Les métiers en tension selon Fillon

Fillon avait annoncé à l’automne dernier un «vaste» plan afin d’agir sur les métiers dits en tension, autrement dit, pour lesquels le patronat éprouve des difficultés de recrutement.

Article paru dans l’Egalité n°107

Ce plan est en train de se mettre en place avec toutes les composantes du service public de l’emploi (SPE). Il prévoit un suivi particulier des chômeurs inscrits à l’ANPE sur ces métiers (convocations pour des entretiens, évaluation de leurs compétences et capacités professionnelles, etc.). Tout un arsenal afin d’obliger les chômeurs à accepter les emplois , de contraindre certains à revoir leurs projets professionnels, et en radier d’autres pour refus d’offres ou absence à un entretien. Le tout dans un sentiment de culpabilisation généralisée des chômeurs et des agents du SPE : pour les uns, vous êtes fainéants ou vous ne savez pas chercher, pour les autres vous faites mal votre métier puisque des offres d’emploi restent durablement non-pourvues.

Mais lorsque l’on regarde bien les métiers pour lesquels il existe des difficultés de recrutement, on s’aperçoit que ce sont les métiers qui ont actuellement les conditions de travail les plus déplorables et les salaires les plus bas : cuisinier, serveur, employé de libre service (salarié de la grande distribution), maçon, intervenant à domicile (auxiliaire de vie), chaudronnier, commercial, etc. Le plan Fillon prévoit bien sûr des accords de branches avec les unions patronales (UIMM pour la métallurgie et UMIH pour l’hôtellerie, la restauration, les bar et les discothèques par exemple) afin d’améliorer l’attractivité de ces métiers.

Il n’existe pas plusieurs manières d’améliorer l’attractivité : améliorer les conditions de travail et augmenter d’une façon très significative les salaires. Mais si l’on considère la politique gouvernementale actuelle, qui attaque tous les acquis des travailleurs pour permettre au patronat de maintenir leurs profits dans un capitalisme en crise structurelle, il est peu probable que ce genre de logique soit à l’ordre du jour. Il est plus probable que les mesures «d’aides à l’emploi», genre CIE ou contrat d’adaptation ou des allègements fiscales se multiplient. En définitive, une fois encore, il est à prévoir des cadeaux aux patrons et aux actionnaires leur permettant d’avoir une main d’œuvre moins chère et une pression sociale plus importante sur les salariés et les chômeurs.

Par Yann Venier