Algérie : les travailleurs de Numilog, filiale de Cevital, en grève

Le 6 juillet 2020, une grève de tous les travailleurs de Numilog (entreprise de logistique), une filiale du groupe Cevital – détenu par Issad Rebrab (6ème fortune africaine) – a débuté. En effet 3 travailleurs syndicalistes ont été licenciés de manière complètement injuste et abusive pour avoir créé un syndicat de lutte dans cette entreprise.

Un piquet de grève se tient tous les jours sur le site de Bejaïa jusqu’à 16h30 depuis plus de 15 jours pour dénoncer le licenciement arbitraire de leur collègues/camarades. Mais les grévistes dénoncent aussi les pratiques révoltantes de la direction à l’encontre des travailleurs : intimidations, humiliations, marginalisation, pression psychologique, conditions de travail exécrables… qui se sont aggravées depuis la crise du coronavirus (travail sans arrêt, pas de mesures de sécurité, pas de gestes barrière, ni masque ni gel, pas même de l’eau pour se laver). D’après un gréviste, les travailleurs sont même obligés d’acheter avec leur propre argent de l’eau minérale pour se laver.

Concernant les conditions de travail, un gréviste nous disait : « Les chauffeurs ont signé des contrat de 8h/ jour, il se retrouvent à bosser jusqu’à 19h/ jour, la direction leur impose de partir de Bejaïa à 4h du matin pour arriver à 7h à la frontière tunisienne, et même la mobilisation (la mobilisation c’est le temps d’attente pour décharger la marchandise, qui peut parfois prendre plus d’une journée) n’est pas prise en charge par l’employeur mais par le travailleur lui-même. Ils n’ont même pas le temps de se doucher ou de dormir, car ils sont scrutés par le GPS…

Sur le contrat de travail tu ne dois pas dépasser les 173h par mois et ces travailleurs bossent plus de 196h/ mois donc physiquement et psychiquement on est directement démoralisés et fatigués.

Alors que le SMIG en Algérie est de 18 000 dinars, chez nous (Numilog) il est calculé à 10 000 dinars, car chaque mois le net diminue. » 10 000 dinars, soit 50 euros ! On ne peut pas vivre décemment avec si peu de revenus.

Il est donc clair et complètement justifié que les travailleurs se mettent en grève illimitée pour dénoncer ces pratiques odieuses et honteuses, digne d’un patron capitaliste tel que Rebrab. « Rebrab est devenu oligarque grâce à la sueur du pauvre travailleur lambda » disait notre contact.

Les grévistes ont organisé une collecte de fonds et une cotisation entre tous ceux qui n’ont pas été licenciés pour permettre aux grévistes injustement licenciés d’avoir un revenu et de quoi nourrir leur famille.

Nous saluons le courage, la détermination et la solidarité indéniable de ces travailleurs ! Les militants de la Gauche Révolutionnaire et du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) soutenons pleinement les travailleurs grévistes de Numilog, et revendiquons :

  • La réhabilitation immédiate des trois syndicalistes licenciés et l’abandon de toute sanction contre eux ;
  • Le respect du droit de se syndiquer et de créer des syndicats de lutte sur son lieu de travail
  • L’organisation par les militants combatifs (à la base de l’UGTA et des autres syndicats) de campagnes contre la répression qui frappe les travailleurs et les militant-es ;
  • Pour l’organisation de campagnes de lutte pour l’amélioration des conditions de travail et l’augmentation des salaires, dans le privé comme dans l’étatique.

Assez de ces patrons capitalistes qui surexploitent et méprisent les travailleurs !

Mina Boukhaoua