Les inondations dévastatrices qui ont frappé le Pakistan ont eu des conséquences catastrophiques pour les habitants du Sindh. La plupart des gens se sont retrouvés sans abri, leurs maisons se sont effondrées et la plupart des membres de l’Alliance des travailleurs du Sindh sont désormais sans abri. Ils ont été déplacés vers des lieux sûrs mais ils souffrent de nombreuses difficultés car ils vivent désormais à la belle étoile. Ils n’ont même pas d’abri ni de choses essentielles comme de la nourriture, des médicaments ou de l’eau potable. Le Sindh souffre terriblement des inondations qui ont causé des morts, des dégâts matériels, la destruction des récoltes, la perte du bétail et le non-fonctionnement des infrastructures.
Des pluies dévastatrices
Au mois de juin, la saison des pluies de la mousson a commencé. Au début, la plus grande province du Pakistan, le Baloutchistan, a subi de fortes précipitations. Cela a entraîné des pertes humaines et matérielles. Toutes les routes du Baloutchistan ont été détruites et la communication avec le monde a été coupée. Le gouvernement a contrôlé les médias et les a empêchés de rendre compte de la situation.
Un travailleur social, Zafar, de l’organisation JDC à Karachi, a rendu compte de la situation au Baloutchistan : « Lorsque nous sommes arrivés là-bas, les gens étaient assis sur le sommet des montagnes comme des mouches. Tous ces gens manquaient de tout, car toutes leurs affaires sont restés dans leurs maison. Il n’y avait plus que la vie, personne pour les aider et il y avait un grand besoin de nourriture ».
En juillet et août, le Sindh a connu une série de pluies et l’eau du Baloutchistan l’a envahi. Elle est entrée par le sud dans des régions comme Sukkur, Larkana, Dadu, Shikarpur et Jacobabad. Elle a détruit des zones reculées et environ 70 % des maisons ont été détruites. Les gens se sont déplacés vers les routes et les montagnes. Selon les médias, la plupart des cadavres ont été vus à Sukkur en raison des fortes pluies. Le Sindh est confronté à de nombreux problèmes dus aux pluies de mousson et à un barrage endommagé au Baloutchistan. Il y a beaucoup de destruction dans le Sindh. Jacobabad, Shahdadkot, Dadu et Jamshoro ont été sévèrement touchées. Le Sindh est maintenant confronté à plus de difficultés car l’eau arrive d’Afghanistan, avec presque 2 millions de litres d’inondation. Le Sindh est maintenant recouvert d’environ 3,4 millions de litres d’eau et certaines grandes villes sont submergées.
Le rôle du gouvernement
Lors des inondations de 2010, le Sindh a été touché dans les zones occidentales et, en 2011, les zones de l’est du Sindh ont également été touchées. Aujourd’hui, la situation y est bien pire que lors de ces inondations. Le gouvernement n’a aucune réponse positive où que ce soit. Des millions de roupies sont perdues à cause de la corruption. Plutôt que de permettre l’écoulement naturel de l’eau, la propriété féodale des terres cause davantage de destruction en empêchant l’écoulement naturel. En conséquence, des villages entiers sont submergés.
Les médias rapportent que le gouvernement a mis en place un programme d’aide complet. En réalité, aucune aide n’arrive dans les zones touchées par les inondations. Selon un rapport de la BBC, au moins 1 136 personnes sont mortes depuis le début de la mousson en juin. On estime que 33 300 000 personnes sont touchées et que 700 000 maisons ont été détruites. Selon notre enquête, ce chiffre n’est pas exact car personne ne peut rencontrer celles et ceux qui sont entourées par les eaux de crue qui couvrent une zone énorme. Il est impossible de calculer les chiffres exacts. Le ministre pakistanais des Affaires étrangères, Bilal Bhutto Zardari, a donné une interview à la BBC et a déclaré que nous avions besoin d’une aide intérieure pour des choses telles que des abris et un soutien médical pour les enfants, etc. Cependant, la population n’a pas obtenu ces nécessités ou tout type de soutien de la part de qui que ce soit. La plupart des villes sont inondées et leurs populations se sont déplacées vers des endroits plus sûrs. De l’autre côté, la plupart des agriculteurs et des ouvriers du Sindh sont sans abri et se sont déplacés vers des endroits plus sûrs. Pourtant, personne ne leur vient en aide. Ils vivent dans des conditions critiques et manquent d’abris et de choses essentielles comme de la nourriture, des médicaments, du lait et quelques produits de première nécessité. La plupart des gens sont désormais sans emploi et les travailleurs qui percevaient un salaire journalier sont tous anéantis par cette inondation.
