Le 17 juin dernier a débuté un incendie à Pedrógão Grande, au Portugal, qui a consumé 53 mille hectares de forêt et fait plus de soixante victimes mortelles.
Les conditions climatiques extrêmes – conséquence du réchauffement climatique – sont juste une partie de la question. Le problème est politique. Et c’est pour ça que le Premier ministre Costa et le président de la république Marcelo insistent sur le fait qu’il faut « l’unité nationale » et que ce n’était pas possible de faire mieux. Article publié dans l’Egalité 184
Pendant les trois dernières décennies, la structure publique de protection des forêts a été dégradée, ainsi que le Service National de Santé, les services d’urgence, et même les pompiers. Costa lui-même quand il était ministre de l’Intérieur a dissout le corps de la garde des forêts. L’investissement public dans ces structures est clairement insuffisant et les pompiers sont mal équipés, mal payés et dépendants de l’énorme corps de volontaires dans tout le pays.
Les mêmes gouvernements des 30 dernières années sont responsables aussi du processus de transformation du Portugal en pays avec la plus grande surface d’eucalyptus (26,6 % de la surface de forêt) en Europe – une espèce d’arbre allogène étrangère au pays. Et une des plus inflammables…
Mais le Portugal est aussi le pays d’Europe avec la plus grande proportion de surface de forêt sous propriété privée (85 %), ce qui implique la totale absence de planification de la production et de la sécurité et la négligence de tous les aspects du territoire qui ne servent pas les profits. Les petits propriétaires des terres sont forcés par la politique agricole commune de l’UE à se rendre à la monoculture de l’eucalyptus pour vendre le bois à bas prix aux grands bénéficiaires de tout ce processus : les capitalistes de l’industrie du papier.
En somme, les incendies subis tous les ans sont le fruit d’une combinaison mortelle de phénomènes générés par les dynamiques du capitalisme : la propriété privée de la terre, la fragmentation de cette propriété par le régime d’héritage, la division internationale du travail qui destine le Portugal à la production de papier, la recherche aveugle pour l’accumulation de capital, le réchauffement climatique et les phénomènes extrêmes conséquents, l’austérité, la paupérisation et la désertification des régions rurales.
Des nouvelles tragédies de ce type sont inévitables sous le capitalisme. La nationalisation des latifundias, grandes propriétés terriennes, des terres abandonnées et de l’industrie du papier est extrêmement nécessaire, ainsi que la planification démocratique du territoire et le soutien technique et financier aux petits propriétaires pour pouvoir les intégrer dans un plan national de production. Au Portugal, en France ou ailleurs, cette lutte est la forme la plus efficace de solidarité avec toutes les victimes de ce système et est la seule voie pour éviter de nouvelles tragédies. La lutte pour un avenir, c’est la lutte pour le socialisme !
Par Pedro