Face à la suppression, au 1er janvier 2025, de Fret SNCF (transport de marchandise sur rail par la SNCF) et de l’ouverture à la concurrence des lignes TER au fur et à mesure d’ici le milieu des années 2030, les 4 syndicats représentatifs de la SNCF appellent à une grève ultimatum le 21 novembre et menacent d’une grève reconductible à partir du 11 décembre 19h.
Pour diviser, les médias, le patron de la SNCF et le gouvernement dénoncent cette grève, qui remet sur le devant de la scène la question de résister à leurs plans pourris.
Des milliers de travailleurs vont devoir changer d’entreprise de force !
La fermeture de Fret SNCF s’accompagne de la création de deux filiales SNCF, l’une pour la conduite des trains de Fret (Hexafret) et l’autre pour l’entretien des locomotives (Technis). Celles-ci devront se positionner sur des marchés de flux de marchandises, mais n’auront pas accès à 23 d’entre eux ! Cela va amener une nouvelle suppression de 500 des postes ! Et fatalement ces flux risquent d’être transportés dans des camions, plus polluants, qu’Hexafret ou les autres entreprises privées de fret ferroviaire.
L’ouverture à la concurrence côté voyageur, a démarré dans 3 régions (Hauts de France, Pays de la Loire et PACA), et d’autres vont suivre comme avec « l’étoile de Caen » en 2026. Avec les fameux « lots » (ensemble de lignes ferroviaires exploitées par un opérateur choisit et financé par les régions), d’autres entreprises, comme Transdev, se positionnent pour obtenir les marchés comme le Nice-Marseille en PACA … et repoussent le service des trains à juin 2025 car « ils ne sont pas prêts » !
Les 4500 travailleurs de Fret SNCF et plusieurs milliers d’autres de la SNCF voyageurs seront transférés à leurs nouvelles entreprises. Pour l’ensemble des travailleuses et des travailleurs du rail, peu importe le statut ou le métier, on va y perdre en passant à la concurrence et l’inquiétude est légitime. Les accords d’entreprises de SNCF voyageurs sur les conditions de travail, la rémunération, le temps de travail et d’autres, seront remis en cause aussi bien dans les nouvelles filiales de la SNCF que dans les entreprises ferroviaires privés. La base sera l’accord de branche qui ne présente presque aucun avantage ! Pour ce qui est des salariés qui refuseront de signer le nouveau contrat de travail une fois transférés, ils seront licenciés sans indemnités, ni droit au chômage ! La mise en concurrence des entreprises, c’est surtout la mise en concurrence des travailleurs par le bas ! Avec en prime la menace de la misère et la pauvreté !
À qui profite le démantèlement de la SNCF ?
Le découpage de la SNCF correspond à un but précis : la création de marchés. Les deux nouvelles entreprises privées dans le Fret ferroviaire vont servir à ce que l’état refile des parts à des boîtes privées, et donc des profits à des actionnaires. Certaines entreprises vont pouvoir réaliser du profit sur le besoin de transporter des marchandises, se déplacer pour le boulot ou le voyage en prenant au passage les subventions des régions qui ont et vont exploser pour les financer. Pour cela il leur faut désorganiser les grilles tarifaires et faire payer en fonction de la fréquentation et non en fonction de la distance, les liens entre les régions sont mis de côté, etc… . Ce qui compte à leurs yeux c’est « à un moment, quelqu’un fera du profit » et c’est tout ! Le reste c’est du blabla pour recouvrir leur réel but. Le billet de train sera-t-il moins cher avec l’ouverture à la concurrence ? À court terme, en saignant les travailleurs, et avec les ristournes alloués par SNCF réseaux sur les sillons peut-être, et ce n’est pas garanti, mais à long terme c’est juste impossible. Trentitalia qui fait déjà rouler des TGV entre Paris et l’Italie n’arrive pas à dégager de bénéfices en France malgré les soldes importantes pratiquées par SNCF réseaux sur le droit de faire circuler un train d’un point A à un point B (les sillons ; un peu comme on paye le péage sur les autoroutes). À terme, le PDG de Trentitalia dit lui même qu’ils pratiqueront les mêmes prix que la SNCF…
Entre le début du chantier de casse du fret ferroviaire au milieu des années 2000 et aujourd’hui, le fret (route, rails, fluvial) a augmenté mais le fret ferroviaire a diminué, aussi bien en volume qu’en pourcentage. Ce qui veut dire que cela a profité aux entreprises de transports routiers qui ont remporté la part du lion : des millions de bénéfices. Plutôt que d’avoir quelques centaines de trains qui desservent des territoires entiers, il y a des milliers de camions sur les routes pour du long courrier. Ce n’est pas dans nos intérêts que cette concurrence se met en place !
Luttons pour un service public du ferroviaire unique, accessible et de qualité !
On n’a rien à gagner à leurs privatisations, les services ne seront pas de meilleurs qualités, les problèmes de réseaux continueront car l’État se désengage de son entretien. La mise en concurrence créé une situation délirante, les entreprises privées vont se positionner sur des marchés les plus rentables pour faire circuler leurs trains, empocher l’argent de la région (nos impôts !). Cet argent on peut l’utiliser autrement : pour nos besoins !
Immédiatement, l’ouverture à la concurrence doit cesser comme l’exige les syndicats des travailleurs de la SNCF. Nous, on a besoin de train en nombre suffisant, qui couvre tout le pays et gratuit, ou très peu cher, pour pouvoir se déplacer facilement. Si on veut des trains à l’heure et sans problèmes techniques il faut des embauches en nombre de SNCF réseaux à la conduite des trains en passant par la maintenance des engins moteurs, à la hauteur des besoins mesurés par les travailleurs eux-mêmes. Ce qui est impossible dans un réseau ouvert aux marchés où tout devient facturé et payant. Il faut un véritable monopole de service public qui absorbe toutes les structures actuelles (SNCF et privées) sous le contrôle démocratique des travailleurs en lien avec la population.
Les syndicats des travailleurs de la SNCF espère un moratoire, mais l’objectif de Macron qui sert les capitalistes est pourtant clair, ce moratoire n’apportera rien. Ensemble, travailleur du rail, jeunes, salariés, retraités, battons-nous pour un véritable service public !