Le Grand déba-rnaque

sdrLe mouvement des gilets jaunes a secoué la situation, forçant le gouvernement à réagir. Alors Macron a annoncé un grand débat national pour tenter de noyer le poisson le 18 décembre dernier.

Sous les belles paroles de « réponse aux attentes démocratiques des français », c’était en fait une manière de recentrer l’opinion sur lui et ne pas laisser les gilets jaunes poser les questions qui fâchent comme la précarité, la suppression de l’ISF, les politiques au service des plus riches…

Une mobilisation très limitée

Deux millions de contributions, c’est ce qu’annonce le gouvernement avec 506 000 personnes qui ont contribué. Mais la moitié des textes ont moins de 10 mots et la moitié aussi sont des copié-collé de textes existants. Seulement 39 834 participants (15,6 %) ont répondu à tous les thèmes (www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/04/08/). Ce n’est pas loin des 25 000 qui ont contribué sur le site du vrai débat initié par des gilets jaunes (www.le-vrai-debat.fr). Et pour évaluer les proportions, c’est moins que les deux millions qui ont voté sur la question du changement d’heure hiver/été !

Un grand débat pour rien

Edouard Philippe a dressé un bilan lundi 8 et mardi 9 avril. Il a prétendu ne parler que de chiffres et ne pas parler de décisions politiques, laissant Macron le faire prochainement. Cependant le peu dit est très clair. Au manque d’égalité fiscale et au fait que les riches ne paient pas assez, il est répondu qu’il y aura moins d’impôt. Alors que tous les instituts de sondage annoncent que près de 70 % des français veulent le rétablissement de l’ISF, les contributeurs au débat ne seraient que 10 % à réclamer le retour de l’ISF. Surprise ! Non. A des questions fermées du style : si vous deviez réduire dans les dépenses publiques, quel service public réduiriez-vous ? Le gouvernement annonce que les participants au débat souhaitent de meilleurs services publics, plus performants… en en supprimant. Bizarre ? Non. Ni le retour à l’ISF, ni le RIC, ni des moyens supplémentaires dans les services publics ne sont envisagés. Nous sommes nombreux à ne pas avoir attendu grand-chose de ce débat biaisé, parmi les gilets jaunes et bien au delà. Après 3 mois, la messe est dite et ça ne nous étonne pas.

Quel bénéfice pour Macron ?

Leur grand débat n’est pas un succès en terme de participation et encore moins un succès politique. En effet, Macron avait clairement dans l’idée de reprendre la main avec ce grand débat et de l’utiliser pour poser les prochaines étapes de sa politique : casse des retraites et de l’assurance chômage ainsi que des statuts de la fonction publique. Il n’a pas gagné son pari.

Macron va vouloir faire avancer sa contre révolution sociale. Mais les pages des cahiers de doléances de son grand débat risquent bien d’alimenter l’incendie de la révolte sociale en cours. Les revendications de celles et ceux qui résistent et luttent aujourd’hui sont toujours là pour de meilleurs salaires, pour des logements décents, pour des services publics gratuits, de proximité et de qualité. Si certains avaient encore des doutes, les illusions sont levées, ce gouvernement mène une politique pour les ultra riches sur le dos de la majorité de la population. C’est à ceux et celles qui travaillent, qui produisent les vraies richesses de décider démocratiquement de la société dont nous avons besoin avec ceux et celles qui luttent à leurs côtés : les chômeurs, les jeunes, les retraités. A nous de prendre les choses en main pour faire tomber Macron et sa politique avec, et pour en finir avec cette société capitaliste toujours plus injuste !

Leïla Messaoudi