Déclaration de principe du PS d’avril 2008 : un pas de plus dans le camp des capitalistes

Le PS a rendu publique sa nouvelle déclaration de principes. Il s’agit des grandes idées qui guident le programme du PS. Elles ont toujours été publiées après des changements politiques majeurs (1905, 1946, 1969 et 1990).

Les transformations du XXème siècle

A sa fondation en 1905, le PS est le parti ouvrier rassemblant les courants socialistes. « Un parti de classe qui a pour but de socialiser les moyens de production et d’échange, c’est-à-dire de transformer la société capitaliste en une société collectiviste ou communiste, et pour moyen l’organisation économique et politique du prolétariat. » En 1914, l’ancêtre du PS cherche à concilier le socialisme et le capitalisme et soutient la guerre. En 1919, le PCF est créé contre cette évolution du parti ouvrier socialiste. Mais c’est en 1946 que les moyens d’arriver au socialisme changent dans les textes du PS. « Le but est de réaliser la substitution au régime de la propriété capitaliste d’un régime où les richesses naturelles comme les moyens de production et d’échange deviendront la propriété de la collectivité et où, par conséquent, les classes seront abolies ». On sous-entend qu’une société sans classe sociale, c’est à dire communiste, serait possible, par des réformes, par « substitution » sans révolution et sans état socialiste. Après 1968, Mitterand veut regrouper la gauche non communiste face au PCF, alors premier parti ouvrier de France. « (…) Parce qu’ils sont des démocrates conséquents, les socialistes estiment qu’il ne peut exister de démocratie réelle dans la société capitaliste. C’est en ce sens que le Parti socialiste est révolutionnaire. » Le mot révolutionnaire est lié à celui de démocrates contre la bureaucratie stalinienne.

Années 80-90 : la transformation en parti bourgeois

A partir de 1981, le Parti socialiste gouverne. Il devient le premier parti électoral de gauche, devant le PCF. Très vite, il impose l’austérité aux travailleurs et gère les affaires pour les capitalistes. Cette politique s’accélère et devient une véritable transformation idéologique. Avec la chute de l’URSS, c’est d’autant plus facile que le capitalisme semble être devenu le seul système possible. Ainsi en 1990, le PS dit être « favorable à une société d’économie mixte » reconnaissant « les règles du marché ». Le dernier gouvernement PS, celui de Jospin de 1997 à 2002, confirme cette orientation (privatisations, casse des services publics,…).

Aujourd’hui, face à l’élection de Sarkozy et aux attaques tout azimut des capitalistes, le PS ne va pas à gauche. Il marque encore son évolution à droite comme les autres partis socialistes ou travaillistes d’Europe. La déclaration de 2008 vient d’ailleurs valider cette évolution, plus lente en France, mais très visible lors de la campagne de Ségolène Royal.

2008 : le PS veut achever sa mutation en parti bourgeois

La déclaration de 2008 abandonne toute idée d’indépendance face au capitalisme et à ses institutions. En premier au niveau économique, le PS se déclare « partisan d’une économie sociale et écologique de marché, une économie de marché régulée par la puissance publique, ainsi que par les partenaires sociaux. (…) une économie mixte, combinant un secteur privé dynamique, des services publics de qualité, un tiers secteur d’économie sociale. »(Art.6).

Deuxièmement, en terme de type de parti à construire, le PS, se dit toujours « réformiste » et en change le sens. Il veut « changer la vie avec la société et par la société, par la loi et le contrat. Il ne considère jamais les rapports de forces d’un moment comme figés ou indépassables ».(Art.13) Le réformisme est alors le moyen de mieux gérer la société capitaliste.

De la même manière, il reprend à son compte les institutions des capitalistes, sans même une critique. « Il défend le rôle de l’ONU et des institutions internationales et (…) revendique le choix historique de l’Union européenne ».(Art.17et 18) Strauss-Kahn, dirigeant du PS, à la tête aujourd’hui du Fonds monétaire international (FMI), n’est pas une exception au sein du PS. L’orientation générale proposée par la direction du PS est d’achever sa transformation en parti bourgeois. Ils veulent en finir avec l’histoire des luttes politiques des travailleurs depuis plus d’un siècle pour leur indépendance politique face aux capitalistes, à leurs partis et aux médias. En elles-mêmes, ces déclarations ne sont pas décisives pour les travailleurs. Mais, elles ont servi au fil du siècle à confirmer et accentuer la transformation du parti ouvrier socialiste en parti réformiste puis en parti bourgeois. A nous de redonner son sens à la perspective socialiste d’une société démocratique, basée sur les besoins de tous et toutes !

Par Leila, article paru dans l’Egalité n°131

Strauss-Kahn, un des principaux dirigeants du PS et désormais à la tête du très capitaliste Fond Monétaire International (FMI), l’agence qui sert aux pays riches à obliger les pays pauvres à s’endetter. Les avantages en nature sont nombreux et le salaire s’élève à 325 000 euros par an ! Et en plus s’il occupe cette fonction, c’est sur proposition de Sarkozy, tout un résumé… (photo Reuters)