Feuille de route…une fin annoncée

Encore une fois, un prétendu plan de paix échoue entre Israël et les territoires palestiniens. Il faut dire que ce prétendu plan de paix sonnait déjà creux dès le départ, fin mai. L’administration Bush avait certes emmené le plus loin possible les deux dirigeants respectifs, Sharon et Abbas. Leurs pouvoirs étaient en fait très faibles et fragiles. En effet, la réélection de Sharon en Janvier 2003 s’est faite avec un taux d’abstention record pour un vote à la Knesset, seulement 67,8 % des israëliens avaient alors voté.

Article paru dans l’Egalité n°103

Sharon était donc encore moins bien positionné pour influencer les colons. Bien entendu, d’autre part, l’installation soutenue par l’administration Bush de Mahmoud Abbas comme premier ministre était tout aussi fragile. Il paraissait évident qu’il n’aurait ni les moyens physiques, ni même l’autorité politique pour stopper le Hamas, le jihad islamique ou les brigades Al Aqsa. D’emblée, la feuille de route a montré qu’elle ne donnerait même pas le répit que les accords d’Oslo, tout aussi mensongers, avaient laissé aux populations locales.

L’esbrouffe de l’administration Bush

Dans ce contexte, la feuille de route a été de la poudre aux yeux de la planète pour conforter l’hégémonie politique américaine juste après la « fin » officielle de la guerre en Irak. La guerre en Irak a permis à Sharon de mener quant à lui ce qu’il qualifie de « guerre d’intensité faible » alors que le monde regardait plus au sud, en Irak. Cette feuille de route n’a joué, après, qu’un rôle conjoncturel pour aussi prévenir toute réponse des populations arabes à la guerre en Irak, à l’occupation et à la politique israëlienne.

Aujourd’hui, l’administration Bush retire doucement ses cartes du jeu. S’appuyant sur les luttes intestines qui gangrènent l’ autorité palestinienne, elle attribue l’échec de la feuille de route à Arafat et dans une moindre mesure à la mauvaise volonté de Sharon. C’est bien entendu, erroné. La feuille de route a joué son rôle : temporiser la situation post-guerre en Irak pour un court laps de temps.

En finir avec ceux qui dirigent !

La démission de Abbas soulève de nombreux débats sur la crédibilité de l’Autorité palestinienne. La situation est ainsi : les dirigeants corrompus et enrichis lors des débuts de l’autorité palestinienne cherchent à sauver leurs meubles. Ces luttes internes ne concernent pas l’avenir des palestiniens mais l’avenir personnel des dirigeants. Arafat représente aujourd’hui ses intérêts particuliers et aucunement ceux du peuple palestinien. Cette situation est dramatique pour les palestiniens qui se retrouvent coincés dans une guerre permanente, un chômage gigantesque et un gouvernement corrompu dans lequel ils ne croient plus.

Les populations de la région sont plongées en plein marasme. La crédibilité de Sharon ou d’Arafat est au plus bas. Plus personne n’entrevoit une issue positive et encore moins une réelle paix. Sharon promet de jeter les terroristes à la mer et les attentats redoublent contre la population civile en Israël. Dans le même temps, dès janvier 2003, seulement 29%des gens pensaient que Sharon en finirait avec la guerre. Sharon a assis son pouvoir sur la peur. Cependant, déjà, une partie de la population comprend que derrière cette politique guerrière, une politique ultra-libérale se cache. En mai dernier, Israël a connu plusieurs journées de grève générale contre les réformes anti-sociales (retraites).

C’est de ce mouvement social de salariés qui relèvent la tête que peut sortir un début de solution en Israël. C’est aussi le mouvement pour la Paix qui réussit à manifester à nouveau depuis la guerre en Irak. Certes, la route est longue avant qu’ Israëliens et Palestiniens se débarrassent de leurs dirigeants en s’en prenant à leurs véritables ennemis : l’impérialisme et le capitalisme qui ont engendré guerres et misère dans la région, mais c’est la seule viable.

Par Leïla Messaoudi