Les conditions pour un nouveau parti des travailleurs sont là !

Ces vingt dernières années nous ont démontré l’échec de la perspective réformiste qui prétendait accéder à la société socialiste par des réformes. Elle n’a contribué qu’à duper la classe ouvrière en jouant le jeu de la paix sociale au service des patrons et des capitalistes.

Article paru dans l’Egalité n°96

Les travailleurs se retrouvent aujourd’hui sans parti dans lequel ils pourraient se reconnaître. En plus du fort taux d’abstention dans la classe ouvrière, ce vide politique est apparu de manière flagrante avec le vote désespéré d’une part des ouvriers pour l’extrême droite.

La gauche plurielle aux dernières élections a payé le prix de sa politique antisociale menée pendant cinq ans. Elle n’a pas réussi d’une part à convaincre une partie de la bourgeoisie qu’elle est le mieux à même de défendre les intérêts des capitalistes. Elle n’a pas réussi non plus à leurrer les travailleurs et les jeunes après avoir travesti et trahi leurs aspirations. Les cinq ans au pouvoir ont permis de montrer que le Parti socialiste avait terminé sa mutation. Non seulement ses dirigeants ne se conçoivent qu’en grands gérants du capitalisme, mais ce parti s’est également coupé définitivement de sa base sociale historique.
Le constat est encore plus cuisant pour le parti communiste et conséquence de sa politique d’alliance avec le PS.

La direction du PC a toujours présenté la participation au gouvernement comme vitale ; c’est surtout un moyen pour elle de jouer les pare-feux pour le PS. Gayssot avait ainsi été placé au ministère des transports pour permettre à la gauche plurielle de passer ses attaques, notamment contre les cheminots, en douceur. On l’a également vu mener une véritable guerre ouverte aux salariés routiers juste avant les présidentielles. En refusant d’être une réelle force d’opposition indépendante des partis au service du capitalisme, la direction du PC a amené ainsi son parti en porte à faux avec les aspirations de sa base, au risque maintenant de voir celle-ci se réduire à une vraie peau de chagrin.

Il s’agit plus qu’une sanction à la participation au gouvernement. Le PC n’apparaît plus comme une force de changement, même réformiste, de la société mais comme une force, très limitée désormais, d’accompagnement de la politique du Parti socialiste ne pouvant ou ne voulant même plus « pousser à gauche » la politique antisociale du gouvernement Jospin.

Le potentiel ouvert par le vide à gauche

Cependant, en corollaire à cette faillite ou du moins déchéance des organisations ouvrières réformistes, ces élections ont permis de voir l’immense espace que pouvait occuper l’extrême gauche qui a rassemblé 10 %. Le contenu revendicatif de ce vote est clair : contre les licenciements, contre le racisme et les lois sécuritaires, pour les acquis sociaux et les services publics.

C’est ce nouvel espoir, ce nouvel espace que LO et la LCR n’ont pas voulu cependant développer en lançant le processus unitaire de réunion des travailleurs et des jeunes pour la création d’un nouveau parti qui défende réellement leurs intérêts. Pourtant le résultat de l’extrême gauche au premier tour et les mobilisations contre Le Pen donnaient une réelle assise à une telle optique. La responsabilité de ces organisations était de construire cette lutte sur des bases réellement anti-capitalistes, en dénonçant les véritables causes de la montée du Front national, en faisant le lien entre cette mobilisation et les luttes des salariés de LU-Danone ou autres, en mettant en avant la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs.

Le potentiel n’a pas disparu même si une grande occasion a été gâchée. Un parti ne se construit pas en quelques semaines mais une impulsion dans ce sens aurait pu être donnée. Et les milliers de jeunes et de travailleurs qui voulaient se mobiliser contre Le Pen mais qui cherchaient également une véritable alternative auraient pu s’organiser dans un cadre qui aurait été le premier pas vers un nouveau parti des travailleurs, qui rejette ces politiciens au service du capitalisme et trace une authentique perspective socialiste, unifiant les luttes, et donnant les moyens aux travailleurs d’être victorieux.

Par Geneviève Favre