju još jedan veliki za 4. april. Ali oseća se da se nešto promenilo i da je raspoloženje oštrije. Svojim marševima kroz gradove i sela poslednjih meseci studenti su uspeli da mobilišu stanovništvo. Sada se dešava nešto drugo veoma značajno. Inspirisani uspehom svojih plenuma, studenti su pozvali narod da se organizuje po sličnom modelu. Za nedelju dana, od 15. marta, održani su brojni lokalni zborovi širom zemlje. Zborovi imaju svoje zahteve, poput ostavki lokalnih vodećih odbornika, koji su gotovo uvek iz vladajuće stranke. Zborovi često uključuju i „jajarenje“, sa do sada mnogo uništenih frizura ili skupih odela omraženih lokalnih kabadahija.

Počele su da se otvaraju pukotine u državnom vrhu. U Nišu, posle jednog ovakvog „jajarenja” uhapšeno je nekoliko osoba. Međutim, oni su brzo pušteni pošto je tužilaštvo odbilo da ih krivično goni. Vučić im sada preti otkazima, zajedno sa svim policajcima koji „ne brane poredak“, najavljujući tako pojačanu opresiju i policijsko nasilje. Vučić se ponaša kao ranjena zver koja zna da mu vreme ističe i koja saterana u ćošak reži i vitla kandžama. Jedan bivši policajac je uputio otvoreno pismo policajcima, u kom od njih traži da se ne boje „njegovog vrhovnog Preplašenstva“ koji im zapoveda da štite kriminalce dok istovremeno biju svoj narod kom i sami pripadaju.

Nastavnici štrajkuju već mesecima, jedini sektor radnika kojeg podržava njihov sindikat. Režim im je ukinuo plate za poslednja dva meseca. Učitelji preživljavaju zahvaljujući donacijama radnih ljudi u Srbiji i dijaspori. Sindikat nastavnika poziva druge sindikate da im se pridruže, ali nažalost to još uvek nedostaje. Radnici se plaše za svoj posao; mnogi su otpušteni samo zato što su izrazili solidarnosti sa studentima. Studenti su takođe pozvali radnike i sindikate da ih podrže od samog početka. Novija i značajna vest je da je pet sindikalnih centara održalo sastanak sa studentima i da su izjavili zvaničnu podršku. U kratkom saopštenju se takođe navodi da je ovo prvi put da će sindikati zajedno delovati na promeni zakona o radu i štrajku. Ovo bi moglo mnogo da doprinese budućnosti pokreta, posebno ako se realizuje i kao aktivna podrška štrajku nastavnika.

Značajna je i solidarnost koju je pokret dobio od susednih zemalja, trideset godina nakon gorkog rata između njih. Ali i to se pomaklo sa te tačke. Studenti u Zagrebu su takođe počeli da sami sazivaju plenume nezadovoljni visokim školarinama. Na veliku žalost, u Severnoj Makedoniji se desila tragedija iste večeri kada i beogradski protest, gde je izgoreo nelegalni noćni klub i poginulo pedeset i devet mladih ljudi. Solidarnost sa celog Balkana slila se u Severnu Makedoniju. Studenti i obični ljudi u Severnoj Makedoniji odmah su počeli da organizuju plenume, zahrevajući ostavke i optužnice za odgovorne i kraj korupciji. To se možda ne bi dogodilo tako brzo da model već nije postojao u Srbiji.

Ponovo probuđena solidarnost među studentima i radnim ljudima na Balkanu mogla bi da postane odlučujuća u narednim danima geopolitičkog zaoštravanja noževa u regionu, Evropi u celini i svetu. Srpski studenti nisu dobili podršku nijednog kapitalističkog establišmenta i nije ni čudo. Vučić je otišao u još jednu prijateljsku posetu Briselu, bez sumnje ponovo obećavajući srpske rezerve litijuma. EU je izgubila svaki kredibilitet među ljudima u Srbiji.

Trampov sin je takođe posetio Vučića u Beogradu nedelju dana ranije. Potvrdio je američku podršku režimu i bez sumnje se govorilo o izgradnji „Tramp hotela” na centralnoj lokaciji u Beogradu. Podršku Vučiću daje i Rusija.

