Belgique : Guerre et terrorisme: ne laissons pas notre sécurité aux mains du gouvernement et des patrons!

epa05037202 Police officer and soldiers on security duty inside Galerie de la Reine following the terror alert level being elevated to 4/4, in Brussels, Belgium, 22 November 2015. Belgium raised the alert status to maximum because of a 'serious and imminent' threat of an attack. The Metro line remains closed and all Belgian league one and two soccer matches have been cancelled. The Belgian government said it had concrete evidence of a planned terrorist attack that would have employed weapons and explosives. EPA/STEPHANIE LECOCQ

Déclaration d’Eric Byl du  Parti socialiste de lutte ( section soeur de la Gauche Révolutionnaire en Belgique) sur la situation politique et l’état d’urgenceGuerre et terrorisme: ne laissons pas notre sécurité aux mains du gouvernement et des patrons!

Pour des assemblées générales sur tous les lieux de travail !

Il n’a pas échappé au gouvernement que le président français François Hollande a, après les terribles attentats de Paris, refilé la patate chaude à la Belgique. Notre pays est qualifié de maillon faible dans la lutte anti-terroriste et on en voit les conséquences. Partout sur le territoire, la menace terroriste est ‘‘sérieuse, possible et probable’’, ce qu’implique un état d’alerte de niveau 3. A Bruxelles, la menace est ‘‘sérieuse et imminente’’, ce que signifie un niveau 4. La sécurité mérite d’être notre priorité. Nous ne pouvons pas accepter que nos vies soient déterminées par des fondamentalistes religieux déchaînés ou par d’autres extrémistes conservateurs. Mais est-ce vraiment ce qu’a en tête le gouvernement?

A Bruxelles, le métro a été fermé plusieurs jours durant. Les stations de métro ont été fermées. Les écoles et les universités ont été fermées. Tous les magasins de la rue Neuve ont été fermés. Des agents de police et des soldats lourdement armés sont descendus dans les rues et des véhicules blindés ont été positionnés à des postes-clés. Il n’aurait pas fallu que le suspect Abdeslam arrive avec une ceinture explosive à l’un de ces endroits bondés. Mais pourquoi l’axe nord-sud du réseau ferroviaire n’a-t-il pas été fermé comme la CGSP-cheminots l’avait demandé, avec la gare centrale ? Pourquoi ne pas avoir  abordé la question de la libération du personnel qui n’était pas absolument nécessaire ? Pourquoi les conducteurs de tram et de bus ont-ils dû courir des risques? Des conducteurs de la société de transports en commun flamande De Lijn de Ninove et Dilbeek ont refusé de monter jusqu’à la capitale, ce qui est bien compréhensible.

Serait-ce que le gouvernement avait moins à cœur d’assurer notre sécurité que de travailler son image? A Paris, les métros ont roulé. Aucun journaliste (et ils sont nombreux à Bruxelles) ne se souvient de telles mesures alors que, contrairement à de nombreuses villes à travers le monde, notre capitale – y compris la commune pauvre de Molenbeek, rebaptisée la ‘‘plaque tournante du terrorisme islamique’’ – n’a pas été la scène d’une attaque terroriste ces vingt dernières années, jusqu’à l’attentat contre le Musée juif en mai 2014. Serait-ce que certaines personnes profitent de cette occasion pour tester à quel point l’armée et la police peuvent marginaliser les institutions démocratiques en cas de besoin?

Si l’on considère la façon dont ce gouvernement s’est occupé de nos salaires, de nos conquêtes sociales et de notre sécurité d’emploi, lui confier notre sécurité et celle de nos parents, enfants et petits-enfants ne peut que nous inspirer de la crainte. Si cela dépend des gouvernements – du fédéral au régional – la menace terroriste sera surtout l’occasion de démolir nos droits démocratiques. Le ministre wallon de la mobilité Carlo Di Antonio (CDH) estimait la grève dans le Hainaut du 23 novembre ‘‘inappropriée’’ en ces temps menace terroriste et a déclaré qu’il réfléchira ‘‘à deux fois lorsqu’il s’agira de revoir la dotation aux TEC’’. Pour la N-VA, c’est la faute des ‘‘islamo-socialistes’’. Le député wallon Philippe Knaepen (MR) veut interdire le ‘‘voile islamique’’ en rue. Si le gouvernement et les politiciens établis appellent à ‘‘l’unité nationale’’, c’est pour couvrir leurs propres échecs d’un écran de fumée de racisme, de stigmatisation des quartiers défavorisés et de préjugés contre les réfugiés, dans l’espoir de diviser et affaiblir les travailleurs et leurs familles.

Si le mouvement des travailleurs reste sans réponse, nous serons pris dans un tsunami d’idées et d’actes réactionnaires. Au travail, pas mal de collègues sont inquiets. Alors qu’ils bossent et que leurs enfants sont à l’école, un terroriste équipé de bombes ère dans les rues avec l’idée de commettre une attaque meurtrière quelque part. Dans ces circonstances, nous ne pouvons pas laisser le champ libre au gouvernement de droite et aux politiciens. Nous comprenons que les régionales et centrales syndicales ainsi que le bureau fédéral aient temporairement renoncé aux activités publiques massives. Cela ne doit pas être synonyme d’inaction mais du déplacement de l’accent de notre action vers les entreprises. La sécurité dans et autour du lieu de travail est de notre ressors, nous la laisserions désormais aux mains de nos patrons et de leurs laquais politiques?

Les délégations combatives ne doivent pas rester inactives, mais doivent utiliser ce contexte politique pour exiger la tenue de réunions du personnel. Les collègues doivent être en mesure d’exprimer leurs inquiétudes afin que les syndicats puissent élaborer des propositions afin d’assurer la sécurité de tout le monde, si nécessaire par la fermeture temporaire du lieu de travail, mais sans tomber dans les préjugés racistes ou la surenchère de déclarations à l’emporte-pièce. Tout comme nous luttons contre le racisme et les idées réactionnaires sur les lieux de travail par le biais de notre action collective, nous devons défendre les quartiers pauvres de l’influence des fondamentalistes religieux par l’action collective. C’est une tâche pour ceux qui vivent dans ces quartiers, mais qui ne peut être gagnée que si tout le mouvement des travailleurs se met en branle.