Le gouvernement interdit les activités des organisations humanitaires
Lorsque Oussama Ben Laden a été identifié par une ONG, se cachant dans le plus grand centre d’entraînement militaire du Pakistan, Abbot Abad, et que les forces américaines l’ont attaqué et tué, le gouvernement pakistanais de l’époque a interdit les organisations internationales de secours. Imran Khan (l’ex-premier ministre) a introduit une loi qui interdisait de recevoir des fonds des organisations internationales. Toute aide internationale n’est autorisée que par le biais de comptes gouvernementaux. Aujourd’hui, le gouvernement a décidé de recevoir de l’aide des autres pays. Ils en prennent beaucoup, mais l’État est criblé de corruption à grande échelle. L’argent ne parvient pas aux familles qui en ont besoin. Les camps de secours ne peuvent être mis en place que par les partis officiels. Aucune organisation indépendante, progressiste ou nationaliste n’est autorisée à établir un camp de secours. Si elles le font, la police prendra des mesures contre elles. En d’autres termes, sans l’autorisation du gouvernement, personne ne peut aider la population.
Une réaction publique furieuse
Maintenant, lorsque les dirigeants vont vers les gens ordinaires les mains vides, sans aide, ils font face à un tollé public. Certains membres de l’assemblée ont été battus, les vitres de certaines voitures ont été brisées et les chemins de certains dirigeants ont été bloqués par des manifestants en colère, qui ne leur ont pas permis d’aller plus loin. Le ministre en chef du Sindh, Murad Ali Shah, a dû faire face à une levée de boucliers dans de nombreux endroits. Le président de l’Assemblée du Sindh et gouverneur par intérim, Siraj Durrani, a été bloqué et contraint de faire demi-tour face à une foule en colère. Le député de la circonscription de Mehar (Dadu), Fayaz Butt, a été frappé par des lancers de chaussures et les vitres de sa voiture ont été brisées.
De même, dans de nombreux endroits, les fonctionnaires des quartiers ont été humiliés et attaqués par la population. Dans certains endroits, les gens ont cassé les serrures des entrepôts de rations et de tentes des partis politiques et ont emporté les marchandises. Les dirigeants font face à un tollé général et ils ont très peur. Il est devenu difficile pour eux de se déplacer sans une importante force de protection policière. Partout, les gens tirent les leçons de l’expérience des dirigeants sri-lankais lorsqu’ils ont été contraints de fuir lors de manifestations de masse.
L’Alliance des travailleurs du Sindh
Dans le district de Dadu et de Mirpur Khas, les travailleurs sont durement touchés. Dans cette situation, les travailleuses de l’Alliance des travailleurs du Sindh (SWA) qui étaient bloquées ont été secourues par les camarades Sugran Khaskheli, Nasreen Awan et Lareeb Qambrani qui sont membres du comité de sauvetage que la SWA a formé. Ils sont en contact avec ces travailleurs dans les zones touchées par les inondations et ils ont été déplacés vers des endroits plus sûrs. D’autres membres du SWA dans le district de Mirpur Khas, les camarades Hameed Channa, Essa Balouch et Ihsan Magsi, qui sont également membres du comité de sauvetage, ont aidé les familles touchées et nos travailleurs. Dans le district de Dadu, Allahjurio Lashari, Barkat Kalhoro et Inam Khoso forment ce comité. Dans la situation actuelle à Dadu, Mirpur Khas et Digri, nos travailleuses sont touchées et sans abri. Plus de 50 membres de l’Alliance des travailleurs du Sindh sont touchés. Nous faisons donc appel à la solidarité financière des travailleurs internationaux pour nous aider dans cette lutte.
Les lecteurs sont invités à faire un don de solidarité pour nous aider dans ce travail urgent. Cliquez ici « Faire un don » , et indiquez sur votre don « Sindh Workers’ Alliance Flood Appeal » .