Loi « sécurité globale » : non au renforcement de la machine répressive

Samedi 21 novembre, dans toute la France, des milliers de personnes ont manifesté contre le texte de la loi « sécurité globale », adoptée le vendredi 20 novembre à l’Assemblée Nationale en première lecture. De nouvelles manifestations auront lieu samedi 28 ; la Gauche révolutionnaire appelle à y participer.

De ce texte, les médias n’ont retenu que l’article 24 qui prévoit de punir d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende la « diffusion d’images » identifiant un policier ou un militaire dans le cadre de sa fonction « dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique » de manière « manifeste ». Le problème serait donc la diffusion des images de policiers violents et non les actes violents de policiers…

La loi les protège donc dans le cadre de « bavures policières » puisqu’elle restreint toute possibilité d’apporter des preuves ou des éléments par des sources indépendantes : c’est l’impunité quasi-totale pour les flics !

Même si on retient surtout l’article 24, le texte est divisé en sept chapitres et comporte 32 articles qui sont tous protecteurs de la police.

L’introduction de la loi sécurité globale souligne que le renforcement de la « sécurité » et donc le renforcement des compétences des forces de l’ordre est la priorité du quinquennat de Macron. Pour cela, le budget de la sécurité a été augmenté de plus d’un milliard d’euros et le recrutement de 10 000 policiers a été lancé pour 5 ans. Encore une fois, le gouvernement développe « l’insécurité » avec une politique qui fait plonger toujours plus de familles dans le chômage ou la misère, laisse faire les plans de licenciements, puis répond par le renforcement des effectifs et des moyens de la police.

Ces moyens, on les a déjà vus lors des manifestations Gilets Jaunes, où des dizaines de personnes ont été mutilées, perdant un œil, une main, un bras par le tir de LBD à bout portant. Ou encore quand à Marseille la police a tué Zineb Redouane à son domicile au 4ème étage par un tir de grenade lacrymogène.

On se rappelle aussi que l’affaire Benalla a été dévoilée par Taha Bouhafs, journaliste militant, qui filmait justement une intervention violente d’un « policier »… qui s’est avéré être le chargé de mission du cabinet présidentiel !

Pour autant, nous qui n’avons plus le droit de permettre l’identification d’un policier en le filmant, eux ont tous les droits puisque l’article 21 prévoit d’adapter « le régime des caméras individuelles de la police et de la gendarmerie nationales à leurs nouveaux besoins opérationnels ». Mais ce n’est pas tout, Le texte prévoit également de les autoriser à filmer par voie aérienne. Eux sont libres de fournir des images (non floutées et dont eux seuls ont le contrôle) à notre encontre, nous non.

Par ce biais, les journalistes ne pourront plus faire leur travail essentiel : « l’information », la liberté de la presse est bafoué, le droit d’informer est bafoué ! On attend des journalistes qu’ils coopèrent avec la police !

Toujours dans le cadre de renforcement des moyens, les policiers pourront porter leur armes hors service, dans les établissements accueillant du public. Donc finalement, partout ils pourront user de leur arme, en service ou hors service sans jamais être questionnés. Bien des policiers ne seront donc pas « au service de la loi » mais au-dessus d’elle, avec tous les dangers d’abus de pouvoir que cela renforce.

La loi va encore plus loin puisqu’elle prévoit le renforcement de la sécurité privée comme « partenaire » de la sécurité publique, et ils justifient cela par « le contexte de préparation de grands événements comme la Coupe du monde de rugby en 2023 et les Jeux olympiques de 2024 ». Même le secteur de la sécurité est géré comme une entreprise ! On a déjà vu des agents de sécurité utilisés pour forcer des piquets de grève de travailleurs (comme à la grève des femmes de ménage de l’Hôtel Ibis à Paris), et s’ils peuvent disposer d’armes à feu, cela permettra à encore plus de patrons de les utiliser comme une milice pour intimider les luttes et les grèves.

La répression pour empêcher la contestation d’une politique pour les riches

De Sarkozy, à Hollande, jusqu’à Macron, les derniers gouvernements n’ont eu qu’un but face à la contestation de leur politique au service des ultra-riches : le renforcement des effectifs et des moyens de la police. Ces mesures n’ont en réalité servi qu’à augmenter l’intensité de la répression. Les violences policières se sont accrues ces dernières années, parce que les policiers/gendarmes sont couverts, voire incités par leur hiérarchie, et plus largement par l’État, à le faire. Bien sûr, vouloir entrer dans la police témoigne déjà d’un certain état d’esprit. Mais il y a certainement des fonctionnaires de police honnêtes que la propagande et les préjugés amènent à des comportements violents ou racistes, tout comme les ordres qu’ils reçoivent. Mais fondamentalement, fonction consiste à défendre l’ordre social, c’est à dire l’injustice permanente de cette société.

La priorité des capitalistes c’est la protection de leurs intérêts économiques, de leurs profits réalisés sur le dos de millions de travailleurs. La police n’est qu’un outil pour protéger l’intérêt des plus riches de la société, ces « grands » patrons du CAC 40, ceux dont la figure apparaît en couverture du magazine Forbes. Leur intérêt c’est l’exploitation de notre travail, la police les aide en ce sens à réprimer les luttes pour de meilleures conditions de travail, contre l’exploitation, contre la répression, pour une vie digne et décente. Le gouvernement est prêt à mettre des milliards pour réprimer et faire taire les travailleurs à un moment où la colère politique et sociale est explosive. Cette loi est le moyen pour le gouvernement de se prémunir contre de prochains mouvements de lutte massifs.

Cet État-là est un instrument tout entier voué à la classe dirigeante, les capitalistes. Si on veut une politique qui soit vraiment au service de la population, il faudra alors « changer » l’État, et donc renverser le capitalisme et construire le socialisme démocratique.

C’est ce que défend la Gauche révolutionnaire : un programme que pourrait s’approprier une couche significative de jeunes et de travailleurs, tout en construisant un véritable parti révolutionnaire, démocratique, combatif pour avancer dans le sens du renversement de ce système barbare qu’est le capitalisme. C’est cela que nous construisons, et proposons à tous ceux et toutes celles qui pensent qu’il n’y a pas d’issue dans ce système de nous rejoindre et de lutter avec nous.