Les capitalistes licencient en masse !

Depuis le CPE et Clearstream, le gouvernement fait sa publicité avec la baisse du chômage. Pourtant les plans sociaux se multiplient, laissant sur le carreau de nombreux travailleurs et sinistrant petit à petit plusieurs régions : fermeture d’Energizer alors que les ventes augmentent, suppression d’un tiers des emplois à la Grande Paroisse (Rouen), filiale de Total, licenciement de 1000 salariés de Dim en Europe, charrettes chez Faurecia etc…

Article paru dans l’Egalité n°120

A chaque fois les travailleurs de ces entreprises entrent en lutte, obtenant des « victoires » qui leur permettent de sortir la tête haute. Les ouvriers de l’usine Nestlé de Saint-Menet sont restés mobilisés 21 mois pour finalement obliger la multinationale à garder une activité industrielle sur le site avec 180 emplois alors que 350 devaient sauter. Pourtant aucun de ces conflits n’a permis une victoire complète. A Saint-Menet, 40 salariés restent sans solution et l’avenir est incertain pour les 180 travailleurs encore employés sur le site.

Les directions syndicales jouent à chaque fois le même jeu en créant un rapport de force pour négocier avec le patron mais en limitant les revendications. Il s’agit rarement de sauvegarder tous les emplois, mais bien plus d’être en position avantageuse pour obtenir une « amélioration » du plan social. Même si l’augmentation de la prime de licenciement et du nombre de mois de reclassement sont importants, cette stratégie n’offre aucune perspective à long terme pour les salariés et aucun travail n’est fait par les directions syndicales, auprès des travailleurs, pour montrer que ces vagues de licenciements sont au cœur même du système capitaliste, et que les patrons doivent inévitablement licencier tout en améliorant la productivité dès qu’ils veulent augmenter ou préserver leurs profits. Au contraire, en s’adressant systématiquement aux élus locaux toujours prêts à voter des motions, les directions syndicales entretiennent l’illusion que le chômage peut disparaître. Pourtant les plans sociaux sont liés à la recherche du profit, et sous le capitalisme, aucun politique ne veut ou ne peut s’opposer à cette règle.

Lutter pour une société débarrassée de la loi du profit

Seuls les travailleurs peuvent créer le rapport de force suffisant pour empêcher des vagues de licenciements en unissant les différentes luttes pour éviter le désespoir et l’isolement des usines les moins combatives, et en pesant ainsi sur l’ensemble de l’économie capitaliste. Malheureusement les directions syndicales refusent de faire ce travail de lien alors qu’elles en ont les moyens, mais ce serait remettre en cause leur stratégie de « victoires » à court terme. Dès l’annonce d’un plan social, les travailleurs ont besoin de créer un véritable rapport de forces en impliquant d’autres entreprises du même secteur ou du même groupe dans leur conflit, en s’adressant à la population et aux autres salariés en lutte, mais ils ont aussi intérêt à refuser la négociation du plan social et à décider en AG, démocratiquement, des revendications qui permettront le maintien des emplois, tout en gardant à l’esprit que seul un système socialiste, délivré de la recherche du profit, garantira le plein emploi.

Par Luc de Chivré