La grève des 25 travailleurs de MT-BAT Immeubles continue malgré leur expulsion manu militari ce matin. La lutte a commencé le 7 septembre suite à l’accident d’un de leurs collègues sur leur chantier. Ces travailleurs sans papiers non déclarés (malgré des années de présence et de travail acharné en France !) ont des conditions de travail terribles : « On a un nouveau masque toutes les deux semaines, les gants, c’est les nôtres, l’échafaudage, il est attaché avec des câbles ». Jusqu’au 29 septembre, ces travailleurs ont occupé leur chantier jour et nuit pour demander contrats de travail et fiches de paye rétroactives à leur ultra-voyou de patron pour pouvoir déposer une demande à la préfecture pour être régularisés.
Large soutien
La grève bénéficie d’un soutien large parmi les habitants du quartier, les travailleurs également comme une partie de l’équipe pédagogique du lycée voisin, Duruy, les syndicats naturellement (la lutte est activement soutenue par la CGT qui a impliqué plusieurs Unions Locales et l’Union Départementale, la fédération de la Construction, celle des Banques et Assurances – les propriétaires du bâtiment ne sont autres que Covéa, un groupement de mutuelles !), différents partis dont la Gauche Révolutionnaire depuis le début. Un vœu de soutien a même été adopté au conseil de Paris mardi dernier. Tout du long, les soutiens ont apporté couvertures, serviettes, denrées alimentaires… la solidarité a été forte pour le droit de travailler dignement.
Les donneurs d’ordre dédouanés
Le 12 septembre, comble du cynisme, Covéa (MAAF, MMA, GMF) rompt son contrat avec la société qui sous-traitait les travaux. Et demande, en justice par-dessus le marché, l’éviction du chantier ! Depuis le 22 septembre, les patrons ont demandé la fermeture du site. Les grilles et la porte menant à la cour étaient déjà scandaleusement fermées quasiment depuis le début (il ne faudrait pas que l’occupation et la grève se voient trop !). Jusqu’au 29 septembre, on ne pouvait plus parler aux grévistes que par une lucarne minuscule dans la porte fermée à clé et gardée 24/24 par une équipe de 6 vigiles privés qui se relayaient pour surveiller les grévistes dans et à l’extérieur du bâtiment ! Ce matin le bâtiment a été évacué par la police.
Et comme le précise le communiqué de la CGT : « La loi « Savary » de juillet 2014 censée organiser la responsabilité solidaire du maître d’ouvrage, du donneur d’ordre vis-à-vis de ses sous-traitants est inopérante : la dénonciation des contrats de sous-traitance libère de toute responsabilité Maître d’ouvrage et donneur d’ordre et ne protège en rien les salariés. » Scandaleusement, les donneurs d’ordre et la société qui sous-traitait à MT-BAT n’auront légalement à répondre de rien ! Alors que les travailleurs n’ont toujours pas vu la couleur de leurs fiches de paye ou de leurs contrats.
Même dehors, la lutte continue, régularisation !
Un travailleur a déjà reçu un récépissé de demande de carte de séjour à la préfecture, premier pas concret vers la régularisation. Treize sont convoqués dans la prochaine semaine pour avoir enfin des cartes de séjour temporaires. La Gauche Révolutionnaire demande la régularisation immédiate de tous les travailleurs sans papiers. Pour la dignité des travailleurs, et pour que cesse enfin cette exploitation forcenée et sans limites ; pour que plus aucun patron ne puisse s’en mettre plein les poches en exploitant illégalement le Travail. Pour de bons emplois avec de bons salaires pour toutes et tous : régularisation !
Par Cécile