Héros et victimes?

Pourquoi applaudir tous les soirs le personnel hospitalier ? Parce qu’ils travaillent malgré tout avec les moyens du bord ?

Cela part d’un bon sentiment : vouloir encourager les troupes qui ont besoin de soutien pour tenir le coup et travailler, souvent la peur au ventre face à cette pandémie. En première ligne, sans matériel approprié, les soignants risquent leur vie s’ils sont contaminés comme c’est le cas de plusieurs médecins qui ont trouvé la mort ces derniers jours. Est-ce que par cette action, nous ne sommes pas en train de banaliser la pénurie existante depuis des années dans les hôpitaux?

Car le personnel hospitalier est victime des lois qui ont asphyxié l’hôpital public avec des restrictions budgétaires pour aller vers la privatisation. Ce sont la loi Bachelot, la loi Touraine en 2016, appelée loi pour la «modernisation de la santé», la loi Hôpital-Patient-Territoire. Tout cela a amené des fermetures de lits et des fermetures d’hôpitaux de proximité jugés pas rentables. L’hôpital est géré comme une entreprise. Il faut faire des chiffres. C’est donc le développement des Unités de chirurgie ambulatoire. Le patient est opéré le matin et sort l’après midi. A peine sorti, le prochain client est arrivé et il faut faire vite la chambre ! Le développement des maladies nosocomiales est une des conséquences de ce rythme infernal. Des ASH aux médecins, toutes et tous sont victimes du manque de moyens en personnel et matériel pour l’hôpital public.

Travailler avec des vrais moyens OUi !

Avec des moyens du bord NON !

Alors, applaudissons les, mais en exigeant des moyens pour l’Hôpital public, la réouverture des services et structures fermés, l’embauche de personnel, et un système de Santé 100 % public, géré par les travailleurs de la Santé en lien avec la population et ses besoins.