La droite affaiblie, mais toujours à l’attaque

Le gouvernement et la droite viennent de subir en quelques mois plusieurs coups durs : victoire des travailleurs et des jeunes sur le CPE, affaires Clearstream, Drut, EADS. C’est avant tout le gouvernement Chirac-Villepin qui est affaibli et totalement discrédité.

Article paru dans l’Egalité n°120

C’est la fin d’une période, celle du chiraquisme, héritier du gaullisme. C’est l’aile libérale de la droite, menée par Sarkozy, qui prend le dessus. La plupart des élus et ministres de droite sont plus qu’inquiets de la déliquescence gouvernementale, craignant surtout de perdre le confort de leur siège ou de leur portefeuille. Le patronat redoute lui aussi cette faiblesse du gouvernement, mesurant les risques que celui-ci ne réussisse pas à faire passer les attaques qui lui sont indispensables pour maintenir ses profits. Même Sarkozy est dans une position relativement délicate, assimilé au gouvernement Chirac-Villepin, il redoute de subir les effets du rejet qu’il suscite.

Mais même inquiète et affaiblie, la droite poursuit ses attaques. C’est une obligation pour un patronat français pris par la crise économique, par sa faiblesse aux échelles européenne et mondiale. Il est contraint d’accroître toujours plus la pression sur les travailleurs pour maintenir ses profits, c’est le sens même des attaques que l’on subit depuis des années. C’est ainsi qu’à peine la couleuvre du CPE avalée par le gouvernement, celui-ci fait passer tranquillement la loi Sarkozy sur l’immigration, peut annoncer la hausse du prix du gaz (alors que GDF dégage de larges bénéfices), la privatisation d’Aéroports de Paris. Bien sûr, les choses ne se passent pas sans réactions, et le gouvernement est obligé d’être prudent, comme sur la fusion EDF-Suez. Il craint la réaction des travailleurs de GDF, celle des usagers du gaz face à cette privatisation. Les députés de droite ont bien fait comprendre au gouvernement qu’ils avaient peur d’en payer la note électoralement. Villepin met donc la pédale douce, fait traîner, mais n’a pas du tout l’intention de renoncer. Il a encore d’autres attaques sous le coude : suppression de 15 000 emplois de fonctionnaires, annonce par Sarkozy du durcissement de la répression contre la jeunesse. Et les licenciements massifs et les fermetures de sites industriels continuent.

Comment un gouvernement, aussi affaibli et discrédité, peut-il continuer ainsi ses attaques, et à une telle échelle ? C’est bien sûr que face à lui le mouvement ouvrier est désorganisé. L’opposition parlementaire PS-PC-Verts ne propose aucune alternative ou perspective et d’ailleurs les travailleurs n’y croient plus. Même les victoires électorales de la gauche en 2004 sont surtout le résultat d’un vote contre le gouvernement. Ils se sont certes refait une santé sur le dos du CPE, mais leur programme montre clairement que la politique qu’ils mèneraient irait dans la même direction, peut-être par des chemins différents, celle du service du capitalisme. Ni les dirigeants de la gauche, ni ceux des organisations syndicales, n’organisent la riposte aux attaques, freinant au contraire son organisation. Seule la construction d’un nouveau parti des travailleurs pourra mettre un coup d’arrêt à cette vague d’attaques du gouvernement et du patronat.

Par Pascal Grimbert