Pologne : Des dizaines de milliers de personnes protestent contre l’arrêt de la Cour constitutionnelle sur l’avortement

Des dizaines de milliers de femmes sont descendues dans les rues de Pologne pour se soulever contre la vie dans un « enfer féminin ». La Cour constitutionnelle a effectivement interdit l’avortement, en le déclarant inconstitutionnel dans les cas d’anomalies fœtales graves. Ces cas représentaient 96 % des 1 100 avortements qui ont eu lieu légalement dans le pays l’année dernière.

Avec des pancartes déclarant : « Je voudrais pouvoir faire avorter mon gouvernement », des dizaines de milliers de manifestants sont venus, non seulement à Varsovie et dans les grandes villes, mais aussi dans les petites villes qui ont été les bastions du soutien du PIS (Parti du droit et de la justice) au pouvoir. Ils ont été rejoints par des mineurs, des agriculteurs, des manifestants LGBT et d’autres groupes en colère.

Si le PIS pensait qu’une attaque contre l’avortement servirait à détourner l’attention de sa gestion inepte de la pandémie de Covid, c’est le contraire qui s’est produit. Défiant les restrictions sur les coronavirus, les protestations contre l’avortement sont devenues un paratonnerre pour l’immense mécontentement social qui s’est accumulé contre le gouvernement réactionnaire de droite du PIS, y compris au sujet du Covid.

En 2016, le gouvernement a été contraint par les protestations de masse dans les rues, qui ont inspiré des mouvements de femmes au niveau international, de faire marche arrière par rapport à sa tentative, en se servant de l’Église catholique, de criminaliser l’avortement. Cette fois, sous le couvert de Covid, le PIS a contourné le parlement et est passé par la Cour constitutionnelle qu’il avait déjà remplie de ses copains.

Avant même la décision de la Cour, la Pologne avait l’une des lois sur l’avortement les plus restrictives d’Europe. Seuls 10 % des hôpitaux pratiquaient des avortements légaux. Désormais, tout avortement est criminalisé, sauf dans les rares cas de viol, d’inceste ou si la vie de la mère est menacée. Comme l’a dit un manifestant, les femmes sont transformées en couveuses humaines, « torturées » et forcées de donner naissance même à un fœtus mort.

Selon les organisations de femmes, chaque année, 80 à 100 000 femmes polonaises quittent le pays pour se faire avorter. Ce sont donc les femmes pauvres et ouvrières qui n’ont pas les moyens de voyager qui vont surtout « vivre en enfer ».

D’autres manifestations

Le mercredi 28 octobre, les manifestants ont organisé une grève nationale des femmes avec des manifestations de masse dans les rues. D’autres manifestations sont prévues. La prochaine étape devrait être des manifestations de masse et des actions syndicales, pouvant aller jusqu’à une grève générale de 24 heures de tous les travailleurs, et une escalade, si nécessaire, pour demander que la décision réactionnaire soit annulée ; que toutes les femmes aient accès à un avortement sûr, et que les ressources économiques soient mises à disposition pour les soins de santé, une contraception sûre, des garderies abordables, etc. Afin que les femmes aient un droit réel de choisir quand et si elles veulent avoir des enfants et de le faire sans pauvreté ni interférence religieuse.

Mais le mouvement a le potentiel d’aller beaucoup plus loin : rassembler tous ceux qui s’opposent aux attaques du gouvernement du PIS contre les droits des femmes, les droits des LGBT, les droits démocratiques et des travailleurs, et les effets économiques de la pandémie de Covid – jeter les bases d’un parti de masse qui pourrait se battre pour les intérêts des travailleurs et de tous les groupes opprimés de la société capitaliste.