Début 2012, le déclassement par la mairie de Mont Saint Aignan de la ferme des Bouillons de Zone agricole en Zone à Urbaniser faisait saliver le groupe Auchan qui se portait acquéreur du site pour y implanter un hypermarché. Mais une poignée d’occupants avaient décidé de ne pas laisser faire et ont occupé et remis en activité la ferme mettant en place : culture bio, potager pédagogique et bien d’autres activités…
Les occupants ont remporté une grande victoire contre le groupe Immochan, la filiale immobilière du groupe Auchan. Le reclassement de la ferme des Bouillons en Zone Naturelle Protégée en juillet 2014 par la mairie sonnait la fin du permis de démolir d’Immochan. Mais celle ci restait propriétaire des terrains et ce n’est pas le moindre obstacle. La ferme semblait sauvée et sa vocation agricole collective et ouverte à tous légitimée. Les occupants ont alors discuté d’un projet de rachat collectif du site avec le soutien de Terre de Liens. Ils ont aussi rédigé un projet global pour la ferme et les 4 hectares de terrains, projet rendu public au printemps 2015 : agriculture biologique, sensibilisation au jardinage biologique, magasin de producteurs locaux et bio…
Mais ils ont appris le 24 juillet qu’Immochan avait signé un compromis de vente avec une Société civile immobilière, privée donc, qui reprend en copier-coller le projet des militants de la ferme. Ils ont les faveurs d’Auchan qui ne veut surtout pas vendre à l’association des Bouillons. Dans la presse les dirigeants de la SCI se veulent rassurants : oui, ils veulent vraiment mettre en place ce projet et non ils ne revendront pas dans un an. Faut dire que le marché du bio et des circuits courts est devenu un business rentable ! La majorité des label bio est désormais entre les mains de grands groupes capitalistes qui entendent ainsi privatiser les produits bio en contrôlant notamment les semences. Derrière l’opposition entre le collectif de la ferme des bouillons et le projet défendu par une obscure société civile immobilière, c’est en fait le combat entre une agriculture associative et ouverte à tout le monde et une agriculture visant la rentabilité maximum, ce qui à terme se fera évidemment de manière de moins en moins bio. On se doute que les porteurs du projets de la SCI n’ont pas l’intention de mettre longtemps les mains dans la terre, espérant rapidement pouvoir faire faire cela à des salariés qu’ils exploiteront. Et si ça ne marche pas, la formule d’une SCI permet de vendre une partie du terrain pour y faire autre chose que de l’agriculture écologique.
La lutte continue
La mobilisation des Bouillons est immédiate : demande avec la Confédération paysanne et Terre de Liens que la SAFER (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) use de son droit de préemption afin d’étudier en transparence tous les projets. Celle ci refuse puis, devant la forte mobilisation des militants se tourne vers le préfet qui en définitive doit ou non donner son aval. Tout se décide en août. Qui sera propriétaire une société privée qui ne cherche qu’un nouveau créneau pour faire du profit ou un collectif « citoyen » ? résume l’association. Elle continue donc la mobilisation:vendredi 31 juillet un pique nique festif avec musique était organisé pour soutenir la délégation reçue à la préfecture. Et la vigilance est de mise tout l’été.