Sénégal : la crise politique et sociale s’accentue

Plusieurs dizaines de morts, des universités fermées et internet restreint : le printemps a été marqué par des affrontements violents au Sénégal. Socialement le pays est plongé dans une crise majeure. Depuis les années 2008-2010, les jeunes, les travailleurs et les paysans ont subi des périodes de famine, un chômage massif et un avenir plus que bouché pour la jeunesse. La colère est grande contre la présidence de Macky Sall qui utilise toujours plus la force armée et la répression.

Les tensions se sont cristallisées autour du duel politique qui existe entre Macky Sall et Ousmane Sonko. Ce dernier a été condamné à deux ans de prison en juin, ce qui a entrainé des émeutes dans le pays. Sonko incarne l’opposition à Sall depuis 2017-2018, il a été candidat aux dernières présidentielles en 2019 et voulait se représenter en février 2024. Maire de la vie de Ziguinchor, c’est dans cette ville que les affrontements ont fait le plus de morts.

Ancien fonctionnaire, inspecteur des impôts, il a fondé le parti Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Éthique et la Fraternité (PASTEF). Centré sur la lutte contre la corruption, il est soutenu par une grande partie de la jeunesse. Politiquement, son programme est clairement libéral et a récemment accentué un profil religieux, avec des sorties médiatiques contre l’homosexualité.

Une grande instabilité politique et sociale s’est installée. Et les capitalistes font pression. En échange de prêts bancaires, Macron veut accroître l’exploitation des ressources, notamment du gaz sénégalais. Le FMI « prête » 1,8 milliard en échange de nouvelles « adaptations » et donc coupes dans les budgets. Macky Sall a annoncé le 3 juillet 2023 renoncer à tenter un troisième mandat de 5 ans, après 12 ans au pouvoir.

Les jeunes, les travailleurs et les masses pauvres du Sénégal ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre la misère et l’exploitation capitaliste dans leur pays et en Afrique. Pour cela, il est nécessaire qu’ils reconstruisent un parti défendant leurs intérêts indépendamment de ceux de la bourgeoisie sénégalaise et des pays impérialistes.

Article par Leïla Messaoudi, paru dans l’Égalité n° 217