Chine-US : une nouvelle guerre froide ?

Depuis le début du siècle, la concurrence n’a fait que se renforcer entre les deux super-puissances mondiales. D’un coté les États-Unis, 1ère puissance économique, politique, culturelle et militaire, et de l’autre la Chine, officiellement 1ère puissance commerciale depuis 2013. Ces deux États ont commencé à s’affronter dans une guerre commerciale déjà depuis plusieurs années mais qui, après une trêve au début de l’année, est repartie de plus belle, par exemple les cas du smartphone chinois Huawei ; depuis des mois les US mettent des restrictions en voulant interdire sa vente sur le sol américain. De son côté, la Chine promet des représailles si les États-Unis ne lèvent pas ces restrictions ; le 16 mai le ministre des affaires étrangères chinoises a communiqué à la presse que « le gouvernement défendra fermement les droits légitimes des entreprises chinoises » et a menacé de mettre plusieurs entreprises américaines sur liste noire comme Apple…

La crise du Covid-19

De nouvelles tensions sont aussi venues avec la crise du COVID-19 tant les deux économies ont été durement impactées. Donald Trump, qui nomme le coronavirus « le virus chinois », tient un discours raciste anti-chinois pour se disculper et accuser uniquement la Chine du lourd bilan des 400 000 morts dans le monde. Il veut utiliser cela pour essayer de garder une popularité à l’approche des élections de novembre. Trump envisagerait donc des taxes douanières punitives envers la Chine.

Les deux pays se mènent une « course » pour trouver en premier le vaccin contre le coronavirus. C’est donc là toute la bêtise du système capitaliste, au lieu de travailler ensemble et lancer un appel à recherche public pour trouver le vaccin ils préfèrent travailler chacun de leur côté pour après pouvoir avoir le privilège de vanter leur pays et enrichir leurs propres multinationales quand ils auront trouvé le vaccin. Ils s’accusent même entre eux que le pays « rival » volerait des informations sur la recherche du remède. En attendant, le monde continue de compter ses morts tandis que les plus grandes puissances mondiales se font la course au vaccin, UE comprise.

Les deux pays tentent également de jouer l’un contre l’autre via leurs alliés régionaux. Ainsi, depuis le début de la crise, Trump vante la gestion de la crise à Taïwan ce qui a le don d’agacer Xi Jinping, car Taïwan a toujours été utilisée comme relais de l’impérialisme US dans la région.

L’origine de ces tensions

Depuis le début du siècle, avec une part dans l’économie mondiale qui a bondi de 3% en 2000 à 17,3% du PIB mondial en 2020, la Chine est devenue la plus grande rivale des US. De nombreux éléments rappellent la guerre froide US-URSS, bloc contre bloc. Aujourd’hui, il en existe des éléments même si elle n’a pas le même caractère, car on a un bloc capitaliste qui lutte pour garder sa première place, face à une forme très particulière de capitalisme d’État et d’impérialisme, lesquels s’affrontent pour gagner les marchés, parts de commerce, influence et prestige – y compris sur le terrain militaire avec une augmentation des exercices et de la production d’armement. Encore un exemple : la bataille pour la conquête spatiale. Depuis peu de temps, la Chine prend une vraie place dans l’espace par exemple avec la construction de la future station spatiale modulable chinoise Tiangong avec pour objectif une mission habitée sur la Lune aux alentours de 2030. Trump, pour parer cela, a d’ailleurs décidé de créer l’année dernière une force spatiale : Spacecom, qui a pour objectif de maintenir la domination des USA dans l’espace

Les tensions et les rivalités entre ces différents impérialistes n’ont pas fini de croître. La seule chose dont nous pouvons être sûrs, c’est que ce seront les travailleurs qui en paieront les frais. Mais comme ont commencé à le montrer les manifestations à Hong-Kong, l’augmentation des grèves en Chine continentale ou encore le mouvement aux US contre Trump et le racisme, les travailleurs et les jeunes ne vont pas rester sans rien dire. Cette nouvelle situation montre déjà la nécessité de s’organiser et de se soulever pour renverser le système capitaliste et sa dictature du profit, et le remplacer par une société réellement socialiste et démocratique.

Théo Bellanger

Article publié dans l’Egalité n°200