L’économie redémarre ? Les usines ferment !

Le gouvernement annonce un taux de croissance supérieur à celui qui était prévu en début d’année. Voilà une bonne nouvelle ! Mais dans le même temps, les « experts » en économie commencent à parler d’une situation à l’américaine : taux de croissance en hausse mais sans création d’emploi. On ne se ficherait pas un peu de nous ?

Article paru dans l’Egalité n°109

L’économie américaine s’est maintenue ces dernières années grâce à plusieurs facteurs qui risquent tôt ou tard de faire s’écrouler tout l’édifice capitaliste dans ce pays, et dans le monde entier par un phénomène de dominos. L’un de ces facteurs fut de maintenir un taux de croissance élevé en favorisant la consommation. Pour cela, le crédit a été favorisé par une baisse drastique des taux d’intérêts. Actuellement, en moyenne, les ménages américains sont endettés à plus de 100% de leur revenu, et ce pourcentage est en hausse constante depuis quelques années. C’est-à-dire que les ménages américains doivent s’endetter encore un peu plus pour pouvoir rembourser leurs crédits. Parallèlement la dette publique s’élève aujourd’hui à plus de 7 000 milliards de dollars, soit plus de 25 000 dollars par américain. Le secteur financier et industriel est aussi gangrené par cette dette. Au total, en 2003, la dette atteignait 37 000 milliards de dollars !

Jusqu’à maintenant le château de cartes ne s’est pas encore écroulé. Mais l’on voit que la politique qui maintenait artificiellement tout cela est à bout de souffle. La Banque fédérale remonte les taux d’intérêt. La politique du gouvernement Bush d’injecter massivement de l’argent public dans l’économie ne pourra pas perdurer longtemps encore. Les dépenses de l’Etat ont fortement augmenté à cause de la politique impérialiste de l’Administration américaine : la guerre contre l’Irak a coûté jusqu’à maintenant 136 milliards de dollars, par exemple. Et la crise du pétrole, qui entraînera à terme une hausse des coûts de production et donc des prix, fragilise tout l’édifice. Pour l’instant, cette crise du pétrole reste dans une mesure que l’économie peut supporter. Mais si un autre pays exportateur de pétrole, comme le Venezuela, venait à interrompre son exportation vers les USA et les autres pays impérialistes ou consommateurs de pétrole, comme la Chine, suite à une crise politique majeure, comme une révolution, alors le prix du baril flamberait.

Justement, la Chine serait la nouvelle locomotive de l’économie mondiale. L’année dernière le taux de croissance a été de 9,1%. Représentant 4% du PIB total, la Chine se place en quatrième position. Ce pays est le principal importateur en biens en ce qui concerne les métaux, le pétrole, les produits de construction et les machines-outils. En cela, elle est effectivement la locomotive. Mais peut-elle continuer longtemps à ce rythme ? Actuellement, son développement ressemble à ce qu’ont connu les pays du sud-est asiatique, que les capitalistes avaient appelé les « tigres asiatiques » (Malaisie, Taiwan…). Mais en 1997-1998, l’économie de ces pays s’est effondrée brutalement : au fur et à mesure que l’industrie de ces pays s’étaient rapprochée en terme de technicité des pays dominants, les coûts de production avaient augmenté les rendant moins compétitifs. Les investissements étrangers s’étaient enfuis brutalement faisant éclater la bulle spéculative. Alors, effectivement, la Chine est moins dépendante des pays impérialistes. Mais son marché intérieur est déjà saturé. Le développement économique n’a profité qu’à une minorité : le salaire moyen dans l’industrie étant de 61 cents de dollars par jour (en comparaison des 16 dollars des travailleurs américains). La majorité n’est donc pas en mesure de consommer la production.

On retrouve là le mal qui ronge le capitalisme : la crise de surproduction. Une surcapacité de production vis-à-vis de la capacité de consommation du marché. Une chute brutale de l’économie chinoise est prévisible. Le gouvernement de Beijing a beau promettre un atterrissage en douceur de l’économie chinoise, il est aussi possible que cela se fasse dans un crash qui entraînera à sa suite d’autres pays.

Par Yann Venier