Joe Biden président des États-Unis : une bonne nouvelle ?

L’élection de Joe Biden à la présidence américaine a été saluée par la quasi-totalité des classes dirigeantes à travers le monde. Trump a été lâché par les milieux d’affaires (qui ont versé plus de dons à Biden) et son propre parti. Mais l’envahissement du Capitole par des militants pro-Trump lance un signal d’urgence sur les risques que l’extrême droite se renforce même après le départ de Trump de la Maison Blanche.

Le « moindre mal » et ses dangers

Des sommes particulièrement importantes ont été dépensées pour les élections et la propagande centrée sur le système bipartite comme seul « choix ». Cette augmentation peut s’expliquer par le contexte particulièrement instable : la pandémie de Covid-19, l’aggravation de la récession économique et l’augmentation des luttes sociales, en particulier Black Lives Matter. Les « leaders » de la « gauche » officielle (proches des Démocrates) ont également tenté de détourner et démobiliser ces manifestations afin de faire campagne et de voter pour les Démocrates, souvent les mêmes qui ont présidé aux brutalités policières et aux incarcérations massives, qui avaient provoqué les manifestations.

Le programme de Biden ne va apporter aucune solution viable à la majorité de la population, dans un pays où 10 % de celle-ci a été en situation d’insécurité alimentaire en 2020. L’extrême droite utilisera la grave crise sociale qui s’annonce, à n’en pas douter.

Manifestation massive Black Lives Matter en juin à Los Angeles. La situation aux États-Unis va continuer d’être extrêmement polarisée

Les 2 partis du « big business »

Pourtant, Biden est bien loin d’être un allié des travailleurs, quelle que soit leur couleur de peau. Tout au long d’une carrière politique de plusieurs décennies, il a soutenu avec constance les intérêts des capitalistes, il s’est allié avec des ségrégationnistes (comme Strom Thurmond, sénateur de la Caroline du Sud qui a combattu les droits civiques), a activement défendu l’incarcération de masse dans le cadre de la « guerre contre la drogue », a soutenu l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), la guerre en Irak et de nombreuses autres politiques réactionnaires, notamment en tant que vice-président du pays.

Trump et Biden se sont tous deux engagés à « gérer » l’épidémie de Covid-19 en injectant des milliards de dollars d’argent public dans des entreprises privées. Biden n’a même pas fait campagne pour une assurance maladie pour tous, car cela irait à l’encontre des intérêts de ses généreux soutiens capitalistes, parmi les personnalités les plus riches du monde ! Biden a donc été porté au pouvoir car il est apparu comme un leader plus stable du capitalisme américain qui pourrait canaliser ou au moins freiner les mouvements sociaux, face au caractère trop imprévisible de Trump.

Le « trumpisme » va-t-il survivre à Trump ?

Le 6 janvier, jour où le Congrès des États-Unis a officiellement certifié les résultats du Collège électoral, que Joe Biden a remporté, Trump a prononcé un discours en présence de ses partisans, revendiquant toujours la victoire à l’élection. Ce discours s’inscrivait dans le cadre de la « Marche pour sauver l’Amérique ». Trump a promis que « des millions d’Américains » y participeraient. En réalité, le nombre de participants s’est élevé à quelques milliers.

Bien qu’il ait des partisans loyaux, dont beaucoup sont bien armés et ont des liens avec diverses organisations nationalistes et milices suprémacistes blanches, ces partisans de base ne sont ni assez nombreux ni assez organisés pour mener un coup d’État.

Cet « incident » n’en est pas moins un avertissement sérieux. Sans opposition organisée et déterminée de la classe ouvrière et de la jeunesse, les risques que l’extrême droite ne continue de s’organiser et de prendre de la force sont réels.

Pour un parti des travailleurs indépendant du Parti démocrate

La seule force capable de battre l’extrême droite est la classe ouvrière organisée. Il n’y a rien à attendre du Parti démocrate et de ses alliés, même ceux de gauche comme Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez, qui ont essayé d’exploiter l’énergie des luttes récentes. Au lieu de construire un mouvement, ils ont travaillé à détourner la colère des travailleurs et le besoin de changement dans l’impasse du Parti démocrate.

Les militants de « Independent Socialist group », organisation sœur de la Gauche Révolutionnaire aux États-Unis, militent donc pour un mouvement de masse qui lie la lutte contre l’extrême droite aux questions sociales et sont prêts à participer à toute initiative qui fera avancer la construction d’un parti des travailleurs et de la jeunesse pour le socialisme.

Par Virginie Prégny