Turbulences balkaniques

Après le Kosovo qui a mobilisé l’attention de la communauté internationale, voilà que les choses se corsent en Macédoine ou les guérilleros – indépendantistes albanais proches de l’UCK essayent d’agrandir leur influence territoriale.

Article paru dans l’Egalité n°86

Sur fond de risque d’explosion de tous les Balkans, l’ONU et les grandes puissances mondiales montrent une nouvelle fois leur incapacité à promouvoir une issue pacifique au conflit.

Dans une situation de crise économique et politique qui perdure depuis près de 30 ans, les peuples des Balkans se laissent tenter par des aventures nationalistes dont le moteur principal est l’idée que tout va mal à cause du voisin serbe, croate, slovène, musulman ou albanais. Dans cette situation, où le nationalisme n’a rien de progressiste, les grandes puissances essayent de tirer leur épingle du jeu selon deux axes : primo, défendre leurs intérêts, secundo, éviter que les turbulences ne se répandent et ne remettent en cause les stabilités socio-économico-politiques nécessaires au bon fonctionnement de l’économie capitaliste.

Lors du conflit kosovar, les grandes puissances, quoique divisées entre elles, avaient globalement pris la défense de l’UCK au nom de la lutte contre le président serbe Milosevic, non pas parce que celui ci n’était pas très démocrate (ces grandes puissances ont des dizaines de dictatures amies de part le monde) mais surtout parce qu’il refusait de se plier aux exigences des puissants de ce monde. Mais le soutien à l’UCK a des limites et celui ci doit correspondre à des intérêts réels et immédiats. Dans le cas de la Macédoine, pourquoi soutenir une armée sans argent pour acheter de l’armement moderne, pourquoi soutenir des actions de guérilla qui risquent de déstabiliser la région pour peu que la Grèce rentre dans le conflit ?

Aveuglées par leurs propres intérêts de puissance capitaliste

La seule chose qui motive les grandes puissances, c’est leurs intérêts économiques. En effet, elles ont poussé à l’éclatement de la Yougoslavie notamment en finançant l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie car ce sont des régions « riches » et maintenant elles poussent au statu quo comme c’est le cas en Macédoine. Et ceci bien entendu au mépris complet des populations des Balkans dont les ethnies sont pourtant étroitement imbriquées.

Il faut donc que les choses rentrent dans l’ordre et rapidement, quelle que soit la méthode utilisée par l’armée macédonienne aidée par ses conseillers militaires étrangers. La répression des militants de l’UCK en Macédoine comme ailleurs ne pourra malheureusement que faire resurgir une question nationale qui n’est pourtant pas au centre des problèmes des populations balkaniques. La démission des élus du groupe albanophone du parlement macédonien en est la démonstration.

Dans les Balkans comme ailleurs, la question nationale ne se réglera pas à coup de redécoupages des frontières ou de déplacements de population. Seule la lutte commune des opprimés quelles que soient leurs nationalités, leurs langues ou leurs cultures pour une société socialiste débarrassée de l’oppression politique et économique pourra résoudre le problème de la question nationale avec laquelle les grandes puissances aiment tellement s’amuser.

Par G. Beckeman