Crise financière, récession aux Etats-Unis, hausse des prix, émeutes de la faim…

Les travailleurs à travers le monde paient la crise du capitalisme. La crise des subprimes (crédits hypothécaires à risque) qui a commencé aux Etats-Unis en été 2007 prend de plus en plus d’ampleur. Elle a secoué l’ensemble du système financier mondial et entraîne une récession aux Etats-Unis avec des conséquences importantes pour toute l’économie mondiale.

L’effet de cette crise est également une des causes de la « crise alimentaire » actuelle qui provoque
des émeutes de la faim dans une quarantaine de pays néo-coloniaux. Quelles sont les causes de cette crise en particulier et des crises du capitalisme en général ?

Karl Marx écrivait en 1865 : « La vraie limite de la production capitaliste est le capital même »
Autrement dit : une crise économique se produit quand les capitalistes ne font plus suffisamment de
profits. Ou plus précisément : quand les capitalistes font moins de profits avec plus de capital investi ce qui fait baisser la masse de profits. La concurrence entre les capitalistes fait qu’ils sont obligés d’investir de plus en plus dans de nouvelles machines afin de moderniser la production pour pouvoir produire plus et vendre ensuite plus de marchandises que leurs concurrents, toujours avec un seul objectif : réaliser un maximum de profits. Le système capitaliste est basé sur l’exploitation et la logique de profit et non pas sur la satisfaction des besoins de tous.

La crise de surproduction

Ce qui est paradoxal et en même temps pervers dans le capitalisme, c’est que les crises se produisent à cause d’une surproduction des biens et des marchandises et non pas à cause d’un manque. La course aux profits des capitalistes les force à élargir sans cesse la production et à créer ainsi des surcapacités énormes. Dans le secteur de l’automobile, 20 millions de voitures de plus pourraient être produites par an (actuellement 50 millions de voitures produites par an). Avec les moyens de production existants dans l’industrie agroalimentaire, il serait possible de nourrir deux fois la population mondiale. Mais le fait que des millions de personnes crèvent de faim n’intéresse pas les gros actionnaires : quand les capitalistes ne peuvent plus écouler suffisamment de marchandises, les investissements baissent, des capacités de production sont détruites (licenciements de masse, fermetures de site) et une partie des capitaux se tournent vers d’autres secteurs plus profitables (spéculation…).

La baisse du taux de profit

Un deuxième aspect de la concurrence est la baisse du taux de profit. Les capitalistes sont donc obligés d’investir toujours plus de capital dans les machines, les technologies… (ce que Marx appelle le capital fixe) afin de rester concurrentiels. Cette part augmente comparativement au capital investi pour les salaires (ce que Marx appelle le capital variable). Comme seule la force de travail humaine est exploitable et crée des richesses dans la production même (ce que Marx appelle la plus-value), le taux de profit a tendance à baisser. Les capitalistes cherchent à compenser cette baisse par un renforcement de l’exploitation des travailleurs (baisse des salaires, augmentation du temps de travail, augmentation des cadences…). Les profits records des entreprises du CAC 40 en 2006 et 2007 (à chaque fois autour de 100 milliards d’euros) s’expliquent tout d’abord par cette sur-exploitation des travailleurs. Mais l’exploitation – même très accentuée – connaît aussi des limites et le capital initialement investi dans le processus de production ne se reproduit pas de manière suffisante à un moment donné. Ces dernières années, les capitalistes ont pu s’accaparer des entreprises privatisées comme nouvelle source de profit. Mais une
fois tout privatisé, le même problème de la baisse des profits pour les capitalistes se pose. C’est pourquoi
des capitaux énormes se détournent de l’économie « réelle », de la production vers la sphère
financière et notamment vers la spéculation.

La spéculation symptôme d’une crise profonde

Depuis la dernière crise économique en 2001/2002, la spéculation (sur la monnaie, le développement des cours d’actions, l’immobilier,…) a pris énormément d’ampleur et la crise des subprimes en est une conséquence directe. Les affaires dans l’immobilier avec ces crédits hypothécaires à risque ont été un moyen de faire des profits énormes à très court terme, mais aujourd’hui l’écroulement du secteur immobilier aux Etats-Unis (les prix ont perdu entre 20 à 30 % récemment) déclenche une crise financière mondiale, notamment une crise du crédit et commence à toucher l’économie « réelle ». La fuite en avant des capitaux dans la spéculation a temporairement permis des profits gigantesques, mais a en même temps aggravé la crise structurelle de l’économie capitaliste.

Tout le système bancaire est au bord de l’explosion et a dû être sauvé à plusieurs reprises par les interventions des banques centrales par des injections massives de liquidités pour débloquer la crise de crédits et par les quasi-nationalisations des banques Northern Rock en Grande-Bretagne et Bear Stearns aux Etats-Unis. Le premier bilan est néanmoins désastreux : selon l’économiste américain réputé Nouriel Roubin les pertes de cette crise vont s’élever de 1000 à 3000 milliards de dollars et jusqu’à 10 millions de familles aux Etats-Unis vont rendre les clés de leurs maisons à la banque et être obligées de vivre dans la rue. Vu que le secteur immobilier s’écroule, de nombreux capitalistes ont tourné leur activité vers la spéculation sur les aliments de base et sur les matières premières avec l’idée que les gens sont obligés de manger et que la spéculation dans ce domaine sera une source de profits plus stable, entraînant une grave crise alimentaire. La Banque Mondiale estime que cette crise va pousser 100 millions de personnes de plus dans la pauvreté extrême (voir article page 10).

Crise économique et luttes des travailleurs

Aujourd’hui, les luttes massives des travailleurs et des pauvres en Afrique et en Asie contre la hausse des prix et contre la famine sont un avant-goût des luttes à venir car la récession, déjà commencée aux Etats-Unis, va s’étendre à l’échelle mondiale et va encore aggraver la situation économique et sociale des pays néo-coloniaux, mais aussi des pays capitalistes développés. La perspective d’une récession mondiale qui n’éclate pas avec un gros krach boursier comme en 1929, mais qui s’installe plus lentement avec une stagnation, donc croissance zéro, pendant plusieurs années aux Etats-Unis, puis dans la Zone Euro et ailleurs est probable. Ceci laisse plus de marges, plus de « souffle » aux les travailleurs à travers le monde
pour se préparer pour les luttes massives à venir. C’est dans ces luttes que des millions de travailleurs
vont prendre conscience qu’il faut mettre fin à la domination des capitalistes, au capitalisme même.

Morales, président bolivien, a récemment déclaré lors d’une conférence des Nations-Unies à New York qu’ « il faut en finir avec le capitalisme pour sauver la planète. » Il a entièrement raison, mais la question qui se pose est de savoir comment nous pouvons renverser le capitalisme. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, internationale dont la Gauche révolutionnaire est la section française) milite pour la construction de partis révolutionnaires de masse dans chaque pays pour que les travailleurs, les exploités et les pauvres puissent se débarrasser de la famine, de l’exploitation et de la misère en renversant le capitalisme à l’échelle mondiale et en construisant une société qui fonctionne uniquement pour la satisfaction des besoins de tous : le socialisme.

Article paru dans l’Egalité n°131, par Olaf Van Aken