Après obtention de leur concours, qu’ils passent à l’issue de leur première année de Master (bac+4), les professeurs des écoles effectuent une année de stage. Dans l’académie de Rouen, ces stagiaires sont placés par deux sur un même poste : ils se relaient en classe toutes les trois semaines. Ainsi, lorsque l’un des membres de ce binôme est en classe, l’autre retourne poursuivre sa formation à l’ESPE (nouveau nom des instituts de formation des maîtres).
Pour être titularisé à la fin de l’année, il faut parvenir à valider son année de Master 2 (ce qui inclut, entre autre, la rédaction d’un mémoire). Il faut aussi obtenir l’avis favorable des deux tuteurs (un professeur des écoles-maître-formateur et un membre de l’ESPE).
Cette organisation est extrêmement lourde pour les stagiaires. Tout d’abord, le fait de se relayer à deux dans une classe, et d’autant plus à deux débutants, impose une coordination importante. Pour mener ce travail, une journée de « tuilage » où les deux stagiaires sont ensemble dans la classe a lieu avant chaque changement d’enseignant. Mais cette journée se déroule en présence des élèves. Évidemment, tous les échanges ont en réalité lieu une fois la classe terminée, et donc sur le temps personnel des stagiaires !
Ensuite, la formation à l’ESPE est plus qu’insatisfaisante : emploi du temps qui change à la dernière minute, formation les mercredis après-midi, des semaines où le stagiaire est en responsabilité de classe (ou durant certaines vacances scolaires !). La formation disciplinaire est morcelée entre les deux membres du binôme ; à charge ensuite pour chacun de transmettre bénévolement ce qu’il a appris à son collègue (d’autant plus qu’il est demandé aux collègues d’enseigner toutes les disciplines durant leurs trois semaines de terrain), absence de formation pratique sur les autres cycles que celui où est affecté le stagiaire…
Enfin, le fait de recevoir les visites de deux tuteurs, parfois simultanément (auxquelles s’ajoutent éventuellement les visites d’un conseiller pédagogique) est source de pression supplémentaire pour les stagiaires qui se retrouvent parfois pris entre des injonctions contradictoires. La pression est d’autant plus grande que, même s’ils ont un rôle de conseil, ces tuteurs sont là pour évaluer le stagiaire et, à terme, décider de sa titularisation.
Malgré la propagande gouvernementale qui clame haut et fort qu’elle a réinstauré une formation pour les professeurs, on voit bien qu’on est encore loin du compte ! C’est pourquoi nous revendiquons un recrutement niveau licence suivi de deux années de formation pratique et théorique avec une entrée progressive dans le métier !
Par Sarah L.