Au Brésil, et notamment dans sa « vitrine », Rio de Janeiro, la situation économique et sociale est loin d’être rose. Une fois encore, c’est à la lumière d’une compétition sportive internationale (les Jeux Olympiques) qu’on en entend (vaguement) parler. L’injustice et la misère poussent les travailleurs sur place à se battre pour défendre leurs conditions de vie.
Article publié dans l’Egalité n°178 (juillet-août 2016)
Situation terrible
Le 17 juin, le gouverneur de l’État de Rio a déclaré l’état de « calamité économique » pour obtenir 2,9 milliards de reais (800 millions d’euros) de l’État fédéral. L’argument, selon lui, était que sinon il y avait risque d’un « effondrement imminent » de « la santé, l’éducation, la mobilité, la sécurité publique, la gestion environnementale ».La soudaine préoccupation du gouvernement pour les services publics revêt des airs franchement cyniques. L’argent reçu de l’État fédéral ira à financer… les installations pour les JO ! Par contre cet état de « calamité éonomique » donne le droit de réduire les salaires des secteurs publics.
Alors que la récession au Brésil a été de 4% l’an dernier, à Rio, le coup est d’autant plus dur. Depuis les années du boom économique, l’État organise la fuite de milliards de reais des caisses en accordant aux entreprises des exonérations d’impôt. Pour 2016, on parle de 2,2 milliards d’euros ! Celles qui sont le plus généreusement «exonérées» sont aussi celles qui financent grassement les campagnes électorales… Hasard ? Aujourd’hui, fonctionnaires (enseignants, médecins…), retraités… perçoivent leur salaire ouleur retraite avec des mois de retard. Fin juin, la plupart des fonctionnaires n’avait reçu que le premier versement de leurs salaires de… mai ! La situation dans les hôpitaux et dans l’éducation est catastrophique.
Résistance et grèves !
Il y a des airs bien connus qui reviennent, comme une rengaine, dans les médias. Invoquer «l’image du pays»… Les travailleurs qui se défendent sont accusés de faire fuir les touristes… Dès mai 2015, des milliers d’ouvriers étaient en grève sur les chantiers du stade Engenhao et avaient obtenu 8% d’augmentation de salaire après 4 jours de mobilisation. Aujourd’hui les grèves se déclenchent en nombre. Même les policiers ont fait grève fin juin. Des écoles sont occupées par les élèves. Le 2 juillet, les travailleurs d’Eletrobras ont entamé une grève de 72 heures pour demander de meilleurs salaires et lutter contre la (probable) privatisation de cette compagnie d’électricité.
Pour la première fois depuis 1999, les travailleurs de Rio Previdência (caisse de retraite) étaient en grève pour réclamer leurs salaires. Les professeurs sont massivement en grève depuis début mars. À tel point que ne sachant plus quoi faire, le gouvernement a attaqué leur mouvement en justice.
Avec le nouveau président de droite (non élu) Temer, une vague d’attaques contre les travailleurs et les masses pauvres est annoncée. Les syndicats et les partis devront mener une lutte unifiée et construire une grève générale pour stopper ces attaques !
Pour en savoir plus, visitez le site de notre organisation sœur au Brésil, Liberdade, Socialismo e Revolução (LSR).
Par Cécile Rimboud