Srpski pokret nema prijatelja u inostranstvu osim radnih ljudi. To je zato što, odbacujući korumpiranu kompradorsku vladu kod kuće, masovni protesti odbacuju i njene prljave poslove sa imperijalističkim silama. Distancirajući se od zvanične opozicije, koja je pretežno pro-EU, i nekih nacionalističkih partija, oni odbacuju i liberalizam i nacionalizam. Studenti su od samog početka podržavali pokret protiv kopanja litijuma, koji je u suštini anti-imperijalistički, i ta dva pokreta su sada temeljno povezana.

Ni jedna imperijalistička sila neće moći da spase Vučića od sopstvenog naroda. One bi do sada sigurno podržale „prijateljskog“ opozicionog lidera sa šansom da pobedi Vučića, da je takav lider postojao. Ali zvanična opozicija nije popularna i studenti koji protestuju nemaju lidere koji bi mogli biti korumpirani. Imperijalne sile tako nemaju drugu opciju nego da podržavaju Vučića.

Protestni pokret u Srbiji je značajno narastao i sve veći deo stanovništva preduzima konkretne akcije. Narodni zborovi bi mogli da počnu da formiraju paralelne institucije, pripremajući se za „dan posle”. Treba pozvati radnike da počnu da se organizuju na svojim radnim mestima na sličan način, formirajući radničke savete ili „radne komitete” koji bi zaobišli korumpirane sindikalne vođe koji su još uvek u sprezi sa režimom. Radnički saveti su postojali u bivšoj Jugoslaviji na svim radnim mestima, tako da to nije nepoznat koncept, posebno za mnoge starije radnike. Ovog puta upravljanje u radničkim savetima mora biti potpuno odozdo, bez birokratije koja će ih gušiti. Redovna demokratska kontrola radničkih saveta bi obezbedila istinsko zastupanje radničkih interesa, uz pravo na momentalni opoziv izabranih predstavnika, ako i kada bude potrebno. Ovakva tela koja se povezuju na lokalnom i nacionalnom nivou, i blisko povezana sa studentskim organizacijama, bila bi osnova za moćnu alternativu režimu.

Masovne akcije koje imaju za cilj blokadu funkcionisanja celog društva, uključujući generalni štrajk, mogle bi u ovom trenutku da imaju snažan odjek. Studentske organizacije, lokalni zborovi zajedno sa onim sindikatima koji su spremni za delovanje, poput nastavnika, mogli bi da prednjače u pozivu na štrajk kako bi se u potpunosti izolovala vlast i zahtevati njenu ostavku. U tom slučaju bi se postavilo pitanje ko treba da vodi društvo i u čije ime. Vlada koja bi istinski bila zasnovana na idejama masovnog pokreta bila bi antikorupcijska, anti-imperijalistička, protiv privatizacija i siromaštva i pro-radnička, studentska i narodna.
Pokret je već zaobišao ograničenja kapitalističke „parlamentarne demokratije“. Ali svest studenata i radnika o sopstvenoj moći i idejama o prirodi budućeg društva neizbežno zaostaju. Narodni zborovi, radnički saveti i studentski plenumi mogu da ponude kako dragoceno iskustvo tako i osnovice tog društva.

Zadovoljiti se kapitalističkom parlamentarnom demokratijom značilo bi prepustiti uzde stranom ili domaćem kapitalu, jer to je ono što kapitalizam jeste. Za uspešnu trajnu i temeljnu promenu režima i sistema potreban je nezavisni klasni pristup i socijalističke ideje i programi. To znači zagovaranje politike u korist običnih ljudi, radničke klase i studenata i njihovih potreba za domovima, dobrim i sigurnim poslovima, besplatnom obrazovanju za sve, besplatnim i dostupnim zdravstvenim sistemom. To bi zahtevalo poništavanje svih privatizacija i uspostavljanje socijalističkog sistema koji se zasniva na potrebama običnih ljudi, a ne na profitu krupnog kapitala. Istrajne masovne demonstracije poslednjih meseci, sa novoformiranim istinski demokratskim organizacijama koje zagovaraju potrebe običnog radnog naroda, daju priliku da se izgradi snažna socijalistička politička alternativa korumpiranoj pro-kapitalističkoj politici koja ide u korist samo bogatašima. Važno je da se pokret svesno orijentiše u tom pravcu, što bi obezbedilo da dosadašnji trud i dostignuća steknu čvrstu podlogu. To bi ponudilo jasnu viziju i otklonilo opasnost od umora i dezorijentacije masovnog pokreta, što bi režim, ili neke druge kapitalističke snage, iskoristili da preuzmu inicijativu.