Nager : une approche de classe.

Les congés payés sont des moments où on essaye de changer d’air, même si on n’arrive pas à partir en vacances, on cherche à prendre du bon temps, loin de notre exploitation quotidienne.

Sur les plages, autour d’un lac ou à la piscine, se baigner par forte chaleur est un plaisir. Mais peu d’entre nous nageons régulièrement, c’est même plutôt rare, et les raisons sont bien matérielles.

En France, les services publics sont sans arrêt attaqués, mal subventionnés, et laissés à l’abandon. C’est le cas des piscines municipales partout dans le territoire, ce sont les travailleurs, les pauvres et les jeunes qui sont éloignés, pas la bourgeoisie !

Piscines municipales en pénurie dans les villes ouvrières, les riches ont les leurs !

Apprendre et s’exercer à nager n’est pas accessible de la même manière qu’on habite dans le centre bourgeois ou dans une banlieue ouvrière ou à la campagne.
L’histoire des piscines débute au moment où le capitalisme développait des quartiers et de villes entières pour loger les ouvriers d’une usine, ou de la mine. Dans un souci de répondre au besoin d’hygiène, les bourgeois font construire des « salles de bain » mais dans des quantités dérisoires. En 1910, il n’y avait qu’une vingtaine de piscines, 70 fois moins qu’en Allemagne !

Le Front Populaire va développer les piscines dans le cadre du programme de démocratisation du sport. En dehors de cette parenthèse, l’état ne constituera pas de service public, jusqu’en 1960. Localement les municipalités ont dû se doter de piscines d’elles-mêmes, initiatives notamment prises dans les mairies communistes. Les piscines olympiques sont concentrées dans les centres des grandes villes, pour la bourgeoisie. Sauf que l’absence de piscines pour l’ensemble de la population fait que la mortalité par noyade est énorme : c’est-à-dire la première cause de décès en France . C’est pour essayer de rattraper le retard pris que l’état va investir, mais de manière chaotique, résultat, faute de budget, la plupart des projets ont été abandonnés.

C’est en 1970 que le projet des « 1000 piscines » est lancé avec les piscines standardisées en coupole (piscine tournesol), que l’on connaît tous. Sur 1000, plus de 800 piscines sortent de terre. Mais les chocs pétroliers et la hausse du coût de l’énergie fragilisent déjà le tout petit service public.

Avec Chirac, la piscine n’est plus une priorité, désormais la natation doit être remplacée par le loisir avec les centres aquatiques plus rentables pour les capitalistes. Le manque d’investissement amène à ce que les piscines dépérissent aujourd’hui. Le regroupement de communes en « Métropole » ou en communauté de communes fait que les piscines disparaissent dans les petites villes pour continuer d’exister dans les centres villes.

En même temps que les services publics disparaissent pour nous travailleurs et jeunes, la bourgeoisie, elle, se construit des piscines privatisées. Il y a 3 millions de piscines privatives soit 40% de plus qu’en 2020. La mortalité par noyade repart en hausse ! Fruit du hasard ? Non, juste une conséquence du capitalisme et de ces logiques de profit.

Privatisations des piscines, ça s’accélère !

Faute de moyen, des piscines menacent de fermer ; des grands groupes en profitent pour racheter à faible coût pour en faire leur profit, avec des « délégations de service public », le privé possède la piscine mais doit rester disponible pour les écoles dont la mairie paye pour les places ! Le reste du temps, ils font ce qu’ils veulent et vont rogner dans les coûts avec moins de personnels ou d’entretien. Aujourd’hui 15% des 4135 piscines sont sous ce régime privé, avec les groupes Equalia, Récréa,… qui constituent d’importantes concentrations d’établissements. Quand les piscines dysfonctionnent, le contrat signé avec les collectivités impose aux mairies de faire les réparations… Un comble ! Résultat, 54% des femmes de 65 à 74 ans ne savent pas nager, contre 27% chez les hommes.
700 à 1000 noyades par an largement évitable !! En Seine Saint Denis 67% des élèves savent nager à la fin du collège contre 89% nationalement. A Marseille, 55% des enfants ne savent pas nager… Nager est bien de question de classe dans le capitalisme.

Que se passe-t-il avec les JO 2024 ? Quelle politique pour la natation ?

Puisque les politiques publiques ont été chaotiques, il n’y a pas assez d’équipements pour accueillir les JO 2024. Donc ils font construire les piscines olympiques privées à Aubervilliers à la place des jardins ouvriers ! Toute l’hypocrisie du capitalisme. Plutôt qu’un immense complexe privé, il aurait été possible de faire construire des piscines partout où il y a un vrai besoin dans les quartiers ouvriers et populaires. Ces structures auraient un véritable rôle. C’est un gâchis monumental. Un véritable délire capricieux de la bourgeoisie.

La dégradation des rapports sociaux.

Comme l’écrivait Karl Marx : « la bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux ». Il est juste de dire que la bourgeoisie se sert du contrôle du corps dit « idéal » – qui change régulièrement- pour le mettre au service du marché et de la vente ; qu’on retrouve absolument partout (pub, réseaux sociaux,…).
Au manque d’un service public de qualité, s’ajoute donc la peur du regard des autres notamment chez les jeunes, ne pas être dans le « corps idéal » et vendeur, qui provoque de l’exclusion. Tout comme les provocations et sorties des réactionnaires, tantôt racistes tantôt sexistes,qui servent à intimider et font que certaines personnes n’utilisent pas les piscines ou les espaces publics de baignade pour maîtriser la nage.

Abolir le capitalisme est un enjeu aux multiples conséquences !

En conclusion, notre approche, celle du socialisme scientifique permet de comprendre les rouages de toute la société dans le capitalisme, y compris comment notre quotidien est-il fait. Et seule une approche réellement socialiste ; c’est-à-dire de remise en cause de la propriété privée des moyens de production peut permettre la mise en place de véritables services publics de qualité, à la hauteur des besoins exprimés collectivement et démocratiquement. Une économie planifiée et gérée directement par les travailleurs et les jeunes, nous permettra de faire face à ces problématiques, au lieu de millions de piscines privatives, on pourra rendre les piscines accessibles, gratuites et bien entretenues pour l’ensemble de la population et aux jeunes générations. On pourra donner des cours, former des maîtres.ses nageur.ses, des sportifs, éviter les noyades. Par ce tout petit exemple, voilà comment les socialistes révolutionnaires veulent changer la société !

Yohann